Un combattant d'arts martiaux mixtes se fait souvent demander s'il regarde des vidéos de son prochain adversaire quand il se prépare pour un combat.

Je sais que certains de mes confrères ne sont pas des grands amateurs de vidéos, mais personnellement, c'est un outil dans lequel je crois beaucoup. Je trouve que c'est pratique pour se faire une première impression sur notre prochain rival et pour se visualiser devant lui dans l'octogone.

Dans mon camp, l'étude de vidéos est un travail d'équipe. D'abord, il suffit de dénicher les extraits qui pourraient m'être utiles. Aujourd'hui, avec Internet, tu peux vraiment trouver n'importe quoi. Je ne suis pas un grand nerd avec ça, mais je connais des gens qui sont assez calés en informatique. Si j'ai besoin de trouver un combat qui s'est passé n'importe où, ils vont être capables de l'avoir.

Quand on se bat au UFC, on peut tout simplement demander à la compagnie de nous fournir les archives dont on a besoin. Pour le reste, on se sert de notre réseau de connaissances. Plus tu as de contacts, plus tu as de chances d'obtenir de bonnes informations.

Une fois que j'ai le matériel qu'il me faut, j'apporte mon ordinateur portable au gym et on écoute ça en groupe. Ash, mon entraîneur de muay thaï, est nettement le plus fanatique de la gang. Fabio, lui, regarde ça beaucoup plus distraitement.

La mentalité de Fabio, c'est que si je fais ce que j'ai à faire, je vais gagner. Il croit beaucoup en moi et sa confiance est contagieuse. Les vidéos, il les regarde, mais il n'est pas le plus intéressé! C'est correct... un combattant a besoin d'un gars comme ça dans son entourage.

Ash, lui, y accorde beaucoup plus d'importance. Il en écoute chez lui et revient au gym avec de nouvelles idées. Il se sert de ses notes pour me faire pratiquer des nouvelles combinaisons sur les palettes, de façon à ce que ça devienne des automatismes.

Les autres trucs du métier

Ça peut arriver qu'un combattant recherche des éléments d'information supplémentaires en demandant des conseils à des collègues. Dans mon cas par contre, c'est beaucoup moins fréquent.

Quand j'ai passé le K.-O. à Kendall Grove, je m'entraînais encore à Boston et Jorge Rivera, qui devait être son prochain adversaire, est venu me voir pour qu'on en discute. Il voulait savoir comment Grove se débrouillait au corps à corps, s'il était fort physiquement, des choses comme ça.

C'est un sujet qui est surtout abordé à l'intérieur d'une même équipe. Ou disons que je rencontre par hasard un gars qui a déjà affronté un futur rival, c'est sûr que ça va venir sur le sujet. Mais de là à prendre le temps de faire des appels pour obtenir des informations « privilégiées », ça ne m'est jamais arrivé.

Souvent, une autre façon d'obtenir un avantage sur un futur adversaire est de s'entourer de partenaires d'entraînement qui montrent des gabarits ou des styles similaires. C'est exactement ce que j'avais fait contre Grove et Anderson Silva. J'avais fait venir des gars qui mesuraient 6 pieds 6 pouces et je leur demandais de les imiter.

Mais pour Todd Brown, que j'affronterai samedi à Québec dans le combat principal du Ringside 11, je ne me suis pas donné cette peine. Brown est de la même grandeur que moi. Sa boxe est correcte, mais il ne sort pas de l'ordinaire. Ça ne valait pas la peine d'apporter des correctifs spécifiques dans ma préparation.

Les conclusions sur Todd Brown

Pour ma préparation, j'ai regardé les deux derniers combats de Brown au UFC. Je ne trouvais pas que c'était nécessaire d'aller plus loin. De toute façon, tous ses combats précédents l'ont opposé à des gars avec des fiches assez ordinaires. Ça ne donne pas grand-chose de m'attarder là-dessus. Je trouve que c'est mieux de regarder des combats dans lesquels il a eu une opposition sérieuse.

De plus, Todd Brown n'est pas un gars qui me pose beaucoup de secret. Il n'est pas un grand technicien, le genre de combattant chez qui on peut déceler des tendances très fortes. Toutefois, ça ne veut pas dire que je n'ai pas fait de trouvailles intéressantes.

Premièrement, Brown tourne toujours du mauvais côté quand il est debout. On s'en est rendu compte assez facilement et c'est évidement un point très positif pour moi.

On a aussi conclu que son jab était lent et qu'il le laissait souvent en avant. C'est intéressant pour un gars comme moi qui préconise une grosse droite de style overhand. Je crois aussi que la façon avec laquelle Brown provoque le corps à corps le rend vulnérable à mon uppercut.

Aussi, Brown ne met jamais la table pour ses coups de pieds et aussitôt qu'on l'attaque en combinaisons, il se couvre et recule en ligne droite. On a également constaté qu'il ne lance lui-même pas beaucoup de combinaisons. Ses attaques sont souvent isolées.

Je compte les jours

Je sais qu'avant chaque combat, on dit qu'on est dans la meilleure forme de ma vie. C'est un grand classique. Mais je vous jure que c'est mon cas présentement. J'ai seulement pris quatre jours de congé après mon combat contre Kalib Starnes, il y a deux mois, et je ne me suis jamais senti aussi bien.

Lundi, j'ai fait un dernier petit entraînement. Un peu de jiu-jitsu et quelques palettes avec Ash, simplement pour suer un peu et rester alerte. Mardi, c'est la journée des commissions. Je suis allé chercher ma bannière, mes shorts et je suis passé à la pharmacie pour me procurer les produits dont j'aurai besoin.

Je ferai mon arrivée à Québec mercredi, à temps pour l'entraînement public organisé par Ringside. Jeudi, je vais prendre ça relax. Je vais aller passer du temps chez des amis. Rien de trop gros, par contre, parce que je veux rester dans ma bulle. Je ne m'entourerai pas de trop de gens.

Petit entraînement en soirée, avec un tour dans le sauna. C'est là que je mettrai la touche finale à ma préparation vendredi, juste avant la pesée. Ensuite, ce sera le temps de livrer la marchandise dans l'octogone.

Si vous êtes dans le coin de Québec en fin de semaine, je vous invite à venir assister au spectacle au Colisée. Vous ne le regrettez pas!

Merci à tout le monde pour votre support!

*Propos recueillis par Nicolas Landry.