Bute : du repos, ensuite les questions
Boxe dimanche, 27 mai 2012. 14:25 jeudi, 12 déc. 2024. 23:40
NOTTINGHAM, L'Angleterre - Déjà, dimanche, quand Lucian Bute est descendu au restaurant de son hôtel à Nottingham pour le petit déjeuner, son oeil était moins enflé. Les blessures physiques subies la veille, dans un combat endiablé contre Carl Froch, avaient déjà commencé à se résorber. Mais peut-être pas les blessures psychiques.
En fait, celles-ci semblent avoir été mises en suspens. Les visages de Bute et de son entraîneur Stéphan Larouche, dimanche en fin de matinée, ne trahissaient aucune émotion. Pas de sourires, mais pas de mines déconfites non plus. Comme s'ils prenaient le café par un petit dimanche matin tranquille.
Sauf que quelques heures plus tôt, quand Bute a commenté son combat dans une salle de l'autre côté du corridor, il était clair que c'était lui le boxeur vaincu. La région de l'oeil gauche était enflée de l'arcade sourcilière jusqu'à la partie supérieure de la joue. Cinq points de suture avaient été fraîchement cousus sur la paupière. Il a fallu régulièrement appliquer de la glace pour empêcher que la coupure ne s'ouvre de nouveau.
"Je n'ai pas mal à la tête, je suis correct", a alors dit Bute pour rassurer tout le monde.
Bute peut se compter chanceux qu'il n'ait subi que ces séquelles physiques à la suite de sa défaite par arrêt de l'arbitre à 1:05 du cinquième round. Car après avoir fait jeu égal au premier round et lancé de bonnes salves au deuxième, le protégé d'InterBox s'est fait malmener pratiquement d'un bout à l'autre du troisième round. Puis, la cloche l'a sauvé alors qu'il était dans les câbles à la fin du quatrième.
"Si je n'avais pas de menton, je pense que je serais tombé dès le début du combat. J'ai reçu des coups pas mal solides", a reconnu celui qui avait défendu sa ceinture IBF des super-moyens avec succès à neuf reprises, et obtenu le droit de la porter pendant quatre années et demie.
Jusqu'au cinquième round, Bute se croyait encore capable de surprendre Froch avec son uppercut du gauche au corps. Larouche, lui, voyait les choses venir. Pendant la pause entre les quatrième et cinquième reprises, on pouvait sentir que le vétéran entraîneur et son entourage évaluaient la possibilité de lancer la serviette. C'est ce que Larouche a confirmé, en quelque sorte, après le combat.
"Avant le début du cinquième, j'ai dit à Lucian 'Je te donne à peu près une minute, fais-moi une belle minute'. Et ç'a duré à peu près ça, une minute, a indiqué Larouche. Mais c'est sûr que ça se détériorait. On était à un coup de poing ou deux de finir comme on a fini. Froch était confiant, sa droite rentrait entre les gants de Lucian à répétition, et Lucian était en mode survie."
"C'est une défaite très dure, mais je suis correct. Ça fait partie de la boxe, a ajouté Bute pour rassurer ses partisans, cette fois, quant à ses états d'âme. Tous les grands boxeurs ont perdu. Ce n'est pas la fin du monde."
Bute ne croyait peut-être pas vraiment ce qu'il disait. Du moins, pas à ce moment-là. Sans doute retrouvera-t-il un jour la conviction et la détermination qui le caractérisaient. Mais dans quelle mesure, et jusqu'à quel point cela lui permettra-t-il de frayer à nouveau avec les boxeurs de premier plan dans sa catégorie de poids, cela reste à voir.
Pour l'instant, Bute et son entourage ont fait le choix, fort rationnel, de ne pas se poser ces questions-là. De ne pas se torturer l'esprit à propos des conséquences qui pourrait découler de cette défaite survenue alors que le nouveau citoyen canadien était au seuil de la gloire, une gloire d'envergure mondiale. Ces questions-là viendront plus tard.
"Pour le moment, j'ai besoin de quelques semaines pour bien me reposer, a affirmé Bute. Le camp d'entraînement a été dur et long. Je vais prendre trois semaines, un mois de congé et après ça on va discuter.
"Mais je garde la tête haute. Je vais me reprendre."
"Rien ne presse pour régler la question du prochain combat, a déclaré Jean Bédard, le président d'InterBox. Il faut laisser retomber la poussière. Le métier de boxeur est très dur émotivement. Lucian mérite du repos et on va s'asseoir, dans les prochaines semaines, afin de dresser le bon plan pour que sa carrière continue."
Malgré les effets dévastateurs de la défaite de samedi, ces paroles lancées par Bédard et Larouche ont de quoi rassurer les fans de Bute, surtout ceux qui apprécient l'homme attachant qu'il est. Cela montre qu'on aime le boxeur chez InterBox, mais qu'on tient surtout à l'homme. Un homme qui a le respect immense et l'affection inconditionnelle des membres de son entourage.
"On va retourner à la planche à dessin, mais on va respecter Lucian dans (son choix de prendre du recul), a dit Larouche. On veut son bien. Il a besoin qu'il se retrouve lui-même. C'est le genre de défaite qui fait mal. Après un K.-O. comme ça, il faut prendre du temps pour soi et remettre le compteur à zéro. Lucian le réalise plus ou moins en ce moment, mais il va vivre un effet boomerang dans quelques jours.
