MONTRÉAL – Alors que les derniers spectateurs présents dans l’enceinte du Cabaret du Casino de Montréal étaient en train de quitter les lieux et qu’il ne restait que quelques travailleurs qui s’affairaient à démonter le ring, Mathieu Germain et le promoteur Camille Estephan sont venus rejoindre à leur table les quatre journalistes qui planchaient sur leur compte-rendu de la soirée.

Vainqueur de Jose Eduardo Lopez Rodriguez par décision unanime des juges une heure plus tôt, Germain (17-0-1, 8 K.-O.) n’avait pas immédiatement rencontré les membres de la presse après sa victoire, puisqu’Arslanbek Makhmudov se battait contre Jonathan Rice tout de suite après lui.

Mais les scribes tenaient absolument à échanger avec lui, d’autant plus qu’il venait de défendre sa ceinture nord-américaine des poids super-légers de l’IBF pour la troisième fois, mais surtout de prouver que son nul partagé contre Steve Claggett le 26 janvier était résolument derrière lui.

« Je voulais montrer que je fais partie de l’élite mondiale », a lancé d’entrée de jeu Germain, qui a enlevé tous les rounds sur les cartes des trois juges. Ce n’est pas le genre de chose que je dis pour le plaisir. Plus le niveau d’adversité va augmenter, plus mon talent de boxe va ressortir. »

Le boxeur âgé de 29 ans a démontré qu’il avait tiré plusieurs leçons de son affrontement contre Claggett en respectant un plan de match méthodique. Son désir de ne pas déroger à sa stratégie lui a peut-être même coûté une victoire par knock-out après qu’il eut ébranlé son adversaire au deuxième round. « Je m’étais dit que j’allais l’arrêter au troisième, c’est mon erreur, a-t-il avoué. »

« Je dois travailler là-dessus parce que je sais que je ne suis pas un David Lemieux ou un Steven Butler. Je suis capable de faire mal à mes adversaires, je leur fais tous mal, mais je ne réussis pas à les finir. Mais je suis un gars travaillant et je vais me retrousser les manches avec mon équipe.

« Ce n’est peut-être pas ma meilleure performance [en carrière], mais je ne voulais pas prendre de risques inutiles. J’ai montré à ce gars-là qu’il n’avait pas d’affaire dans le même ring que moi. Est-ce que j’aurais pu faire mieux? Oui, mais c’est parce que je suis critique envers moi-même. »

Mine de rien, Germain a mieux fait que les ex-champions du monde Viktor Postol et Humberto Soto face à Lopez Rodriguez, puisque le Mexicain était parvenu à leur arracher quelques rounds.

« Je savais que [Lopez Rodriguez] était un vrai, sauf qu’il n’avait pas nécessairement les mains super rapides. Si tu n’as pas les mains rapides et une bonne défense contre moi, tu ne pourras pas m’atteindre solidement, a expliqué Germain. Je voyais vraiment bien tous ses coups venir.

« Postol, Soto... ça ne me dérange pas, parce que ce sont des gars que je veux affronter. Dans les faits, je ne suis pas surpris d’avoir mieux fait qu’eux. Postol est super bon, mais il est nonchalant lorsque les choses se mettent à aller trop bien et il encaisse énormément de coups pour rien. »

Germain ambitionne plus que jamais de se mesurer aux meilleurs 140 livres et éventuellement venger son nul face à Claggett, mais il serait étonnant qu’il retrouve l’Albertain à court terme.

« À un moment donné, il faut être logique dans ses choix, a répondu Germain. Pour le moment, je n’ai pas du tout besoin de lui. C’est plus lui qui a besoin de moi. J’aimerais ça me rebattre avec lui, mais il n’a rien d’attrayant à m’offrir. Il revient d’une défaite et il ne possède pas de ceinture.

« Je suis prêt à me battre ici, aux États-Unis, n’importe où. Je ne dis jamais non, je dis oui. C’est mon promoteur et mon entraîneur Mike Moffa qui décident. Claggett a des croûtes à manger. »

Germain espère finalement que cette victoire décisive sur Lopez Rodriguez lui permettra enfin d’intégrer le top-15 du classement des super-légers de l’IBF, sans quoi il se dit prêt à retourner la ceinture. « Je mérite mon classement. Je ne demande pas au monde une faveur », a-t-il conclu.