(La Zone de Boxe) - Vers le titre du Québec - Après deux mois de convalescence, l'Ivoirien remonte dans le ring avec une énergie renouvelée. Il livre deux autres combats de quatre rounds, qu'il arrache par la plus infime des marges.

Il obtient tout d'abord la faveur des juges contre Ivan Menjivar, puis souille la fiche vierge du Longueuillois Sébastien Hamel. Pour ce dernier combat, Sako attribue sa victoire à sa capacité de boxer tant en gaucher qu'en droitier afin de semer la confusion chez son adversaire.

Toutefois, de nombreuses personnes présentes étaient d'avis qu'Hamel avait remporté trois des quatre rounds. Pour trancher la question, on organise immédiatement un combat revanche. L'enjeu est grand, puisque le Conseil québécois de boxe (CQB) accepte d'offrir à la clé le titre vacant de champion du Québec des super-légers. Cependant, la soirée se termine en queue de poisson pour tous les intéressés quand, au terme d'une bagarre en six rounds aussi serrée que la première, les juges rendent un autre verdict nul et ce, même si Sako est convaincu d'avoir encore mieux boxé que lors de l'affrontement initial.

Ce n'est que partie remise pour Sako. Étant donné que le CQB le classe premier aspirant de sa catégorie, il n'a qu'à patienter quelques semaines pour se voir offrir une deuxième chance. Lorsque le téléphone sonne de nouveau, c'est Alexandre Choko qui lui propose un nouveau duel pour le titre contre Stéphane Savage, dont les dernières performances lui ont permis de se hisser au quatrième rang du classement québécois.

Même si l'offre est intéressante, Sako hésite parce qu'il sait qu'il aura un obstacle de taille à surmonter s'il accepte. En effet, le combat est prévu pour le 25 novembre et Sako, qui est musulman, doit respecter le Ramadan et s'abstenir de manger à partir du lever du soleil jusqu'à la fin du jour, de la mi-octobre à la mi-novembre. Qu'à cela ne tienne. Se fiant sur ses capacités de récupération, il accepte le combat. Pendant un mois, il se tire donc du lit autour de quatre heures pour pouvoir faire son jogging et manger avant la fin de la nuit.

Le soir du combat, Sako résout somme toute assez facilement la boxe fondée sur la contre-attaque en combinaison de Savage. Il doit néanmoins travailler très fort, étant donné la ténacité de son adversaire. Quelques minutes après le timbre final, l'annonceur-maison le déclare gagnant, un juge lui ayant même accordé les six rounds.

Les bénéfices d'être champion

Pour un boxeur comme Sako - peu connu du grand public, avec une fiche qui est loin d'être parfaite -, la ceinture québécoise s'est révélée un atout précieux. Le fait de posséder un titre a rendu Sako plus attrayant pour les promoteurs et tout comme ce fut le cas pour David Whittom (champion des mi-lourds), dans les semaines suivant son couronnement il reçoit une offre pour affronter un boxeur de l'Ouest canadien qui aimerait bien pouvoir dire qu'il a vaincu le champion du Québec. Un rendez-vous est fixé pour affronter Julius Odion le 30 mai 2006.

Entre-temps Abou Sako reçoit une offre d'Interbox pour affronter Antonin Décarie qui est l'aspirant numéro un à son titre en mars 2006. Pris entre son métier qui l'empêche de s'entraîner à fond et le fait que le promoteur Big Bang Boxing s'attend à ce que ce soit le champion du Québec lorsqu'il affrontera Julius Odion en mai 2006, Sako exige à la dernière minute que le combat soit effectué à un poids supérieur afin que son titre ne soit pas en jeu contre Décarie.

Bien que cette décision de Sako ait été contestée fortement par les amateurs et par son aspirant, Sako a vraisemblablement fait le bon choix pour sa carrière. Travaillant jusqu'à 17 heures le jour où il affronta Décarie, Sako a offert l'une de ses pires performance face à l'un de ses plus dangereux adversaires. Décarie a dominé le champion du Québec et le CQB a décidé de lui octroyer le titre de champion honorifique pour sa superbe performance.

Quelques semaines plus tard Sako s'est rendu à Edmonton où il a livré une performance de champion face à Odion et réussi à soutirer un verdict nul dans le patelin adverse. Deux juges ont remis des cartes de 57-57 et le troisième a remis un pointage de 58-56 en faveur de Sako.

L'avenir

Après avoir vu Sako refuser deux autres offres de défendre son titre, l'une en mai et l'autre en août 2006, le CQB décida alors de lui retirer son titre et de le remettre en circulation. Il a été remporté en août 2006 par Sébastien Hamel face à Stéphane Savage puis défendu avec succès le mois suivant face à Ahmad Cheikho.

Abou renouera avec la compétition le samedi 7 octobre alors qu'il se rendra encore une fois à Edmonton afin d'affronter de nouveau Julius Odion et tentera cette fois de prouver aux juges de l'ouest qu'il mérite mieux qu'un verdict nul. Décidera-t-il ensuite de tenter de reconquérir le titre qu'il a déjà posséder autrefois? Ou peut-être recevra-t-il d'autres appels du Canada anglais, voire de l'étranger? La possibilité nous semble réelle, car avec sa mâchoire d'acier et sa force de frappe limitée, Sako représente le genre d'adversaire tout indiqué pour un espoir en développement. Quelle que soit la voie qu'il empruntera pour la poursuite de sa carrière, on ne peut que lui souhaiter de sortir de l'anonymat pour faire ainsi fructifier tous les efforts qu'il a investis dans sa carrière.