Ce qu'il nous en a fait vivre des émotions notre GSP samedi soir! J'avais prédit une victoire de ce dernier par décision unanime des juges et c'est exactement ce qui s'est passé. J'avais aussi prédit un combat difficile où Carlos Condit allait être en mesure d'amener notre héros national en eau trouble et c'est exactement ce qui s'est passé aussi. Malgré sa longue absence, c'est un Georges St-Pierre au sommet de sa forme qui a combattu dans l'octogone du UFC en ce glacial samedi automnal au Centre Bell.

Malgré ces belles prédictions, je dois vous avouer que je suis devenu excessivement nerveux lorsque j'ai vu Georges s'amener vers l'octogone samedi. Il avait l'air TRÈS nerveux, ses traits étaient tirés et de toute évidence il était aussi très tendu… J'ai même eu le désagréable « flashback » de son entrée vers l'octogone lors de son combat d'avril 2007 à Houston contre Matt Serra - la dernière fois où il s'est incliné… Je me souviens que ce soir-là, Victor Vargotzky son entraîneur de l'époque avait tout tenté pour détendre Georges, pour le remettre dans l'esprit du combat, mais peine perdue Georges n'était pas là du tout ce soir-là, et on connaît la suite… Mais pas samedi soir, oh que non, pas samedi soir…

Je tiens d'ailleurs à lever mon chapeau et à souligner le travail incroyable de Kristof Midoux dans le coin de Georges. N'ayez crainte, Midoux avait vu et senti la nervosité de Georges et si vous avez l'occasion de revoir les images du combat, admirez le travail de Midoux entre l'entrée de Georges vers l'octogone et le début du combat… Regardez le travailler pendant la présentation des deux combattants, il ne cesse de parler à Georges, pour le motiver et pour le mettre en mode guerrier. Un travail de motivation hors pair qui me fait croire que si Midoux avait été là à Houston en avril 2007, le résultat aurait probablement été fort différent.

Les deux premiers rounds de GSP ont vraiment été de l'art. Autant debout qu'au sol, Georges était précis, puissant et dominant. Lorsqu'il décidait que le combat devait se transporter au sol, c'est tel un véritable char d'assaut qu'il se dirigeait sur Condit et à chaque fois ce dernier se retrouvait sur son dos. Debout, les jabs de Georges étaient efficaces et c'est ce qui a un peu mélangé Condit, je crois. Il ne s'attendait pas à ce que Georges soit aussi rapide en position debout et il avait définitivement sous-estimé les qualités de Georges lorsqu'il se retrouve en position dominante par-dessus ses adversaires.

La coupure que Georges lui a infligée avec un coup de coude dès le premier round a aussi joué un grand rôle pour la suite des choses. Sur ma carte de pointage après deux rounds c'était aisément 20-18 à l'avantage du Québécois.

Le troisième round nous a fait vivre des émotions puissantes quand à la suite d'un coup de pied rapide et précis de Condit, Georges s'est retrouvé au sol, sonné. Condit s'est rué vers lui, mais heureusement l'expérience de St-Pierre lui a permis de se coller sur son adversaire et d'éviter de recevoir plus de dommage. Sa puissance et ses techniques de lutte lui ont aussi été fort utiles pour ensuite renverser Condit et reprendre le contrôle du combat. Ce fut un round difficile pour Georges, mais un round déterminant pour le reste de sa carrière selon moi. Il a prouvé à tous et à lui-même qu'il pouvait prendre un coup, être dans le trouble et malgré tout revenir dans un combat de façon dominante.

Le reste du combat a été l'affaire de Georges, que ce soit au niveau de la lutte où au niveau de la boxe. Même s'il a reçu plus de coups qu'il aurait dû en recevoir, il a été dominant - que ce soit en offensive ou en défensive puisque Condit a essayé plusieurs fois des prises de soumissions; il a tenté des kimuras, des clés de bras et même un étranglement triangulaire… Mais à chaque, fois St-Pierre était là avec une réponse à ses attaques. Quand les deux se retrouvaient au sol, c'est Georges qui plaçait les meilleurs coups et qui prenait les meilleures positions. Sur ma carte de pointage à la fin du combat j'avais les rounds 1, 2, 4 et 5 à Georges et le round 3 à Carlos Condit pour un pointage final de 49-46.

Un travail de maître, une performance dominante, un spectacle enlevant! Et que dire de la réaction incroyable de la foule du début à la fin du combat! Chapeau à la foule survoltée du Centre Bell, vous avez vous aussi une partie du crédit pour cette victoire de Georges, vos cris et vos encouragements ont certainement poussé ce dernier à se surpasser et à ne pas abandonner lors du tumulte du 3e round.

J'ai été le gérant de Georges pendant sept ans et s'il y a quelqu'un qui sait de quoi il est capable lors des grandes occasions c'est bien moi - mais je peux vous dire que vous n'avez rien vu encore. Le Georges St-Pierre cuvé 2012 est définitivement la meilleure version depuis le début de sa carrière. Merci Georges, tu nous a fait vivre un grand moment samedi soir.

Autres notes sur l'événement UFC 154 :


- Quelle performance une fois de plus pour Johny Hendricks - cet athlète possède une force de frappe terrifiante, à la Mike Tyson… Mais ce que les gens semblent souvent oublier c'est qu'il est aussi un lutteur de TRÈS haut niveau. Il va falloir l'avoir à l'œil ce Hendricks, il risque de se retrouver sur le chemin de GSP très bientôt…

- Dommage pour Patrick Côté, je suis certain qu'il aurait aimé savourer sa victoire de façon différente. C'est un combat qui avait bien débuté et qui nous promettait beaucoup d'action. Dans le feu de l'action ça se passe très vite et je suis certain que Alessio Sakara n'a pas volontairement voulu porter ces coups illégaux, mais les règlements sont là pour être respectés et appliqués. Mauvaise note à l'arbitre qui n'a jamais donné d'avertissement à Sakara. J'aimerais bien voir un combat revanche entre les deux - pourquoi pas en Mars au Centre Bell?

- Mes étoiles de la soirée: le combat de la soirée est définitivement l'affrontement de 5 rounds que se sont livrés Georges St-Pierre et Carlos Condit. Le K.-O. de la soirée est bien sûr celui de Johny Hendricks aux dépens de Martin Kampmann. La soumission de la soirée est sans aucun doute la spectaculaire clé de bras d'Ivan Menjivar contre le russe Azamat Gashimov. La surprise de la soirée pour moi est la victoire de John Makdessi contre Sam Stout et finalement l'œil au beurre noir de la soirée : la décision des juges dans le combat entre Francis Carmont et Tom Lawlor - j'aime beaucoup Francis, mais il n'a pas gagné ce combat.