La chance qu'attendait Aiemann Zahabi
AMM jeudi, 29 nov. 2012. 01:22 vendredi, 13 déc. 2024. 11:51
MONTRÉAL - Au premier coup d'œil, ses traits vous sembleront peut-être familiers. Puis vous entendrez son nom et tout deviendra clair. Bien sûr qu'il est le jeune frère de Firas Zahabi, guru du Tristar Gym et entraîneur derrière les succès de Georges St-Pierre.
Vous ferez ensuite la somme des histoires racontées par ceux qui ont suivi de près sa carrière amateur ou qui l'ont vu dominer des coéquipiers célèbres et beaucoup plus expérimentés à l'entraînement et vous commencerez à croire, vous aussi, qu'il sera le prochain grand champion à sortir du Québec.
Mais pour l'instant, Aiemann Zahabi n'accorde d'importance à rien de tout ça. Il ne s'inquiète pas de toute l'attention dirigée vers lui parce qu'il est le « frère de l'autre » et veut encore moins entendre dire qu'il est le prochain GSP. Les deux pieds sur terre, il se concentre simplement sur son prochain combat, le premier d'une prometteuse carrière professionnelle.
À 25 ans, Zahabi fera ses débuts vendredi à St-Hilaire lors de l'événement SLAMM 1, le premier gala d'arts martiaux mixtes pris en charge par la grosse machine d'InterBox. Son nom se retrouve au milieu d'une carte de neuf combats à laquelle participeront sept autres athlètes à la fiche vierge et qui mettra en vedette les vétérans de Ringside MMA Alex Garcia et Olivier Aubin-Mercier.
« Ça me démangeait! », dit-il, incapable de retenir un sourire à l'idée de finalement faire le saut chez les pros.
Le jeune Zahabi n'est certainement pas parfait, mais on ne pourra jamais lui reprocher d'avoir sauté des étapes. Dix années se sont écoulées depuis la première fois où il a franchi la porte du gym de la rue Ferrier. Il a brûlé le circuit amateur, tenté sa chance en muay thaï et pris part à des tournois de lutte et de jiu-jitsu.
Il a été un partenaire d'entraînement de quelques-uns des meilleurs poids plumes et poids coqs au monde, un participant privilégié à la préparation des Kenny Florian, Miguel Torres, Yves Jabouin et Ivan Menjivar. En donnant un coup de main à son frère, pris de court par la croissance rapide de la popularité du Tristar, il est aussi devenu un jeune entraîneur respecté et un homme de coin apprécié.
Concentré sur ses responsabilités, Aeimann Zahabi a patiemment attendu sa chance pendant que des confrères plus jeunes et moins bien outillés effectuaient leurs premiers pas dans la cage. « Mon frère voulait que je prenne un peu plus d'expérience et j'étais d'accord avec sa logique. Je me disais que mon tour viendrait, convaincu que les années de travail supplémentaires allaient rapporter à long terme. »
Devant la diminution des opportunités sur la scène amateur, Firas a récemment fait la grande demande à son petit frère. Était-il prêt à finalement aller tester ses connaissances et ses habiletés athlétiques sur la scène professionnelle, à tenter de survivre dans la chaîne alimentaire d'un sport qui ne fait de cadeau à personne, à prendre le premier pas vers le but qu'il s'était discrètement fixé il y a plusieurs années?
« Je pense avoir réussi à lui démontrer que je voulais vraiment faire carrière dans ce sport. Par mon travail et mon dévouement, j'ai gagné sa confiance et le fait qu'il ait confiance en moi m'en donne beaucoup. Maintenant, c'est à moi de jouer. »
Une dépendance aux sports de combat
Si vous entrez au Tristar Gym, peu importe le jour de la semaine ou le moment de la journée, il est fort probable qu'Aiemann Zahabi se retrouve éventuellement dans votre champ de vision. Pourtant, c'est à reculons qu'il y a mis les pieds pour la première fois à l'âge de 15 ans, traîné de force par un grand frère déterminé à lui inculquer la discipline et la confiance en soi par l'entremise des arts martiaux.
