Le 14 mai 1997, un ancien boxeur montréalais du nom de Michael Griffin montait sur le ring, pour y arbitrer son premier combat en carrière. C‘était au Centre Molson et Blaise Mayemba a facilité le travail de l‘arbitre en réussissant un k.-o. au 1er round contre Wayne Chartrand. Ce dernier a mentionné au jeune arbitre qu‘il ne voulait plus poursuivre le combat

15 ans plus tard, la réputation de Michael Griffin a fait le tour du monde. Il est probablement l‘arbitre Québécois et Canadien le plus en vue sur la planète boxe.

Selon les chiffres compilés par le site boxrec, Michael Griffin a arbitré 16 combats de championnat du monde sur 4 continents.

Son plus récent combat mondial l‘a mené au Japon. Après un éternel vol qui s‘est soldé par une longue escale imprévue en Corée, Michael Griffin est arrivé au Japon la veille du combat. Le médecin lui a dignostiqué un problème de pression causé par le temps passé dans les airs, ce qui a compromis sa présence sur le ring. Finalement, il a pu arbitrer une longue finale de 36 minutes remportée par Takahiro Ao contre Terdsak Kokietgym.

Des anecdotes du genre, Michael Griffin en a un coffre au trésor rempli.

Parmi les grands combats qu‘il a arbitrés, il y a Pongsaklek Wonjongkam vs Daigo Nakahiro, Pascal vs . Hopkins 1, Pascal vs. Dawson, Froch vs. Kessler, Holt vs. Bradley, etc.

Michael Griffin s‘est lancé dans la carrière d‘arbitre sous les conseils de Guy Jutras, qui agit toujours en mentor après de lui. Je l‘ai rencontré le mois dernier avant le combat entre Adonis Stevenson et Noe Gonzalez. «Lorsque j‘ai terminé la boxe en tant que compétiteur, j‘ai voulu demeurer dans ce milieu. J‘ai pensé devenir entraîneur, mais ça demande beaucoup de temps. J‘ai un travail et une famille. Monsieur Guy Jutras m‘avait déjà demandé si j‘étais intéressé à prendre sa relève. Finalement j‘ai dit oui, arbitrer me donnait une possibilité de réintégrer le monde de la boxe, avec le temps que je pouvais y consacrer.»

«J‘ai débuté avec l‘idée d‘atteindre un jour le plus haut niveau. Mais je n‘avais pas de calendrier. J‘ai toujours voulu m‘améliorer. Monsieur Jutras est un bon mentor. Il m‘a donné beaucoup beaucoup de conseils gratuits, ce qui m‘a donné une bonne compréhension de la business de la boxe.»

«Dans presque tous les grands combats, il y a des situations délicates. Je dis toujours qu‘il y a 2 arbitres. Le gagnant a eu un bon arbitre et le perdant a eu un mauvais arbitre.»

«Le travail d‘arbitre n‘est pas seulement de protéger les boxeurs, il faut qu‘il se protège lui même en évitant les controverses. Parfois des arbitres se retrouvent au sein de controverses parce qu‘ils n‘ont pas anticipé des situations.»

Voici des extraits de l‘entrevue.

J‘aime l‘expression qui parle de l‘arbitre comme du 3e homme dans le ring. C‘est un homme qui doit veiller à la santé des boxeurs et à l‘intégrité de la boxe. Il nous parle ici de sa relation avec les boxeurs.

«Je connais le boxeur en général, s‘il est gaucher ou droitier, s‘il a de l‘expérience, s‘il a des k.-o. Ce sont les seules informations que j‘ai besoin. Les deux boxeurs ensemble vont créer une nouvelle scène. Si l‘on anticipe quelque chose en raison des antécédents d‘un boxeur, vous avez développé un préjudice ou une fausse idée.»

«Normalement, après un combat je ne parle à un boxeur d‘une décision ou d‘une situation. Mais après quelques mois, je peux le faire, comme avec Bernard Hopkins à Las Vegas en décembre. Mais après le combat, ce n‘est pas le moment. »

«Je me vois comme un policier. Je suis là seulement pour les 2 boxeurs. Si l‘un des deux prend un avantage, c‘est mon travail d‘équilibrer . Ce n‘est pas à moi de décider qui gagne, ou attrapper un boxeur dans une situation fautive pour lui donner une pénalité. Dans un combat il y a des règles. Si un boxeur prend un avantage, alors je favorise l‘autre.»

La WBC a autorisé l‘emploi des reprises vidéos en certaines circonstances lors de championnats mondiaux. Michael Griffin qui est certain de son jugement, estime que rien ne peut battre la perception d‘un arbitre, pas même les caméras les plus sophistiquées.

«Selon mon expérience, ce n‘est pas bon. Si je me base sur quelques combats que j‘ai fait, la reprise est moins claire que l‘idée que j‘ai de la situation. Par exemple, ici à Montréal, lors du combat entre Kendall Holt et Tim Bradley, la télévision a manqué la 2e chute au tapis alors qu‘il y en avait un. La décision originale est correcte.»

«La seule situation où les reprises pourraient être utiles sont lorsqu‘il y a coupure. Pour voir s‘il s‘agit d‘un coup de poing ou d‘un coup de tête. C‘est possible de regarder la séquence pendant ou après le round. Mais l‘arbitre doit être capable de prendre une décision après l‘action.»

Qu‘est-ce qu‘il changerait de la boxe?

«2 choses. Les reportages sont cliché, on recherche toujours la controverse. À la fin de chaque combat, il y a toujours une controverse. Entre les promoteurs et les organismes de sanction. Les boxeurs aiment les champions, mais les gens pas autant. Le problème est lorsqu‘un organisme protège son champion. Les spectateurs veulent assister au meilleur combat pour déterminer le meilleur de chaque catégorie, mais les politiques empêchent ces situations.»

Ce que l‘on peut lui souhaiter pour la suite de sa carrière?

«J‘aimerais quitter avant que les gens me demandent de quitter, quand mon temps sera venu. Peut-être que je deviendrai un juge. J‘aimerais aussi devenir promoteur. Mais pour l‘instant je suis content et j‘aimerais faire un autre 15 ans, mais je ne suis pas certain.»