S’il n’en tient qu’à Bermane Stiverne, son combat contre le Russe Alexander Povetkin ne durera pas longtemps. « Je veux que ça finisse au plus vite, car je ne veux pas d’une décision partisane par les juges russes », a-t-il raconté hier. « La Russie, c’est un très beau pays avec un climat relativement froid, mais j’ai demeuré longtemps au Canada et je sais ce que c’est que l’hiver nordique. »

Ce sont là de belles paroles, mais je doute que Stiverne, qui s’est entraîné au gymnase de Floyd Mayweather à Las Vegas en prévision de ce duel, soit en mesure de tenir parole. Pas si le passé est garant de l’avenir.

Tout d’abord, Povetkin a un an de moins que lui. Il n’a jamais perdu par K.-O. et seul Wladimir Klitschko a été capable de lui arracher une décision. Or, au point de vue de l’endurance, Stiverne peut oublier cela.

D’ailleurs, son dossier parle de lui-même. Povetkin a gagné ses quatre derniers affrontements contre des boxeurs qui n’avaient subi qu’un seul revers en carrière jusque-là. Et pas les derniers venus. Il s’agit de Mariuz Wach, Mike Perez, Carlos Takam et Manuel Char.

Pas en forme

Incroyable, mais vrai, Stiverne admet ouvertement que lors de son affrontement contre Deontay Wilder, en janvier dernier, il n’était pas au meilleur de sa forme. Comment un boxeur qui vient à peine de remporter le titre mondial WBC des poids lourds peut-il raisonner ainsi? C’est vraiment manquer de sérieux.

Stiverne n’est pas un mauvais boxeur, loin de là. Il a de très belles qualités. Il a un bon menton, bien qu’il se soit retrouvé au tapis dès le premier round dans son combat contre Derric Rossy, il y a un an. Ce Rossy n’est pas censé être dans la même classe que l’ex-Québécois. C’est un boxeur de deuxième ordre fort d’une fiche de 30-10 qui a été mis K.-O. en carrière à cinq occasions. Si c’était un joueur de hockey, on dirait que c’est un plombier.

Mais Stiverne est tout de même le seul à avoir réussi à faire les 12 rounds contre Wilder. Il présente aussi une force de frappe au-dessus de la normale, ce qui lui a permis par le passé de remporter quelques victoires où il était en arrière sur la carte des juges.

Plusieurs semblent le juger en fonction de ses performances contre le gros Chris Arreola. C’est vrai, il l’a battu deux fois, mais Alexander Povetkin, n’est pas Chris Arreola. Le Russe n’est pas usé à la corde, comme c’était le cas pour l’Américain d’origine mexicaine, celui-là même qui avait permis à Stiverne de mieux se faire connaître aux États-Unis. Stiverne l’a vaincu une fois par décision et par arrêt de l’arbitre au 6e dans une revanche.

Autre problème avec Stiverne, c’est qu’il est très peu actif. Il est présentement au repos depuis 11 mois, et n’a livré qu’un seul combat par année en 2012, 2013 et 2014.

Contre Wilder

Par contre, Stiverne ne devrait peut-être pas anticiper un match revanche avec Wilder comme but ultime. En tout cas, il est mieux d’arriver en meilleure condition que lors de la première confrontation. Souvenez-vous du combat? Dans une défaite par unanime Stiverne, a vu un juge accorder une note parfaite de 120-107 à Wilder. Adalaide Byrd a marqué 118-109 et Jerry Roth 119-108. Vous admettrez que comme performance cela n’est pas fort.

Ce combat devrait être non seulement attirant pour les pugilistes, mais il faut se rappeler que c’est un combat éliminatoire, intérimaire WBC des lourds. Or, celui qui va gagner est assuré d’un match de championnat contre l’Américain Wilder.

Blessé, ce dernier a repris l’entraînement et devrait être prêt à livrer un combat au début du printemps. Mais qui va-t-il accepter comme rival? Il a le choix…

Quand on parle de Wilder, on revient toujours avec les mêmes rivaux possibles soit : Wladimir Klitschko, Anthony Joshua, Joseph Parker, Luis Ortiz, David Haye et peut-être aussi Hughie Fury et Dillian Whyte.