« Chaque fois que c'était le temps d'aller s'entraîner, je voulais rester jouer dehors avec mes amis. Mais Firas m'obligeait à le suivre, raconte Aiemann en souriant. Des fois il me donnait cinq dollars, m'achetait de la crème glacée ou me payait du McDo, mais il trouvait toujours un moyen de m'amener avec lui. »
« Dans notre culture, quand le grand frère dit de faire quelque chose, tu le fais. Il n'était pas question de négocier », explique Firas, le troisième des quatre garçons d'un immigrant libanais. « Je vois trop de jeunes flâner et gaspiller leur talent. Je ne voulais pas qu'il perde son temps dans les salles de billard après l'école, qu'il se laisse influencer par les mauvaises personnes. Ça ne veut pas dire qu'il n'aurait pas trouvé son chemin, mais c'était ma responsabilité de l'aider le plus possible. Parfois, quand tu es jeune, tu n'as pas la sagesse de savoir ce qui est bon pour toi. »
Au gymnase, le jeune Zahabi était, à cinq pieds et 140 livres, un enfant parmi des hommes. Seul dans son coin, convaincu d'être un boulet pour les plus vieux, il restait en retrait en attendant que son frère vienne le diriger en privé.
Avant longtemps, les complexes sont disparus et le talent est remonté à la surface. Les incitatifs superficiels n'étaient plus nécessaires; sans rechigner, l'adolescent prenait place du côté passager de la voiture de son chauffeur pour son entraînement quotidien. Le combat coulait maintenant dans ses veines.
« Quand j'ai eu mon permis de conduire, Firas m'a dit "Maintenant, si tu veux venir au gym, viens par toi-même" et j'ai continué d'y aller à tous les jours. »
À 19 ans, Aiemann Zahabi partageait le tapis avec des combattants du UFC qui venaient passer leur camp d'entraînement à Montréal. « Je n'étais pas au même niveau qu'eux, mais on avait de bons échanges et je pouvais finalement dire qu'ils apprenaient eux aussi de ce que j'avais à offrir. »
Rapidement, Zahabi est devenu le coéquipier idéal. Si un gars cherchait un cobaye pour peaufiner son plan de match, il se portait volontaire. Besoin de quelque chose à la pharmacie? Il était le premier à y courir. Le petit maigre assis dans la première rangée le soir du combat? C'était lui.
« Je suis chanceux, parce que tous ces gars-là ont aussi pris le temps de s'occuper de moi. J'ai gagné leur respect en travaillant fort et aujourd'hui ils sont comme des grands frères pour moi. »
Éviter les distractions
Quand on peut vous confondre avec un vétéran du UFC à l'entraînement, personne ne s'attend à ce qu'un Ontarien qui montre une fiche de 0-5 - en l'occurrence Kyle Vivian - ne vous offre une opposition sérieuse. Et donc Aiemann Zahabi risque d'être lui-même son plus féroce adversaire pour son baptême vendredi soir.
« Mon frère m'a dit de ne pas écouter tout ce que les gens disent, même si ce sont des bonnes choses, et c'est ce que je fais. Je dois croire en moi-même et éviter les distractions, croire en ce que j'ai appris sans tomber dans l'excès de confiance. Ce sont les meilleurs conseils que j'ai reçus. »
« Que tu gagnes ou que tu perdes, les gens vont toujours parler, tu ne peux pas te casser la tête avec ça, précise Firas. Personnellement, je ne veux pas avoir trop d'attentes envers lui. S'il fait bien, c'est tant mieux. Si ça ne va pas bien, il fera autre chose et c'est tout. La vie, ce n'est pas comme dans les films et ce métier n'est pas fait pour tout le monde. On va le voir avec Aiemann, mais ça va prendre du temps. »
« Yves Jabouin me donne une volée chaque fois que je m'entraîne avec lui, rappelle la recrue. Je sais que plusieurs personnes croient que j'ai déjà dépassé des gars comme lui, mais je ne crois pas que ce soit vrai. J'ai beaucoup de choses à apprendre, de l'expérience à acquérir. Mais si je fais ça, c'est parce que je pense que j'ai une bonne chance de réussir. »
Vous ferez ensuite la somme des histoires racontées par ceux qui ont suivi de près sa carrière amateur ou qui l'ont vu dominer des coéquipiers célèbres et beaucoup plus expérimentés à l'entraînement et vous commencerez à croire, vous aussi, qu'il sera le prochain grand champion à sortir du Québec.
