40 ans et onze mois après sa défense de titre réussie contre Andrzej Fonfara, Adonis Stevenson est toujours champion mondial des mi-lourds de la WBC. Cette fois, il s’en est tiré avec un verdict nul qui aurait pu être une neuvième défense fructueuse de son titre, mais les juges ont vu autrement.

 

Deux d’entre eux ont donné des scores de 114-114 tandis que le troisième, l’Américain Jesse Reyes, de San Antonio au Texas, a donné une note de 115-113 à Badou Jack.

 

Je ne conteste pas cette décision, mais j’avais exactement le contraire, 115-113 en faveur de Superman.

 

La perte de ce combat pour Montréal a été un gain pour la ville de Toronto. Il faut bien l’admettre, ce match a été le plus intéressant, le plus chaudement disputé dans la Ville Reine depuis au moins 25, sinon 30 ans.

 

Bafoué pour ne pas dire hué à Montréal, Adonis, de par sa performance, s’est vu encourager par les cris : « Superman… Superman… ». Surtout en fin de combat, alors qu’il lui a fallu puiser dans ses réserves de quadragénaire pour finalement rester debout en fin de match.

 

Badou Jack a-t-il raté sa chance en laissant Adonis faire à sa guise dans la première moitié du combat? Possible. D’ailleurs, il l’admet lui-même. En somme ce n’est qu’au septième assaut qu’il s’est vraiment mis en marche.

 

C’est certain que si Jack avait eu une meilleure force de frappe, il aurait vaincu Superman. Plusieurs fois il l’a atteint à volonté, mais il n’a pu faire mieux qu’un saignement de nez chez le champion. Si l’adversaire avait été Sergey Kovalev, Dmitry Bivol ou encore Artur Beterbiev, Superman ne serait plus champion aujourd’hui.

 

Après huit défenses fructueuses contre des boxeurs pratiquement inconnus chez les élites, Adonis a rencontré un pugiliste de talent reconnu parmi les meilleurs. Après tout, il n’a pas été champion chez les super-moyens et ensuite chez les mi-lourds en ne démontrant pas de grands talents.

 

Adonis croit dur comme fer qu’il a gagné ce combat.  Même son de cloche chez Badou Jack. Or, que reste-t-il à faire…? Un combat revanche, ce que les deux anticipent, mais cette fois « ce sera à Las Vegas… » de prédire Jack.

 

Jack-Stevenson : un combat dont on parlera longtemps

Mais quand ce duel aura-t-il lieu? Il faut se souvenir que Superman doit défendre son titre contre son premier aspirant, Oleksandr Gvozdyk.  Si le passé est garant de l’avenir chez les WBC, il ne faut pas trop se préoccuper avec le premier aspirant.  Eleider Alvarez a occupé ce poste pendant près de trois ans sans jamais se mesurer au champion.

 

On pourrait donc se retrouver à Las Vegas en septembre ou encore en décembre prochain pour la revanche.

 

C’est Adonis lui-même qui a été le premier à parler d’un combat revanche, mais sans toutefois dévoiler le nom de l’endroit ou aurait lieu l’affrontement.

 

Stevenson conserve sa ceinture avec un nul majoritaire

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’en septembre prochain, Adonis aura 41 ans. Oui, il démontré au cours de son duel face à Jack qu’il était toujours en excellente forme physique, mais le match a aussi montré quelques ratés. Par exemple, il est évident que Stevenson a ralenti. Sa main gauche, son gagne-pain, n’a pu faire le travail face à un rival de beaucoup supérieur aux précédents aspirants.

 

Quand le combat a pris fin, il était évident qu’Adonis était vidé, qu’il a dû puiser dans le plus profond de son être pour terminer le duel sur ses deux jambes.

Maintenant, que fera Adonis dans le futur?

 

Va-t-il combattre à nouveau à Montréal, où sa popularité est la plus basse pour un champion? Selon son promoteur Yvon Michel : « Les gens vont l’encourager dès qu’il aura remporté une victoire ».

 

Il n’a pas gagné contre Badou Jack, mais il n’a pas perdu. Pour un boxeur de 40 ans, il a fait aussi bien que George Foreman ou bien encore Bernard Hopkins en fin de carrière.

C’est vrai qu’il a ralenti, mais il faut bien l’admettre, il a livré un furieux combat au Air Canada Centre de Toronto, devant près de 5 000 amateurs. Si on regarde en arrière chez nous au Québec, il y a belle lurette qu’un tel affrontement aussi violent et intéressant a été présenté.

 

Adonis est un amuseur public, un peu comme l’est David Lemieux. Si vous payez 100 $ pour le voir à l’œuvre, vous en aurez pour votre argent, surtout que maintenant, à cause de son âge, on n’est plus tellement certain de ses succès quand il monte sur un ring.

 

Stevenson conserve sa ceinture avec un nul majoritaire

Je pense que cette performance contre un boxeur de haute qualité comme Badou Jack fera taire ses critiques qui l’ont souvent traité de « Chickenson ».  C’est vrai qu’un match ne fait pas une carrière, mais aujourd’hui, on ne peut pas affirmer que Stevenson n’a pas affronté un adversaire de classe.

 

La seule note sombre au tableau, c’est qu’Adonis a ralenti, qu’il ne présente plus cette terreur avec son fameux crochet de la gauche et que ses mouvements sur le ring sont plus lents qu’avant.

Maintenant, qui va prendre sa relève au Québec?  Eleider Alvarez vient en tête de liste.  Mais si jamais il devait perdre contre Sergey Kovalev, quelle serait alors sa popularité auprès des amateurs?

 

David Lemieux? Pour moi, il est rendu à son apogée. Par contre, c’est le boxeur qui donne le meilleur spectacle, après Adonis Stevenson.

 

Oscar Rivas?  Il est encore blessé et il est trop petit pour faire peur aux géants Deontay Wilder ou bien encore Anthony Joshua.

 

Christian M’Billi?  Il est un pugiliste talentueux dont la science fondamentale de boxe est excellente. C’est un bon amuseur public.  Mais comme tous les jeunes, ou s’arrêtera-t-il ?

 

Steven Butler?  Plus les jours passent, plus je perds confiance en lui, surtout à cause de ses agissements à l’extérieur du ring.

 

Simon Kean?  Il montre un certain potentiel, mais il est encore loin dans la haute hiérarchie des poids lourds.

 

Ce que je retiens de ce verdict nul d’Adonis, c’est qu’il sera un peu plus gênant pour les détracteurs du champion de le traiter maintenant  de « Chickenson !»

 

Bonne boxe!