QUÉBEC - En signant une victoire spectaculaire sur Lucian Bute hier soir, Eleider Alvarez est enfin parvenu à légitimer sa position d’aspirant obligatoire à Adonis Stevenson et plus rien ne semble maintenant l’empêcher d’en découdre avec le détenteur du titre des poids mi-lourds du WBC.

Alvarez a vraisemblablement réussi à marquer l’imaginaire en battant Bute par arrêt de l’arbitre au cinquième round, mais il est aussi parvenu à dissiper les doutes qui perduraient à son sujet, le Montréalais d’origine colombienne ayant souvent offert des prestations ternes dans le passé.

« J’ai réussi à fermer la bouche à beaucoup de personnes, s’est réjoui Alvarez en conférence de presse tôt samedi matin. [Toutes les critiques] à mon endroit m’avaient donné beaucoup de motivation. J’ai gagné de la même façon que je l’avais fait contre Ryno Liebenberg à Monaco. »

Le triomphe le plus important d'Alvarez

« Eleider a démontré qu’il est supérieur à James DeGale et Badou Jack. Ne venez pas me dire que ce n’était pas un Lucian Bute au sommet, a renchéri le promoteur Yvon Michel. Lucian a mis beaucoup de pression, mais Eleider s’est levé. C’est ce que tous les grands champions font.

« Ce que nous avons vu hier, c’est le gars que nous avions été chercher, le gars qui a remporté la médaille d’or aux Jeux panaméricains en 2007 et le gars que nous avons vu à ses sept ou huit premiers combats professionnels pendant lesquels il était éblouissant. C’était vraiment lui. »

Le Montréalais d’origine colombienne n’avait évidemment pas le droit à l’erreur, ce qui peut expliquer en partie sa performance éclatante, mais le promoteur croit que les moyens pris par Alvarez dans sa préparation ont également eu leur influence dans le résultat d’hier soir.

« Quand tu reçois une bourse de 25 000 ou 30 000 dollars, tu ne veux pas en utiliser la moitié en partenaires d’entraînement, a expliqué Michel. Cette fois, ça lui a coûté en préparation aussi cher que la bourse qu’il avait reçue pour son combat contre Robert Berridge l’été dernier.

« Eleider a eu les moyens de s’offrir du super sparring avec Chad Dawson, Blake Caparello et un autre boxeur de Sheffield en Angleterre. Il ne s’est également pas entraîné en parallèle de David Lemieux ou Artur Beterbiev. L’investissement a été important et nous en avons vu le résultat. »

Le président de Groupe Yvon Michel a réitéré que le prochain duel du héros du jour sera pour la ceinture des mi-lourds du WBC avant de se mettre à rêver d’une éventuelle série de combats entre Stevenson, Alvarez et Beterbiev. Ramsay a cependant coupé court aux intentions du promoteur en précisant qu’il était hors de question que deux de ses boxeurs s’affrontent.

« C’est arrivé à Freddie Roach à plusieurs reprises. Il a dû trouver des assistants pour entraîner ses boxeurs à sa place. C’est arrivé à Emanuel Steward aussi. C’est la rançon de la gloire, a répliqué Michel. Tu ne ferais jamais ça pour un combat préparatoire, mais quand tu arrives en unification et qu’un réseau comme NBC veut présenter ça, tu ne peux pas passer à côté de ça. »

Cela dit, Alvarez s’accordera quelques jours de repos en Colombie avant de s’attaquer au dossier Stevenson. Ramsay a d’ailleurs averti les journalistes présents de faire « attention à [leurs] gageures », car « quand mon équipe se met sur un dossier, elle peut être très fatigante ».