Pas le choix

Le Néo-Zélandais Joseph Parker, le vainqueur de Andy Ruiz et maintenant champion de la WBO, n’a pas vraiment de choix. Ce sera Deontay Wilder ou encore Anthony Joshua pour leurs titres, et au plus vite. Mais après l’avoir vu à l’œuvre contre Ruiz, je crois qu’il ne sera pas en mesure de venir à bout de ni l’un ni l’autre.

Je veux bien encourager Bermane Stiverne, mais si Demetrice King a été capable de lui passer le K.-O. en 2007, qu’il n’ait pratiquement pas gagné un seul round contre Deontay Wilder et qu’il se soit retrouvé au tapis dès le premier round contre Derric Rossy, je doute qu’il soit en mesure de vaincre Alexander Povetkin. Par contre, je crois qu’il a le menton assez solide pour faire les 12 rounds.

Mon choix : Povetkin par décision

Retour de Pascal

Si je me fie à mes amis, on n’a pas fini d’entendre parler de Jean Pascal. Ce vendredi, il va se battre à Trois-Rivières contre un vétéran dont le menton est douteux. Il s’agit de Ricardo Marcelo Ramallo, qui prend la place de Stjepan Bozic que la Régie a refusé après l’avoir vu rater un examen médical pour les plus de 40 ans sur le territoire du Québec.

Une chose est certaine…. Ramallo est meilleur que ne l’était Bozic, mais il faut comprendre qu’il s’agit d’un pugiliste d’entraînement. Pascal n’a pas boxé depuis maintenant 11 mois.

En Ramalllo, il se mesure à un rival qui s’est fait passer le K.-O. pas moins de sept fois en carrière. Mais il a tout de même affronté d’assez bons pugilistes, dont les champions Robert Stieglitz et Hassan N’Dam et Marco Antonio Rubio.

Très sérieux

Pascal n’a pas parlé tellement fort comme c’est son habitude depuis quelque temps. Mais il est certain que s’il a décidé de se battre à Trois-Rivières pour une fraction des bourses qu’il a été habitué à se voir décerner, c’est qu’il est sérieux… Très sérieux.

Une certaine pression s’exerce toutefois sur les épaules de Pascal à la veille de ce retour. Combien de rounds lui faudra-t-il pour venir à bout de son rival? Stieglitz en a eu besoin de 5. N’Dam, de 4 et Rubio, de 3. En 2015, un certain Renold Quinlan a fait encore mieux que les trois premiers en obligeant Ramallo à se retirer par arrêt de l’arbitre dès le premier round. C’était en 2015 et ce Quinlan montrait une fiche de 8-1. Or, cela vous donne une idée du menton du boxeur de l’Argentine.

Pascal veut absolument remonter dans les classements des mi-lourds. Présentement il doit se contenter du 13e rang à la couronne WBC d’Adonis Stevenson.

Grandes ambitions

Camil Estephan prétend qu’il a de grandes ambitions pour Pascal en 2017, mais je doute qu’on puisse organiser un affrontement entre Pascal et Superman. Personnellement, un peu comme tout le monde, j’aimerais bien voir un tel combat se matérialiser si Pascal est capable de reprendre sa forme d’antan. C’est vrai qu’il a été vaincu décisivement par Sergey Kovalev, mais il ne faudrait pas s’en faire avec ces deux revers. Andre Ward, selon moi, a été défait par ce même Kovalev. Or, il n’y a pas de honte à abdiquer devant un des meilleurs boxeurs de la planète. Mais avant tout, il faut se souvenir que les deux boxeurs d’origines haïtiennes sont sous contrat avec deux organisations différentes et ces deux organisations ne sont pas tellement sur la même longue d’onde.

Si jamais Pascal redevient le même boxeur qu’on a connu il y a quelques années, et qu’il colle quelques victoires contre des boxeurs de première qualité, il n’est pas impossible qu’il devienne un rival de choix pour Andre Ward, à moins que ce dernier donne suite à son idée de se retirer de la compétition si jamais il ne parvient pas à s’entendre avec Sergey Kovalev pour un combat revanche.

Pascal possède une très bonne réputation sur le plan international à la suite de ses combats contre Kovalev, Lucian Bute, Bernard Hopkins et Chad Dawson.

À 34 ans, je demeure convaincu que Pascal a encore de la bonne boxe en avant de lui. Mais il lui faudra avant tout surveiller son entraînement, écouter les conseils de son entraîneur Stéphan Larouche et ne pas trop fêter quand ce n’est pas le temps.

Mon choix : Pascal par K.-O. au 6e