"Sauf qu'une défaite comme celle-là n'est jamais aussi dramatique qu'on le croit au début. Plusieurs boxeurs, dont on croyait la carrière finie, l'ont relancée en revenant en force par la suite."
Froch, le finaliste défait du tournoi Super Six, en est l'exemple plus récent.
En fait, celles-ci semblent avoir été mises en suspens. Les visages de Bute et de son entraîneur Stéphan Larouche, dimanche en fin de matinée, ne trahissaient aucune émotion. Pas de sourires, mais pas de mines déconfites non plus. Comme s'ils prenaient le café par un petit dimanche matin tranquille.
Sauf que quelques heures plus tôt, quand Bute a commenté son combat dans une salle de l'autre côté du corridor, il était clair que c'était lui le boxeur vaincu. La région de l'oeil gauche était enflée de l'arcade sourcilière jusqu'à la partie supérieure de la joue. Cinq points de suture avaient été fraîchement cousus sur la paupière. Il a fallu régulièrement appliquer de la glace pour empêcher que la coupure ne s'ouvre de nouveau.
"Je n'ai pas mal à la tête, je suis correct", a alors dit Bute pour rassurer tout le monde.
Bute peut se compter chanceux qu'il n'ait subi que ces séquelles physiques à la suite de sa défaite par arrêt de l'arbitre à 1:05 du cinquième round. Car après avoir fait jeu égal au premier round et lancé de bonnes salves au deuxième, le protégé d'InterBox s'est fait malmener pratiquement d'un bout à l'autre du troisième round. Puis, la cloche l'a sauvé alors qu'il était dans les câbles à la fin du quatrième.
"Si je n'avais pas de menton, je pense que je serais tombé dès le début du combat. J'ai reçu des coups pas mal solides", a reconnu celui qui avait défendu sa ceinture IBF des super-moyens avec succès à neuf reprises, et obtenu le droit de la porter pendant quatre années et demie.
Jusqu'au cinquième round, Bute se croyait encore capable de surprendre Froch avec son uppercut du gauche au corps. Larouche, lui, voyait les choses venir. Pendant la pause entre les quatrième et cinquième reprises, on pouvait sentir que le vétéran entraîneur et son entourage évaluaient la possibilité de lancer la serviette. C'est ce que Larouche a confirmé, en quelque sorte, après le combat.
"Avant le début du cinquième, j'ai dit à Lucian 'Je te donne à peu près une minute, fais-moi une belle minute'. Et ç'a duré à peu près ça, une minute, a indiqué Larouche. Mais c'est sûr que ça se détériorait. On était à un coup de poing ou deux de finir comme on a fini. Froch était confiant, sa droite rentrait entre les gants de Lucian à répétition, et Lucian était en mode survie."
"C'est une défaite très dure, mais je suis correct. Ça fait partie de la boxe, a ajouté Bute pour rassurer ses partisans, cette fois, quant à ses états d'âme. Tous les grands boxeurs ont perdu. Ce n'est pas la fin du monde."
Bute ne croyait peut-être pas vraiment ce qu'il disait. Du moins, pas à ce moment-là. Sans doute retrouvera-t-il un jour la conviction et la détermination qui le caractérisaient. Mais dans quelle mesure, et jusqu'à quel point cela lui permettra-t-il de frayer à nouveau avec les boxeurs de premier plan dans sa catégorie de poids, cela reste à voir.
Pour l'instant, Bute et son entourage ont fait le choix, fort rationnel, de ne pas se poser ces questions-là. De ne pas se torturer l'esprit à propos des conséquences qui pourrait découler de cette défaite survenue alors que le nouveau citoyen canadien était au seuil de la gloire, une gloire d'envergure mondiale. Ces questions-là viendront plus tard.
"Pour le moment, j'ai besoin de quelques semaines pour bien me reposer, a affirmé Bute. Le camp d'entraînement a été dur et long. Je vais prendre trois semaines, un mois de congé et après ça on va discuter.
"Mais je garde la tête haute. Je vais me reprendre."
"Rien ne presse pour régler la question du prochain combat, a déclaré Jean Bédard, le président d'InterBox. Il faut laisser retomber la poussière. Le métier de boxeur est très dur émotivement. Lucian mérite du repos et on va s'asseoir, dans les prochaines semaines, afin de dresser le bon plan pour que sa carrière continue."
Malgré les effets dévastateurs de la défaite de samedi, ces paroles lancées par Bédard et Larouche ont de quoi rassurer les fans de Bute, surtout ceux qui apprécient l'homme attachant qu'il est. Cela montre qu'on aime le boxeur chez InterBox, mais qu'on tient surtout à l'homme. Un homme qui a le respect immense et l'affection inconditionnelle des membres de son entourage.
"On va retourner à la planche à dessin, mais on va respecter Lucian dans (son choix de prendre du recul), a dit Larouche. On veut son bien. Il a besoin qu'il se retrouve lui-même. C'est le genre de défaite qui fait mal. Après un K.-O. comme ça, il faut prendre du temps pour soi et remettre le compteur à zéro. Lucian le réalise plus ou moins en ce moment, mais il va vivre un effet boomerang dans quelques jours.
"Sauf qu'une défaite comme celle-là n'est jamais aussi dramatique qu'on le croit au début. Plusieurs boxeurs, dont on croyait la carrière finie, l'ont relancée en revenant en force par la suite."
Froch, le finaliste défait du tournoi Super Six, en est l'exemple plus récent.