Sans tambour ni trompette, Eleider Alvarez a poursuivi son ménage du printemps samedi soir au Centre Bell en éclipsant Jean Pascal par décision majoritaire, conservant ainsi son rôle de premier aspirant à la couronne d’Adonis Stevenson.

Alvarez a continué son grand ménage de la boxe québécoise. Après voir éclipsé Lucian Bute, le boxeur le plus chéri de la foule pendant près d’une décennie, voici maintenant qu’il oblige Jean Pascal, un des plus populaires pugilistes de chez-nous à songer sérieusement à son avenir.

Alvarez voulait qu’Andrzej Fonfara batte Adonis Stevenson, car il croyait avoir plus de chance de l’affronter dans un match de championnat mondial que son confrère d’armes québécois.  « J’encourageais Adonis, mais je voulais que Fonfara sorte victorieux. Au moins avec lui, j’aurais une meilleure chance de coiffer la couronne mondiale »,  a-t-il déclaré après son triomphe.

Cela fait maintenant deux ans qu’Alvarez attend son tour pour affronter Superman. À quand ce tour viendra-t-il ?

En somme, son sort est entre les mains d’Al Haymon, si on se fie aux déclarations d’après combat de Stevenson.

« Je n’ai peur de personne, de lancer Stevenson après sa victoire. Je suis prêt à défendre ma couronne n’importe où, n’importe quand ou contre qui que ce soit. C’est à Al Haymon de décider… »

Le chemin libre

Là  il est vraiment temps qu’on laisse le chemin libre à Alvarez pour se mesurer à Superman. Tout d’abord, sa popularité a augmenté à une vitesse vertigineuse depuis sa victoire sur Isidro Ranoni Prieto, en août 2015.  Et son K.-O. contre Lucian Bute a obligé ce dernier à penser sérieusement à son avenir sans boxe.

Maintenant, c’est au tour de Jean Pascal de penser à la même chose. C’est dommage, mais ainsi va la vie, surtout dans le monde de la boxe. Un jour tu es champion, le lendemain tu n’es même plus un aspirant et encore...

« Je veux le combat contre Adonis, maintenant »

Pascal a été un, sinon le boxeur le plus spectaculaire sur la scène québécoise pendant des années. Il a affronté les meilleurs de sa division en Chad Dawson, Adrian Diaconu, Bernard Hopkins et Sergey Kovalev, sans oublier que c’est lui qui a été le premier Québécois à faire mordre la poussière à Lucian Bute.

Aujourd’hui, il doit sérieusement songer à son avenir. Dommage, car non seulement Pascal était toujours spectaculaire sur le ring, mais il alimentait aussi les chroniques de boxe avec sa langue bien déliée.

C’est lui qui décidera, mais personnellement, j’ai l’impression qu’on reverra Pascal sur un ring. Certes, il a été bel et bien battu par Alvarez, mais il n’a pas été déclassé. C’est peut-être son inactivité et non pas ses 34 ans, qui l’on fait paraître quelque peu rouillé samedi soir.

Un fait demeure… La décision finale lui revient. Et si jamais il décide d’accrocher ses gants, ce que je doute, je le remercie pour les nombreux spectacles qu’il nous a présentés au cours de sa brillante carrière, sans compter ses déclarations spontanées.

Le plus vieux

Maintenant, parlons du champion Superman.  Pour la huitième fois de son règne, il défendait sa couronne WBC des mi-lourds avec succès. À 39 ans, faut le faire...Adonis Stevenson et Andrzej Fonfara

J’ignore si vous êtes au courant, mais Adonis est maintenant le plus vieux champion actif du monde de la boxe. À 39 ans, il est plus vieux d’un an que Manny Pacquiao, le champion WBO des mi-moyens et de Luis Ortiz, l’éternel aspirant de la couronne vacante de la WBA des poids lourds.

Un peu comme un éléphant, Stevenson n’oublie pas.  En 2010, il perdait par K.-O./2 contre Darnell Boone.  Trois ans plus tard, il assommait ce dernier en guise de représailles. Même chose pour Andrzej Fonfara.  En 2014, le Polonais l’envoyait au tapis dans un combat ou Superman a tout de même remporté la victoire. Trois ans plus tard, ce pauvre Polonais devait être retiré de la compétition par son entraîneur dès le deuxième engagement pour ne pas mettre sa santé en péril.

Je ne crois pas que Stevenson puisse un jour éclipser le record de Bernard Hopkins, mais pour un homme de 39 ans, il est en superbe forme physique.

Que lui réserve l'avenir?

Qu’est-ce que l’avenir réserve è Superman? Al Haymon va-t-il l’obliger à affronter le gagnant du match entre Andre Ward et Sergey Kovalev? Ou bien va-t-il lui donner le feu vert pour défendre sa couronne pour une neuvième fois contre Eleider Alvarez?

Si je me fie aux gens auxquels j’ai parlé, le choix serait de présenter un combat entre Superman et Alvarez dès l’automne prochain. Il me semble que le Colombien poirote depuis déjà assez longtemps.

ContentId(3.1234343):Boxe : Andrzej Fonfara n'est pas de taille contre Adonis Stevenson
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Naturellement certains diront qu’on pourrait toujours organiser un duel entre Alvarez et Artur Beterbiev, mais je doute qu’un tel combat soit assez intéressant pour la télé, les deux n’étant pas assez connus sur la scène internationale.

Un fait demeure, on est obligé aujourd’hui d’admettre qu’Alvarez fait partie de la classe élite des mi-lourds, au même point que les Stevenson, Ward, Kovalev, Beterbiev et les autres. Maintenant pour être l’homme le plus heureux sur cette basse terre, il ne reste plus qu’à faire venir sa famille de la Colombie et de s’établir chez nous bien confortablement.  Je suis certain que cette victoire sur Pascal lui permettra de vivre des jours heureux.

Duel de titans

Un combat contre Stevenson le rendrait pratiquement millionnaire et je ne suis pas certain que Superman sortirait victorieux d’un tel affrontement. 

Naturellement, Alvarez ne pourrait pas absorber les puissants crochets de la gauche de Stevenson tout comme il l’a fait avec brio contre Pascal, mais Eleider est un technicien hors pair.

Si jamais le combat se concrétise à l’automne, Superman aura alors 40 ans et Alvarez 33.  Pendant encore combien  de temps Stevenson pourra-t-il aller s’abreuver à la Fontaine de jouvence et conserver sa jeunesse? Personne ne le sait, même pas lui.

Bien que la soirée ait été amputée de deux combats, les gens semblaient heureux à  la sortie du Centre Bell.

Après une absence de près de trois ans et demi d’un ring montréalais, il faisait bon de rencontrer Mikaël Zewski, qui reprenait le collier après une inactivité de 20 mois. Il a paru quelque peu rouillé dans son affrontement contre Fernando Silva, mais il a montré de bonnes sorties par moment. À 28 ans, Zewski est encore jeune et je lui prédis des jours heureux à Montréal s’il continue à progresser.

Un autre qui n’a pas déçu est Christian Mbilli. Plus je le vois boxer, plus il ressemble par moment à Vasyl Lomachenko, avec ses pivots et ses attaques à l’emporte-pièce. On n’a pas fini d’entendre parler de ce jeune Français.

Bonne boxe !