MONTRÉAL – Une profonde coupure qui s’est vite transformée en bain de sang a bien failli tout gâcher, mais Artur Beterbiev a encore une fois démontré pourquoi il est dans une classe à part.

Saignant abondamment après avoir été ouvert au front au quatrième round, le Montréalais d’origine russe ne s’est jamais laissé démonter en battant Marcus Browne par arrêt de l’arbitre à 46 secondes du 9e round, vendredi soir au Centre Bell en finale d’un événement de Groupe Yvon Michel (GYM) pour ainsi demeurer champion unifié des poids mi-lourds du WBC et de l’IBF.

Beterbiev : le courage d'un champion

Beterbiev (17-0, 17 K.-O.) commençait tranquillement, mais sûrement à trouver son rythme de croisière pendant son combat contre Browne (24-2) lorsque les têtes des deux boxeurs se sont touchées, ce qui a provoqué une importante lacération au beau milieu du visage du champion.

La reprise laissait pourtant croire que Beterbiev avait été touché par une droite de Browne, mais l’équipe du favori de la foule a assuré qu’il s’agissait bel et bien d’un coup tête, précisant que l’Américain n’en était pas à sa première frasque du genre en rappelant le duel face à Badou Jack.

« C’était à 1000 pour cent un coup de tête, a affirmé Beterbiev en conférence de presse après sa victoire, sa 17e en autant de sorties depuis le début de sa carrière. Le combat a été compliqué par la suite, puisque Browne étant gaucher, je ne le voyais pas très bien quand il se déplaçait. »

« J’étais préoccupé [à la suite de la coupure]. Quand il est revenu dans le coin, je lui ai dit que nous avions un job à faire et qu’il n’avait qu’à continuer le sien, a ajouté son entraîneur Marc Ramsay. Je savais qu’il n’abandonnerait pas, mais je voulais qu’il reste collé au plan de match. »

« J’ai vraiment essayé de faire de mon mieux pour garder ça viable aux yeux de l’arbitre ou du médecin afin qu’ils n’arrêtent pas le combat, a renchéri le cutman Luc-Vincent Ouellet, qui remplaçait le vétéran Russ Anber, retenu chez lui après avoir contracté la COVID-19. Ce ne sont pas des choses qui arrivent souvent. Il n’y avait malheureusement aucune solution miracle. »

Le promoteur Yvon Michel a révélé que l’arbitre Michael Griffin avait l’intention d’arrêter le duel après le neuvième round en raison de la gravité de la blessure de Beterbiev. Le médecin l’avait précédemment examiné après le quatrième assaut et l’avait autorisé à poursuivre les hostilités.

Un arrêt à la suite du quatrième round aurait été une véritable catastrophe pour le champion, car il tirait de l’arrière sur les cartes de deux des trois juges à ce moment-là. Mais comme il l’a toujours fait depuis le début de sa carrière, c’est lui qui a décidé du moment de l’arrêt du duel.

« À partir du cinquième ou sixième round, j’ai vraiment senti qu’il faiblissait, a avoué Bertebiev. Cela dit j’étais vraiment plus préoccupé par ma coupure que par ce que faisait mon adversaire. »

« Nous savions que Browne allait offrir à Artur ce qu’il avait de mieux à lui donner pendant les quatre premiers rounds, a continué Ramsay. À partir du moment où j’ai vu Browne coincé dans les câbles, je savais que ce n’était qu’une question de temps. Artur a été très, très courageux. »

Après avoir envoyé Browne au plancher au septième round à l’aide d’une gauche au corps suivie d’une droite au visage, Bertebiev a terminé le travail au neuvième en martelant son adversaire d’une série de coups dont il ne s’est jamais remis. Il s’agit pour Browne d’une deuxième défaite en trois affrontements, l’autre ayant été encaissée face à Jean Pascal en août 2019 à Brooklyn.

Blagueur, Beterbiev a conclu sa conférence de presse en disant espérer devenir un bon boxeur un jour avant d’ajouter sur une note plus sérieuse qu’il aimerait se mesurer au champion de la WBA Dmitry Bivol ou encore au champion de la WBO Joe Smith fils à son prochain combat. Il ne détesterait également pas une rencontre au sommet avec un certain Saul « Canelo » Alvarez.