David Lemieux tentera de redevenir champion du monde samedi soir à la Place Bell de Laval, alors qu’il affrontera le détenteur du titre des poids moyens de la WBO Billy Joe Saunders.

 

Lemieux (38-3, 33 K.-O.) avait mis la main sur la ceinture de l’IBF après avoir battu Hassam N’Dam en mai 2015 au Centre Bell avant de s’incliner devant le champion unifié Gennady Golovkin à son duel suivant au mythique Madison Square Garden de New York en octobre 2015.

 

Saunders (25-0, 12 K.-O.) effectuera quant à lui la troisième défense de la couronne qu’il a acquise à la suite de sa victoire sur Andy Lee en décembre 2015. Il s’agira pour lui d’un premier combat à l’extérieur du Royaume-Uni depuis son passage dans les rangs professionnels en 2009.

 

Ancien participant aux Jeux olympiques de Beijing en 2008, Saunders est présentement l’un des sept boxeurs britanniques à détenir un titre de champion du monde. Portrait en cinq temps.

 

Saunders contre Emanuele Felice Blandamura, le 26 juillet 2014 au Phones 4u Arena de Manchester en Angleterre

 

Après avoir disputé quelques combats pour des ceintures mineures et affronté trois adversaires invaincus – Jarrod Fletcher, Gary O’Sullivan et John Ryder – au passage, Saunders se mesure à un autre pugiliste invaincu pour un titre européen (EBU) des moyens à sa 20e sortie chez les pros.

 

À proprement parler, Blandamura ne représente pas un défi de taille pour Saunders, étant donné que la fiche combinée des rivaux que l’Italien a battus est de 161-231-20, mais ce dernier réussit néanmoins à couper l’Anglais à l’œil gauche dès le deuxième round de leur affrontement.

 

Saunders réagit extrêmement bien dans les circonstances et continue à attaquer Blandamura comme si de rien n’était. Il l’ébranle éventuellement avec un puissant crochet de droite au menton qui l’envoie dans les câbles. L’arbitre intervient ensuite pour mettre fin au combat.

 

À la suite de sa victoire, Saunders défie son compatriote Chris Eubank fils, qui a battu le Croate Ivan Jukic au premier round en sous-carte. « Mon équipe a raison quand elle dit que le nom d’Eubank ne devrait pas être mentionné en même temps que le mien. Nous ne sommes pas du même calibre, lancera-t-il. Eubank prétend qu’il peut me passer le K.-O., laissons-le l’essayer. »

 

Saunders contre Chris Eubank fils, le 29 novembre 2014 au ExCel Arena de Londres

 

Saunders retrouve Eubank dès son combat suivant dans lequel une autre série de titres mineurs sont à l’enjeu, mais plus important encore, la position d’aspirant obligatoire à la ceinture des moyens de la WBO qu’Andy Lee et Matt Korobov se disputeront deux semaines plus tard.

 

Eubank ayant de la difficulté à s’adapter à un gaucher, Saunders se sert de son jab à outrance dans les premiers rounds pour se forger une avance. Eubank parvient ensuite à réduire l’écart, mais doit s’avouer vaincu par décision partagée des juges (116-113, 115-114 et 113-115).

 

« Je suis prêt pour un combat de championnat du monde et dès que je serai champion, il sera le premier adversaire que j’affronterai », promettra Saunders. Les deux boxeurs se sont invectivés sur les réseaux sociaux depuis ce temps, mais ils ne se sont pas affrontés dans un ring de boxe.

 

Eubank n’a pas perdu au change pour autant, car il participe présentement au tournoi des super-moyens de la Super série mondiale et se mesurera à son compatriote George Groves en demi-finale en février prochain dans l’un des duels les plus attendus de la nouvelle année.

