MONTRÉAL – Il n’a peut-être mis que trois rounds pour s’emparer du titre des poids lourds de la NABF, sauf qu’Arslanbek Makhmudov a néanmoins dû travailler d’arrache-pied pour y parvenir.

 

Devant un Julian Fernandez beaucoup plus coriace qu’anticipé, le Montréalais d’origine russe a signé une neuvième victoire en autant de combats depuis le début de sa carrière, samedi après-midi, en finale d’un gala d’Eye of the Tiger Management tenu au Cabaret du Casino de Montréal.

 

Après avoir vu le Mexicain encaisser toutes les droites qu’il lui lançait pendant les deux premiers rounds, Makhmudov (9-0, 9 K.-O.) est parvenu à l’atteindre avec une courte gauche envoyée en contre-attaque, puis à l’amener dans un coin avant que l’arbitre ne stoppe les hostilités à 1:19.

 

« [Ce crochet de gauche], c’est le coup que nous avions travaillé avec lui pendant tout le camp d’entraînement, a expliqué l’entraîneur Marc Ramsay après la victoire de son protégé. Les gars finissent par contre-attaquer sa grosse main droite et il faut de nouveaux outils pour les contrer.

 

« Je voulais qu’il prenne un pas de recul pour amener le boxeur dans le gouffre et le surprendre avec le crochet de gauche. Ce sont des heures et des heures de travail et c’est pourquoi je suis si content! Je voulais qu’il soit beaucoup plus efficace à courte distance en lançant des uppercuts notamment, car il avait tendance à imiter les frères Vitali et Wladimir Klitschko en accrochant. »

 

N’ayant subi qu’un seul revers – face à l’Allemand Tom Schwarz – depuis le commencement de sa carrière, Fernandez (14-2) a étonnamment été en mesure de prendre toutes les droites de Makhmudov pendant les six premières minutes, même si nombre d’entre elles étaient franches.

 

Cette capacité d’encaisser lui a ainsi permis de répliquer aux assauts de son adversaire à plus d’une reprise, chose qui ne s’était à peu près jamais produite lors de ses huit précédents duels. Le Russe n’a jamais paru ébranlé, mais il n’a pas eu l’air aimer non plus se faire frotter les ouïes.

 

« [Fernandez] avait des déplacements, mais il attaquait aussi et c’est pourquoi il représentait une menace, a ajouté Ramsay. Il représentait un autre genre de défi que Jonathan Rice – qui se déplaçait uniquement – et c’était plutôt important que Makhmudov vive ce genre expérience.

 

« Je suis extrêmement satisfait de son travail sur certains coups de poing, mais techniquement, il y a encore des choses à améliorer. Sauf qu’il ne faut pas oublier qu’il n’a que neuf combats... »

 

Malgré tout, tout indique que Makhmudov sera impliqué dans un affrontement d’envergure le 7 décembre prochain au Centre Bell. Ramsay souhaite un nom qui fera écarquiller tous les yeux de l’industrie, tandis que le promoteur Camille Estephan a révélé que le Roumain Bogdan Dinu ainsi que les Américains Chris Arreola et Bryant Jennings avaient tous refusé de croiser le fer avec lui.

 

Présentement classé 26e aspirant à la ceinture des poids lourds du WBC détenu par Deontay Wilder, Makhmudov pourrait percer le top-15 lors de la prochaine mise à jour du classement.

 

Boone vend chèrement sa peau

 

Après Walid Smichet, Jean Pascal, Adonis Stevenson et Schiller Hyppolite, Artur Ziyatdinov (11-0) a ajouté son nom à la liste de boxeurs locaux qui ont défait Darnell Boone (24-25-5) en gagnant par décision unanime (79-72, 78-73 et 78-73) au terme d’un combat de huit rounds très relevé.

 

Nettement plus rondelet qu’à sa dernière visite en sol québécois en mars 2016, Boone semblait se destiner à un court après-midi de travail après avoir été envoyé au tapis au deuxième round, mais l’Américain a ensuite vendu chèrement sa peau, parvenant à sortir Ziyatdinov de sa zone de confort. Deux bonnes gauches au visage au sixième round ont notamment obligé le Russe à reculer, mais sa force de frappe lui a permis de se faire respecter tout le long de l’affrontement.

 

Lexson Mathieu a vaincu Sergio Torres Perez.En lever de rideau, Vislan Dalkhaev (12-1) a célébré son retour dans un ring montréalais après environ un an d’absence en battant Oscar Mata (8-5-1) par décision unanime (60-54, 59-55 et 59-55). Longtemps associé à Groupe Yvon Michel, le Russe évoluant chez les super-coqs est maintenant représenté par le promoteur américain Top Rank, qui a acheté sa place sur la carte.

 

Fidèle à son habitude, Sébastien Roy (8-0) a offert un spectacle enlevant avant de vaincre Larone Whyte (6-4) par décision unanime (59-55, 58-56 et 58-56). Roy a dominé la plupart des échanges grâce à ses combinaisons rapides. Whyte est cependant parvenu à lui faire plier les genoux avec une droite au cinquième round, mais le pugiliste de Thetford a été en mesure de vite récupérer.

 

Lexson Mathieu (6-0, 5 K.-O.) a finalement renoué avec ses bonnes vieilles habitudes après avoir dû se contenter d’un gain par décision unanime à sa dernière sortie en passant un foudroyant knock-out à Juan Sergio Torres Perez (7-9) à 2:22 du 1er round. Alors qu’il esquivait une frappe de Torres Perez, Mathieu a semblé passer de droitier à gaucher, ce qui a évidemment surpris le Mexicain, qui avait pourtant fait la limite contre Vincent Thibault en janvier plus tôt cette année.