L’année de boxe qui se termine aura été sur la scène internationale l’une des meilleures des 10 dernières années.

2017 a donné des combats qui ont grandement satisfait les amateurs de boxe et dont on parlera pendant des années.

Au Québec, la situation a été différente. Le cynisme des amateurs de boxe a augmenté devant les multiples controverses liées à des situations bien différentes. La boxe québécoise s’est tirée dans le pied à plusieurs reprises, que ce soit avec la paralysie du titre WBC des mi-lourds, les chicanes contractuelles, l‘émeute après la défaite de Steven Butler, la présence d’Angel Heredia aux côtés de Lucian Bute après son test antidopage positif pour son combat contre Eleider Alvarez, et surtout le coma dans lequel a été plongé le boxeur québécois David Whittom lors d’un combat au Nouveau-Brunswick.

Ces faits laissent un goût amer après une année de boxe québécoise qui avait tout pour être positive. Après tout, le Québec compte 2 champions du monde et 3 autres boxeurs ont combattu pour l’obtention d’un titre mondial.

Sauf que l’athlète qui mérite selon moi le titre de boxeur de l’année au Québec ne s’est pas battu en combat de championnat du monde, même s’il s’en est approché.  Lors de la première moitié de l’année, Eleider Alvarez a vaincu coup sur coup 2 des meilleurs boxeurs de notre histoire locale, les anciens titulaires mondiaux Lucian Bute et Jean Pascal. Il aura pratiquement poussé les 2 boxeurs vers la retraite!

J’aurais pu aussi décerner mon titre à David Lemieux (2 victoires décisives sur les ondes de HBO mais une défaite contre Billy Joe Saunders) ou au nouveau champion mondial IBF Artur Beterbiev (un seul combat en 2017, qui ne s’est pas déroulé au Palais de Justice). J’aurais aussi pu dire que l’année 2017 a été celle de Marc Ramsay, l’entraîneur des 3 boxeurs nommés plus tôt. Toutefois Alvarez a livré un parcours sans faille, et a surmonté les embuches qui ont été placées sur sa route pour l’écarter du choc légitime auquel il a droit depuis novembre 2015 face à Adonis Stevenson. Son promoteur Yvon Michel a bien tenté de nuancer la situation en affirmant qu’Alvarez avait accepté de céder sa place en échange de généreuses compensations financières.  Placé dans le rôle de la victime versus la mauvaise volonté présumée du duo Stevenson-Haymon, Alvarez a répondu fièrement aux affronts qui lui ont été faits. Si l’on regarde le dossier d’un autre point de vue, on peut se demander jusqu’à quel point Alvarez est réellement la victime de la situation. S’il accepte de se tasser, est-ce parce qu’il craint une défaite contre Stevenson?

Pendant ce temps le WBC se couvre de ridicule en disant « découvrir» la situation chez les mi-lourds et en décrétant une enquête. De son côté Adonis Stevenson a franchi le cap de la quarantaine. Champion depuis 2013, Stevenson n’aura boxé que 2 rounds en 2017, et 4 rounds en 2016.

En plus de Stevenson, Beterbiev et Lemieux, les 2 autres québécois en championnat du monde en 2017 n’ont pas très bien paru dans leurs combats respectifs. Bermane Stiverne n’a pas terminé le 1er round dans son 2e combat contre Deontay Wilder pour le titre WBC des lourds, alors que chez les dames, Vanessa Lepage-Joanisse s’est inclinée au 3e round de son duel contre Alejandra Jimenez pour les titres WBC féminin des poids lourds.

Le positif

Pas moins de 20 galas ont été présentés au Québec en 2017. Il s’agit du 3e plus haut total depuis les 10 dernières années. Le sommet au cours de cette période avait été enregistré en 2014 avec 23, suivi des 22 galas de 2016. C’est beaucoup de travail pour les employés de la Régie Québécoise des Sports de combat, qui s’occupent également des galas d'arts martiaux mixtes. L’équipe de Michel Hamelin occupe le haut du pavé au sein des organisations territoriales nord-américaines. La plupart des décisions ont été bien décernées, à part peut-être celle contre Yves Ulysse en octobre et celle en faveur de Francis Lafrenière en février. Au travers de cette année chargée, la Régie a vécu la perte de l’un de ses meilleurs arbitres, Marlon B. Wright, qui en 2017, avait été impliqué dans les combats Butler-Cook et Bute-Alvarez.

Malgré les embuches rencontrées en 2017, le Groupe Yvon Michel a tenu plusieurs de ses boxeurs actifs. L’Olympien de Rio Christian M’Billi aura été le boxeur québécois le plus occupé avec un total de 7 combats, tous remportés avant la limite. Shakeel Phinn (16-2) et Patrice Volny (10-0) ont tous deux disputé 6 combats. Il faudra voir comment Phinn se relèvera de défaite par décision contre Ramon Aguinaga, lui qui vient tout juste de signer un contrat chez GYM en compagnie de Mikael Zewski (2 combats en 2017). Mariève Dicaire (10-0) a aussi gagné en expérience avec les 4 combats disputés, dont une finale à Gatineau.

Chez Eye of the Tiger Management, on constate que la défaite est une option, et qu’on peut s’en remettre. Cette superbe attitude de vainqueur aura profité à Steven Butler (3-1 en 2017) et Yves Ulysse (4-1 en 2017) qui ont tous deux réussi leurs retours respectifs après une première défaite en carrière. Voilà de quoi motiver David Théroux, qui pour la 2e fois de sa carrière a subi la défaite chez lui à Sorel devant ses partisans. L’année 2017 aura été importante pour Simon Kean (12-0 en carrière) qui a disputé 5 combats pour un total de 18 rounds. En 2018, il faudra surveiller le spectaculaire Mathieu Germain (4-0 en 2017) et Custio Clayton (3-0 en 2017). La nouvelle vague de boxeurs des anciennes républiques de l’U.R.S.S. dirigée par Stéphan Larouche, avec Batyk Jukembayev en tête, poursuit son apprentissage de la vie nord-américaine et de la boxe professionnelle. Clovis Drolet, Kim Clavel et Vincent Thibault sont des nouveaux noms d’EOTM sur lesquels on pourra compter.

Enfin Promotions Rixa a occupé une part importante dans l’organisation de soirées de boxe, principalement lors des galas présentés à La Tohu de Montréal. Francis Lafrenière (3-0 en 2017) vivra une année charnière en 2018, et l’année qui se termine lui aura permis de se positionner sur l’échiquier mondial et de reprendre des énergies après une année 2016 assez folle. RIXA a aussi permis au jeune Eric Bazinyan de poursuivre son développement. Le super-moyens de 22 ans a récolté 3 autres K.-O. en 2017 pour porter sa fiche à 17-0 (12 victoires par K.-O.). Jordan Balmir a été le plus occupé de l’équipe avec 5 combats, dont son 1er à l’extérieur, gagné en décembre au Mexique, par k.-o.

À tous ces boxeurs, et aux autres dont Sébastien Bouchard, Mick Gadbois, Golden Garcia, Roody Pierre Paul, Dario et Bruno Bredician, Francy N’tetu, Ayaz Hussain, Louisbert Altidor, Whitney Baille, je vous souhaite la santé. À toi Eric Martel Bahoeli, je te souhaite la sagesse d’arrêter au bon moment (sans rancunes mon ami!) Et toutes nos pensées à David Whittom ainsi que ses proches.