 

Saunders contre Andy Lee, le 19 décembre 2015 au Manchester Arena de Manchester en Angleterre

 

Ayant gardé la forme en affrontant l’obscur Yoann Bloyer, Saunders obtient enfin la chance de devenir champion en se mesurant à Lee, qui s’est emparé du titre de la WBO en pulvérisant Korobov avec un célèbre crochet de droite au menton. « Irish » avait ensuite livré un captivant verdict nul partagé à Peter Quillin en avril à Brooklyn avant de retrouver Saunders en décembre.

 

Un peu comme cela avait été le cas contre Eubank, Saunders a l’avantage dans les premiers rounds à l’aide de son jab, mais peine ensuite à maintenir la cadence au fur et à mesure que le combat progresse et que Lee lance son crochet de gauche. L’aspirant finit tout de même par se sauver avec la victoire par décision majoritaire (115-111, 114-112 et 113-113) et ainsi être sacré.

 

Les deux chutes au plancher de Lee au troisième assaut ont évidemment fait toute la différence, puisque si le champion irlandais n’était pas tombé, il aurait soutiré un verdict nul partagé.

 

« J’ai utilisé sa force contre lui, avouera Saunders après son triomphe. Lorsque je boxais avec lui, il est devenu un tout petit peu moins prudent et je l’ai surpris avec un crochet. Avec quelqu’un qui a des mains rapides comme les miennes, vous devez garder vos mains hautes. Je ne suis peut-être pas le plus grand cogneur au monde, mais je sais quand même lancer un coup. »

 

Saunders contre Artur Akavov, le 3 décembre 2016 au Lagoon Leisure Centre de Paisley en Écosse

 

Saunders doit patienter près d’un an avant d’effectuer la première défense de son titre à cause de l’échec de négociations avec Gennady Golovkin et Eubank ainsi qu’en raison d’une blessure à la main droite qui l’a empêché de croiser le fer avec Max Bursak un peu plus tôt en avril.

Saunders-Lemieux : Un duel d'entraîneurs élites

 

Visiblement rouillé et en proie à un important surplus de poids à l’entraînement, Saunders offre une prestation pitoyable, mais réussit toutefois à s’en tirer avec une victoire par décision unanime (116-112, 116-113 et 115-113). Le champion ne se défile cependant pas par la suite.

 

« Je devrais être gêné de penser à la possibilité d’affronter Golovkin après cette performance. Il n’y avait rien à voir. J’étais éteint, reconnaîtra Saunders avec lucidité. C’était terrible. Ce n’était pas vraiment digne d’un champion du monde, mais il s’agit d’une victoire quand même. »

 

À noter que son entraîneur depuis ses débuts professionnels Jimmy Tibbs n’était pas dans son coin pour ce combat, ce qui a paru dans les premiers rounds de duel, puisque Saunders ne se servait presque pas de son jab. Encore à ce jour, les raisons de leur séparation sont nébuleuses.

 

Saunders contre Willie Monroe fils, le 16 septembre 2017 au Copper Box Arena de Londres

 

Flanqué de son nouvel entraîneur Dominic Ingle – qui travaille avec l’ancien champion des mi-moyens Kell Brook – Saunders défend sa ceinture pour la deuxième fois contre Monroe, qui avait perdu par arrêt de l’arbitre au sixième round devant Golovkin environ deux ans plus tôt.

 

Encore une fois, Saunders ne propose pas un grand spectacle, son fils Steve lui volant littéralement la vedette la veille du combat à la pesée en donnant un coup de poing à Monroe sous la ceinture avant de lui asséner un coup de pied au moment où la sécurité s’interposait.

 

Candidement, Saunders avouera que la possibilité d’une rencontre au sommet avec Saul « Canelo » Alvarez ou Golovkin occupait tout son esprit ce soir-là. « Je l’ai battu en boxant, mais ç’a été un peu plate pour les partisans, reconnaîtra-t-il. Mais bon, j’ai enregistré la victoire. »

 

Même s’il devait l’emporter samedi soir contre Lemieux, Saunders devra vraisemblablement encore attendre son tour, puisqu’Alvarez et Golovkin seraient très près d’une entente pour une revanche en mai prochain. Les deux ont fait match nul en septembre après un duel enlevant.