Le combat entre Artur Beterbiev et Oleksandr Gvozdyk sera présenté sur RDS Direct vendredi à 22 h.

 

« J’ai un objectif, mais n’en parlez à personne ». Impossible de dire si c’est par superstition ou en raison de son humour corrosif, mais c’est de cette manière qu’Artur Beterbiev (14-0, 14 K.-O.) parle de son grand combat d’unification chez les mi-lourds, qui aura lieu vendredi à Philadelphie contre le champion WBC Oleksandr Gvozdyk (17-0, 14 K.-O.)


Beterbiev, qui s’est emparé du titre IBF il y a près de deux ans contre Enrico Koelling, connaît et respecte Gvozdyk. Les deux hommes se sont retrouvés dans le même ring, il y a plus de 10 ans dans un tournoi de boxe amateur en Turquie. Beterbiev, déjà riche d’une grande expérience amateur avec une participation aux Jeux de Pékin en 2008, l’avait alors emporté contre l’Ukrainien, par abandon après le 2e round. Trois ans plus tard, Gvozdyk remportait une médaille de bronze aux Jeux olympiques de Londres.

Vendredi dans le ring, on retrouvera donc deux boxeurs au parcours similaire : deux champions du monde dans la jeune trentaine, issus de l’ancien bloc soviétique, deux anciens olympiens  invaincus depuis leur rapide ascension en boxe professionnelle.

Un homme épanoui 

Même s’il est établi à Montréal depuis ses débuts professionnels en 2013, Artur Beterbiev demeure un homme énigmatique pour les amateurs de boxe du Québec. Difficile d’approche en raison de la barrière linguistique majeure, Beterbiev a d’abord fait parler de lui de la meilleure manière possible, avec ses résultats sur le ring. À son 6e combat professionnel seulement, il passait le K.-O. à l’ancien champion du monde Tavoris Cloud.

Le momentum d’obtention de croissance de popularité s’est refroidi envers Beterbiev au Québec en raison des batailles juridiques qu’il a entreprises contre sa gérante et son promoteur. Contre vents et marées, Beterbiev a gardé le cap sur ses objectifs de devenir champion du monde, le meilleur boxeur de la division des mi-lourds. N’ayant plus d’attaches québécoises avec le Groupe Yvon Michel, Berterbiev a tout de même pris la décision de rester à Montréal, aux côtés de son entraîneur Marc Ramsay, et aussi parce que sa famille était heureuse de sa nouvelle vie au Québec.

À 34 ans, c’est donc un homme serein que j’ai retrouvé il y a deux semaines au gymnase d’Ali Nestor Charles, à Montréal-Nord pour ce reportage. À ma grande surprise, j’ai découvert un homme drôle, épanoui et lumineux. Avant cette rencontre, ma perception d’un être lugubre avait probablement été influencée par les entrées ternes de Beterbiev lorsqu’il marche vers le ring. Aucune musique n’accompagne le champion IBF et son équipe. Plutôt que de marcher au rythme d’un quelconque musique, le boxeur musulman récite des prières et se recueille jusqu’au moment où il touche les gants de son adversaire, à la demande de l’arbitre avant le combat. Et lorsqu’il l’emporte, Artur Beterbiev n’est pas du genre à courir partout autour du ring. Le triomphe reste modeste peu importe la grandeur de la victoire.

En personne, à l’entraînement, la personnalité de Beterbiev est éclatante. Le boxeur d’origine tchétchène est heureux dans un gymnase. Si le bureau de Wayne Gretzky se situait derrière le filet du gardien adverse, celui de Beterbiev se trouve parmi ces appareils où il travaille sans compter ni les heures, ni les efforts. Ses entraîneurs Marc Ramsay et John Scully doivent le surveiller de près pour l’empêcher de trop en faire à l’entraînement.

Au-delà de la joie de s’entraîner pour un dur combat d’unification, Beterbiev paraît aussi heureux de ne plus être tracassé par ses insatisfactions contractuelles des dernières années. Avec l’aide de l’entourage de Georges St-Pierre, Beterbiev a obtenu un nouveau contrat de promotion avec Top-Rank. Le champion IBF se sent donc en confiance et peut se concentrer sur une routine assez simple, mais exigeante, où il mange, prie et boxe.

Un seul champion

 

Marc Ramsay paraissait fort heureux du camp de Beterbiev, qui procédera à la 3e défense de son titre. Celui qui entraîne aussi les talentueux Lemieux, Alvarez, Rivas, Bazinyan, MBilli et bien d’autres, concède que Beterbiev est unique en son genre. Si le champion est exigeant envers lui-même, il l’est également envers les membres de son équipe.

 

L’entraîneur avoue que l’arrivée de Beterbiev dans son équipe l’a forcé à se réinventer et parfois à se remettre en question. Bien que déterminé, Beterbiev est un élève disponible et non pas un despote.

 

À Philadelphie, Beterbiev pourra compter sur un entraîneur qui n’en sera pas à son premier combat d’unification. Même si Gvozdyk est légèrement favori pour le combat de vendredi, Marc Ramsay sait bien que son boxeur est dans une meilleure position que celle où se trouvait David Lemieux avant son combat d’unification contre Gennady Golovkin au Madison Square Garden en 2015.

 

Comme son boxeur, Marc Ramsay devra être au sommet de son art vendredi soir. Gvozdyk ne sera pas un client facile. Marc Ramsay était à Québec le 1er décembre dernier quand Gvozdyk est revenu de l’arrière dans son combat contre Adonis Stevenson avant de détrôner le champion. Selon Marc Ramsay, Gvozdyk aura droit à un tout autre combat et un adversaire beaucoup plus complet que l’ancien champion WBC. 
 

Les amateurs auront droit à un combat à la fois explosif et tactique, en raison de la présence des entraîneurs Marc Ramsay et Teddy Atlas dans chacun des coins . Le gagnant de ce combat sera considéré comme le meilleur de la division des mi-lourds, devant Dmitry Bivol, Jean Pascal, Eleider Alvarez, Sergey Kovalev et pourquoi pas Canelo Alvarez!

 

Pour Beterbiev l’objectif est d’unifier tous les titres. C’est probablement vendredi que le plus grand obstacle se dressera devant lui.

 

Top-5 : victoires par K.-O. d'Artur Beterbiev