Si le combat d'Artur Beterbiev contre Enrico Koelling a été annulé, ce n'est pas en raison d'un problème de visa, mais bien parce ce qu'il refuse de laisser tomber sa poursuite contre le promoteur Yvon Michel, a-t-il réitéré jeudi en point de presse.

Beterbiev (11-0), qui est originaire de Khasavyurt, en Russie, mais qui a déménagé à Montréal en 2013, devait affronter Koelling (23-1) le 29 juillet à New York dans un combat dont l'enjeu était le titre d'aspirant obligatoire au détenteur de la ceinture des poids mi-lourds de l'International Boxing Federation (IBF) Andre Ward.

Mercredi, le promoteur de Beterbiev, Groupe Yvon Michel (GYM), a cependant annoncé l’annulation du combat en raison d’un problème de visa.

Le promoteur a ajouté qu'il avait appris le 21 juin que la demande de visa Beterbiev avait été refusée. Une demande d'appel a ensuite été invalidée.

« Beterbiev aurait dû nous aviser avant »

« Il aurait dû nous dire avant que son visa était expiré. On n’était pas au courant », s’est défendu Yvon Michel en entrevue à RDS avant la tenue du point de presse.

« Pour faire une histoire courte et très simple, le combat d’Artur n’a pas été annulé parce qu’Artur n’est pas capable d’avoir un visa américain. Le combat a été annulé parce qu’Artur refuse de laisser tomber ses poursuites civiles contre le Groupe Yvon Michel », a répondu l'avocat de Beterbiev, maître Karim Renno.

Beterbiev a refusé et c’est ensuite que le Groupe Yvon Michel aurait prétexté un problème de visa pour annuler le combat. Une version des faits que le boxeur avait déjà partagée la veille sur Facebook.

« Depuis plusieurs semaines, le Groupe Yvon Michel a été très clair avec Artur, tant directement qu’à travers ses avocats, que si on ne laissait pas tomber notre poursuite, le combat serait annulé », a martelé Me Renno.

« Il n’y a jamais eu de demandes ou de pression semblables exercées sur Beterbiev », a quant à lui assuré Yvon Michel, précédemment.

« Je suis très surpris de voir Yvon Michel faire la tournée des médias et prétendre d’une façon bizarre que c’est de la faute d'Artur parce qu’il n’a pas fait sa demande de visa à temps et qu’il aurait dû aviser GYM plus tôt. C’est très dérangeant pour nous », a déploré Me Renno.

Le clan de Beterbiev affirme par ailleurs qu'Yvon Michel ne lui aurait jamais donné de copie du contrat indiquant que le combat aurait lieu au Barclays Center à New York plutôt qu'à Québec. Le clan Beterbiev prétend qu'il lui était donc impossible d'obtenir un visa de travail aux États-Unis sans un contrat en bonne et due forme.

« C’est faux, tu n’as pas besoin d’avoir un contrat pour pouvoir obtenir un visa et boxer aux États-Unis, a dit Michel. [...] Les boxeurs de pays étrangers n’ont pas besoin de permis de travail. C’est un visa de touriste [qu’ils ont besoin] étant donné qu’ils ont un contrat avec un promoteur à l’extérieur des États-Unis. Ils sont payés à l’extérieur des États-Unis. C’est comme un journaliste [canadien] qui couvre un combat à Las Vegas. Il n’a pas besoin de permis de travail parce que son employeur est au Canada. »

Une théorie aussitôt rejetée par le clan de Beterbiev.

« Artur, sur les conseils du Groupe Yvon Michel, s’est battu aux États-Unis en 2015 contre Alexander Johnson en utilisant un visa de touriste, a rappelé Me Renno. C’est exactement ça le problème avec les autorités américaines présentement. Depuis qu’elles ont constaté qu’Artur est allé travailler aux États-Unis en utilisant un visa de touriste, elles refusent de lui donner un autre visa de touriste. Elles se disent "Tu nous a eus une fois, tu ne nous auras pas une deuxième fois". C’est ça la difficulté. Ce n’est pas parce qu’il (Yvon Michel) a utilisé ce stratagème-là avec ses boxeurs et qu’il ne s’est pas fait prendre que c’est légal. »

L'IBF devrait maintenant lancer un nouvel appel d'offres afin de déterminer si une autre date et un autre lieu pourraient convenir à ce combat.

Beterbiev offre sa version de l'histoire