Mais pour l'instant, Aiemann Zahabi n'accorde d'importance à rien de tout ça. Il ne s'inquiète pas de toute l'attention dirigée vers lui parce qu'il est le « frère de l'autre » et veut encore moins entendre dire qu'il est le prochain GSP. Les deux pieds sur terre, il se concentre simplement sur son prochain combat, le premier d'une prometteuse carrière professionnelle.
À 25 ans, Zahabi fera ses débuts vendredi à St-Hilaire lors de l'événement SLAMM 1, le premier gala d'arts martiaux mixtes pris en charge par la grosse machine d'InterBox. Son nom se retrouve au milieu d'une carte de neuf combats à laquelle participeront sept autres athlètes à la fiche vierge et qui mettra en vedette les vétérans de Ringside MMA Alex Garcia et Olivier Aubin-Mercier.
« Ça me démangeait! », dit-il, incapable de retenir un sourire à l'idée de finalement faire le saut chez les pros.
Le jeune Zahabi n'est certainement pas parfait, mais on ne pourra jamais lui reprocher d'avoir sauté des étapes. Dix années se sont écoulées depuis la première fois où il a franchi la porte du gym de la rue Ferrier. Il a brûlé le circuit amateur, tenté sa chance en muay thaï et pris part à des tournois de lutte et de jiu-jitsu.
Il a été un partenaire d'entraînement de quelques-uns des meilleurs poids plumes et poids coqs au monde, un participant privilégié à la préparation des Kenny Florian, Miguel Torres, Yves Jabouin et Ivan Menjivar. En donnant un coup de main à son frère, pris de court par la croissance rapide de la popularité du Tristar, il est aussi devenu un jeune entraîneur respecté et un homme de coin apprécié.
Concentré sur ses responsabilités, Aeimann Zahabi a patiemment attendu sa chance pendant que des confrères plus jeunes et moins bien outillés effectuaient leurs premiers pas dans la cage. « Mon frère voulait que je prenne un peu plus d'expérience et j'étais d'accord avec sa logique. Je me disais que mon tour viendrait, convaincu que les années de travail supplémentaires allaient rapporter à long terme. »
Devant la diminution des opportunités sur la scène amateur, Firas a récemment fait la grande demande à son petit frère. Était-il prêt à finalement aller tester ses connaissances et ses habiletés athlétiques sur la scène professionnelle, à tenter de survivre dans la chaîne alimentaire d'un sport qui ne fait de cadeau à personne, à prendre le premier pas vers le but qu'il s'était discrètement fixé il y a plusieurs années?
« Je pense avoir réussi à lui démontrer que je voulais vraiment faire carrière dans ce sport. Par mon travail et mon dévouement, j'ai gagné sa confiance et le fait qu'il ait confiance en moi m'en donne beaucoup. Maintenant, c'est à moi de jouer. »
Une dépendance aux sports de combat
Si vous entrez au Tristar Gym, peu importe le jour de la semaine ou le moment de la journée, il est fort probable qu'Aiemann Zahabi se retrouve éventuellement dans votre champ de vision. Pourtant, c'est à reculons qu'il y a mis les pieds pour la première fois à l'âge de 15 ans, traîné de force par un grand frère déterminé à lui inculquer la discipline et la confiance en soi par l'entremise des arts martiaux.
