Nul ne peut nier que l’intégrité sportive est de plus en plus menacée. Au cours des dernières années, l’ingérence de substances améliorant la performance athlétique a remis en doute le concept du sport « propre ». Les abus de ces substances existent dansle monde des sports professionnels et le UFC n’en fait pas exception. Les récentes allégations de Georges St-Pierre relatives à l’instauration d’un contrôle antidopage plus restrictif ont lancé un important débat quant au système déjà en place. En prévision de son combat du 16 novembre prochain à Las Vegas, GSP s’est porté volontaire à être testé au-delà des standards minimaux prévus par les commissions athlétiques auprès du programme volontaire VADA. Il s’agit en l’espèce d’une organisation indépendante du UFC ayant pour but de tester les athlètes de boxe et d’arts martiaux mixtes qui s’y prêtent volontairement.

D’entrée de jeu, tous les participants à un combat du UFC sont soumis à des tests de dépistage des drogues améliorant la performance, et ce, conformément aux exigences de l'Agence mondiale antidopage (AMA). Ceci étant, bien que le UFC a son propre programme de dépistage, c’est ultimement la commission athlétique qui a le dernier mot. Il existe différents types de drogues améliorant la performance et il importe de connaître non seulement l’étendue des substances interdites visées par le dépistage, mais aussi la fréquence à laquelle ces tests sont réalisés. À ce titre, c’est la commission athlétique de l'État ou de la province qui est chargée d’établir ses propres exigences, lesquelles sont différentes d’un endroit à un autre. Par exemple, la Commission athlétique de l’Ontario ne réalise pas de tests de dépistage des drogues améliorant la performance. En vertu de l’article 17.1 du Ontario Athletics Control Act Regulation, un test de dépistage devra être réalisé par la commission seulement si le contrat entre le combattant et son promoteur l’exige. Sinon, c’est au UFC même de l’exiger ou à la commission d'une autre province ou d’un autre État de le faire pour eux.

Or, la lutte antidopage se complexifie lorsque l’usage de certaines drogues interdites est permis à des fins thérapeutiques. Il appert que l’AMA prévoit des exemptions thérapeutiques dans certains cas et son étendue varie d’une commission athlétique à une autre. Ainsi, le UFC n’a pas la compétence pour accorder ce type d’exemptions. Toutefois, elle doit s’assurer que l’usage de substances interdites soit conforme aux exigences et aux exemptions thérapeutiques fixées par les commissions athlétiques et l’AMA.Dans une telle optique, lors du prochain UFC 167, un athlète pourrait utiliser des substances interdites dans la mesure où la commission athlétique de l’État du Nevada le permet à titre thérapeutique.

Le mois dernier, Ben Rothwell s’est fait suspendre par le UFC pour une période de neuf mois en raison d’un taux trop élevé de testostérone suivant sa victoire contre Brandon Vera au UFC 164 à Milwaukee. Notons que le traitement de remplacement à la testostérone (TRT) est reconnu comme une exemption thérapeutique dans l’État du Wisconsin. Cependant, le UFC a conclu que l’usage qu’en a fait Ben Rothwell violait la limite acceptable. Ce faisant, il a contrevenu aux normes de conduite personnelles et professionnelles auxquelles il est tenu par le UFC. Bien que le UFC l’a suspendu, la Commission athlétique du Wisconsin n’a pas pour autant sanctionné Rothwell à ce jour.

Il y a certes un manque d’uniformité dans les règles relatives au dopage du UFC, lequel suscite forcément une réflexion sur l’importance d’une réforme réglementaire à ce sujet. Force est de constater que cette dichotomie législative favorise un déséquilibre et remet en doute le principe du « fair-play ». Face à cette polémique, le UFCdevrait profiter de cette occasion pour mettre en œuvre certaines réformes judicieuses, et ce, dans un but ultime de promouvoir un sport « propre ».