TORONTO - Alors que fait rage le débat concernant les blessures au hockey mineur, les pédiatres souhaitent attirer l'attention sur un autre sport qui représente selon eux une menace pour la santé des enfants et des adolescents: la boxe.

Si la boxe amateure n'est pas aussi violente que les combats professionnels diffusés à la télévision, les pédiatres nord-américains soutiennent qu'elle comporte tout de même un grand risque de blessures à la tête.

Dans un document de principe publié lundi, la Société canadienne de pédiatrie et l'American Academy of Pediatrics demandent à ce que les jeunes athlètes, dont le cerveau est plus vulnérable aux commotions cérébrales, restent en dehors du ring.

D'autres sports comme le hockey et le football peuvent aussi causer des blessures, mais à la boxe, les coups intentionnels à la tête sont valorisés, rappelle la docteure Claire Leblanc, qui compte parmi les auteurs canadiens du document. La Dr Leblanc affirme que les enfants et les adolescents mettent plus de temps que les adultes à se remettre d'une commotion cérébrale.

Elle explique aussi que plus un jeune est victime de commotions, plus sa guérison sera longue, et plus graves seront les effets négatifs sur ses fonctions cognitives — mémoire, capacité à faire ses devoirs, maux de têtes chroniques.

Certaines études laissent entendre que les commotions cérébrales représentent près de la moitié des blessures causées par la pratique de la boxe, mais il n'est pas sûr que ces données s'appliquent aussi aux jeunes.

Selon Boxe Canada, l'organisme qui représente les boxeurs amateurs au pays, l'âge minimal au Canada pour prendre part à un combat est de onze ans. Environ 2000 jeunes âgés entre 11 et 16 ans sont inscrits en compétition auprès de Boxe Canada. Un quart d'entre eux sont des filles.

Le directeur de l'organisation, Robert Crête, soutient que le sport est mal compris et injustement visé par les médecins «qui ont vu trop de films de type 'Rocky'».

D'après M. Crête, les pugilistes amateurs passent la majeure partie de leur temps à frapper sur un sac de sable et non sur leurs camarades.

«Ce n'est pas comme au hockey, où les jeunes sont en compétition à chaque week-end», raconte-t-il. «S'ils font de la compétition deux fois par année, c'est considéré comme étant beaucoup.»

De plus, lorsqu'ils montent dans le ring, les amateurs ne visent pas à mettre K.O. leur adversaire, mais bien à accumuler des points, soutient Robert Crête. «Je n'ai jamais vu de boxeurs se faire mettre K.O. dans la division des poids légers, où se retrouvent habituellement les jeunes.»

Quelque 273 blessures liées à la boxe ont été signalées entre 1990 et 2007, selon le Système canadien hospitalier d'information et de recherche en prévention des traumatismes. Près de 70 pour cent de ces blessures concernaient des personnes de 18 et moins.

Le Système recueille des données auprès de 15 hôpitaux à travers le Canada, dont 10 centres hospitaliers pour enfants.

Plusieurs autres organisations, dont les associations médicales canadiennes, australiennes et britanniques, ont déjà fait pression pour que la boxe soit interdite aux jeunes. Certaines militent même pour que le sport soit carrément banni.