« Chaque fois que c'était le temps d'aller s'entraîner, je voulais rester jouer dehors avec mes amis. Mais Firas m'obligeait à le suivre, raconte Aiemann en souriant. Des fois il me donnait cinq dollars, m'achetait de la crème glacée ou me payait du McDo, mais il trouvait toujours un moyen de m'amener avec lui. »
« Dans notre culture, quand le grand frère dit de faire quelque chose, tu le fais. Il n'était pas question de négocier », explique Firas, le troisième des quatre garçons d'un immigrant libanais. « Je vois trop de jeunes flâner et gaspiller leur talent. Je ne voulais pas qu'il perde son temps dans les salles de billard après l'école, qu'il se laisse influencer par les mauvaises personnes. Ça ne veut pas dire qu'il n'aurait pas trouvé son chemin, mais c'était ma responsabilité de l'aider le plus possible. Parfois, quand tu es jeune, tu n'as pas la sagesse de savoir ce qui est bon pour toi. »
Au gymnase, le jeune Zahabi était, à cinq pieds et 140 livres, un enfant parmi des hommes. Seul dans son coin, convaincu d'être un boulet pour les plus vieux, il restait en retrait en attendant que son frère vienne le diriger en privé.
Avant longtemps, les complexes sont disparus et le talent est remonté à la surface. Les incitatifs superficiels n'étaient plus nécessaires; sans rechigner, l'adolescent prenait place du côté passager de la voiture de son chauffeur pour son entraînement quotidien. Le combat coulait maintenant dans ses veines.
« Quand j'ai eu mon permis de conduire, Firas m'a dit "Maintenant, si tu veux venir au gym, viens par toi-même" et j'ai continué d'y aller à tous les jours. »
À 19 ans, Aiemann Zahabi partageait le tapis avec des combattants du UFC qui venaient passer leur camp d'entraînement à Montréal. « Je n'étais pas au même niveau qu'eux, mais on avait de bons échanges et je pouvais finalement dire qu'ils apprenaient eux aussi de ce que j'avais à offrir. »
Rapidement, Zahabi est devenu le coéquipier idéal. Si un gars cherchait un cobaye pour peaufiner son plan de match, il se portait volontaire. Besoin de quelque chose à la pharmacie? Il était le premier à y courir. Le petit maigre assis dans la première rangée le soir du combat? C'était lui.
« Je suis chanceux, parce que tous ces gars-là ont aussi pris le temps de s'occuper de moi. J'ai gagné leur respect en travaillant fort et aujourd'hui ils sont comme des grands frères pour moi. »
Éviter les distractions
Quand on peut vous confondre avec un vétéran du UFC à l'entraînement, personne ne s'attend à ce qu'un Ontarien qui montre une fiche de 0-5 - en l'occurrence Kyle Vivian - ne vous offre une opposition sérieuse. Et donc Aiemann Zahabi risque d'être lui-même son plus féroce adversaire pour son baptême vendredi soir.
« Mon frère m'a dit de ne pas écouter tout ce que les gens disent, même si ce sont des bonnes choses, et c'est ce que je fais. Je dois croire en moi-même et éviter les distractions, croire en ce que j'ai appris sans tomber dans l'excès de confiance. Ce sont les meilleurs conseils que j'ai reçus. »
« Que tu gagnes ou que tu perdes, les gens vont toujours parler, tu ne peux pas te casser la tête avec ça, précise Firas. Personnellement, je ne veux pas avoir trop d'attentes envers lui. S'il fait bien, c'est tant mieux. Si ça ne va pas bien, il fera autre chose et c'est tout. La vie, ce n'est pas comme dans les films et ce métier n'est pas fait pour tout le monde. On va le voir avec Aiemann, mais ça va prendre du temps. »
« Yves Jabouin me donne une volée chaque fois que je m'entraîne avec lui, rappelle la recrue. Je sais que plusieurs personnes croient que j'ai déjà dépassé des gars comme lui, mais je ne crois pas que ce soit vrai. J'ai beaucoup de choses à apprendre, de l'expérience à acquérir. Mais si je fais ça, c'est parce que je pense que j'ai une bonne chance de réussir. »