MONTRÉAL - Pour la deuxième fois de sa carrière, Hermann Ngoudjo a raté l'occasion de décrocher la ceinture de champion IBF des super-légers, vendredi, devant 5700 spectateurs au Centre Bell. Sauf qu'il a une nouvelle fois démontré qu'il ne manquait pas de courage.

Le Montréalais d'origine camerounaise est allé au tapis deux fois et a même été victime d'une fracture de la mâchoire au cours de la troisième reprise. Malgré cela, il est allé jusqu'au bout des 12 rounds prévus avant de s'incliner par décision unanime des juges au cours d'un combat mettant à l'enjeu le titre vacant IBF chez les 140 livres.

Ngoudjo (17-3-0, 9 K.-O.) en était à son deuxième combat de championnat du monde, lui qui avait subi une défaite controversée par décision, le 5 janvier 2008, face à l'Américain Paul Malignaggi.

Urango (21-1-1, 16 K.-O.), un dur cogneur qui a été champion du monde IBF en 2006-2007, a obtenu la faveur des juges par des scores de 118-108, 120-106 et 116-110. Il a ainsi mérité le titre délaissé par Malignaggi il y a quelques mois.

"Urango a été le meilleur homme sur le ring ce soir", a reconnu Yvon Michel, le promoteur de Ngoudjo.

"Ce soir, les amateurs de boxe ont vu deux athlètes talentueux au sommet de leur art", a déclaré Urango, qui a louangé le courage et la ténacité de Ngoudjo.

Le protégé du Groupe Yvon Michel a disputé un 11e combat de suite ayant nécessité le maximum de rounds prévus, mais cette séquence a failli s'arrêter à 10 puisque Urango l'a envoyé au tapis à deux reprises au troisième round, en plus de lui infliger sa fracture à la mâchoire.

Ngoudjo a bien récupéré par la suite et il a assez bien fait pour faire jeu quasi égal dans plusieurs des rounds suivants, mais il n'a jamais fait assez mal paraître son opposant pour réussir à remonter au score. Ce qui est fort compréhensible compte tenu de la douleur qu'il éprouvait.

"Urango n'est pas le plus dur cogneur que j'aie jamais affronté, mais il a su me frapper à la bonne place, a reconnu Ngoudjo. Après le 3e round, je ne voulais pas montrer que j'avais mal, ce qui n'était pas évident, puisqu'il me tapotait la mâchoire avec sa tête lors des corps à corps.

"J'ai montré beaucoup de coeur en résistant du 3e au 12e round, mais en même temps c'est clair qu'il me manquait un petit quelque chose pour faire la différence. Mais ce quelque chose, je vais aller le chercher en vue de mon prochain combat, je vous le promets", a ajouté Ngoudjo.

"Je me suis très bien préparé pour ce combat et je dois dire que si ça n'avait pas été le cas, jamais je n'aurais duré 12 rounds. Cela dit, Urango est un très dur cogneur, il va rester champion longtemps, j'en suis certain."

"Je ne pensais jamais qu'il allait durer 12 rounds, a ajouté Urango au sujet de Ngoudjo. Il faut lui donner le crédit. Il était prêt à tout laisser dans le ring."

Michel a reconnu que la défaite était un dur coup pour GYM, qui se cherche un nouveau champion depuis le revers de Joachim Alcine face à Daniel Santos.

"On ne recule pas, mais on n'avance pas non plus, du moins là où on aurait voulu avancer, a dit Michel. Mais je suis certain que Hermann va vite revenir. Aucun doute dans mon esprit, Urango est le meilleur boxeur qu'il ait jamais affronté et il est quand même allé jusqu'au bout contre lui, malgré sa fracture."

Un bien long 10e round

Ngoudjo s'est bien défendu au premier round, multipliant les coups, mais Urango s'est mieux imposé au deuxième, puis a complètement dominé le troisième, alors qu'il a envoyé Ngoudjo deux fois au tapis. La première fois d'une gauche au corps et la deuxième, d'une droite au menton.

Entre les deux, Ngoudjo a chuté mais parce qu'il a glissé. Il a quand même été malmené par une série de coups en puissance de l'Américain d'origine colombienne entre ses deux véritables chutes.

Il s'en souviendra longtemps puisqu'il devra soigner sa fracture à la mâchoire au cours des prochaines semaines.

Ngoudjo a passé la quatrième reprise à récupérer tant bien que mal, puis il a repris du poil de la bête au cinquième. Il s'est de nouveau bien défendu au sixième, mais Urango n'avait pas dit son dernier mot non plus, continuant de répliquer en contre-attaque. Quand Ngoudjo tentait de reprendre l'initiative, il accélérait le rythme lui aussi, empêchant ainsi le protégé de GYM de combler le retard qu'il avait au score, du moins aussi rapidement qu'il ne l'aurait souhaité.

Après un neuvième assaut où les deux boxeurs semblaient tarder à retrouver un deuxième souffle, les deux boxeurs ont dû livrer un 10e round qui a duré 5:10, soit plus de deux minutes au-dessus de la normale, selon les analystes du réseau ESPN.

Les deux dernières reprises, disputées entre deux boxeurs épuisés, n'ont pas permis à Ngoudjo de provoquer le revirement de situation espéré.