« C’est moi le king! », s’est écrié Adonis Stevenson après sa victoire par K.-O. au cinquième engagement sur le Russe Dmitry Sukhotsky. « C’est moi le champion du monde, ceux qui veulent m’affronter n’ont qu’à se faire connaître. »

Outre cette victoire prévue de Superman, on a eu droit à quelques surprises au cours de la soirée. Tout d’abord, Artur Beterbiev qui a visité le tapis au premier round pour la première fois de sa carrière.

« Je n'ai pas forcé »

Personnellement j’ai cru qu’il s’agissait beaucoup plus d’une perte d’équilibre, mais Beterbiev a admis lui-même qu’il n’était pas encore totalement dégourdi quand il a reçu ce coup anodin.

Cette chute au tapis a réveillé en lui le sentiment de vengeance. Finalement, dès le son de cloche du deuxième engagement, il s’est mis à cogner sur son rival Jeff Page fils comme la misère cogne sur la pauvreté.

Ce qui devait arriver arriva. Pour la première fois de sa carrière, Page perdait un combat et encore pire, la défaite est survenue par arrêt de l’arbitre au deuxième round.

Quand le commentateur Jim Grey, après le triomphe, a fait allusion à la victoire de Beterbiev sur Sergey Kovalev chez les amateurs, le Russe s’est contenté de répondre : « Cela fait longtemps. Un boxeur évolue très vite chez les pros. Prenez mon cas… J’en apprends tous les jours ».

Le clou de la soirée

Mais le clou de la soirée a été cette violente altercation entre Kevin Bizier et Jo Jo Dan. Comme ce fut le cas lors du premier engagement entre les deux hommes, c’est encore Dan qui est sorti victorieux par décision partagée.

Dan, Dirrell et Beterbiev l'emportent

J’avais prédit une victoire de Dan, mais après leur rencontre, j’avais Bizier gagnant par 114-113. Avec un score aussi serré, je n’ai aucune objection à accepter la décision des juges. Mais selon moi, après 24 rounds de boxe entre les deux hommes, il n’y a toujours pas de gagnant assuré.

Ce que j’espère, c’est que les amateurs de boxe autant au Canada qu’aux États-Unis considèrent cette performance de la part de nos deux Canadiens parmi les combats de l’année d’un bout à l’autre du continent nord-américain.

Une chose est certaine… si jamais ces deux la veulent s’affronter à nouveau, vite trouvez-moi deux billets dans les premières rangées même si le combat a lieu à Macao.

Grâce à ce triomphe, Jo Jo Dan devient le premier aspirant à la couronne IBF des 147 livres, détenue par Kell Brook.

C’est malheureux pour Bizier qui était parvenu à envoyer Dan au tapis au septième engagement. Mais au lieu de capitaliser sur cette chute, le Québécois a ralenti son tempo si bien que Dan en a été quitte pour gagner les cinq derniers rounds du combat.

Lorsqu’on a demandé à Dan s’il voudrait rencontrer Bizier à nouveau, il a répondu : « Certainement, mais auparavant, je veux me mesurer à Kell Brook ».

Qui sera le prochain?

À la suite de son triomphe, il est permis de croire qu’enfin Adonis Stevenson va rencontrer un adversaire de calibre et retrouver la popularité qu’il avait acquise en 2013. Déjà un match entre lui et le gagnant du combat entre Jean Pascal et Sergey Kovalev est prévu pour 2015, mais souvenez-vous… Pascal et Kovalev sont sous contrat avec le réseau HBO et Stevenson avec Showtime.

Y a-t-il possibilité de rapprochement entre ces deux géants américains de la télé payante? C’est toujours possible mais peu probable. Puis, il ne faudrait pas oublier le premier aspirant à la couronne IBF de Sergey Kovalev, Nadjib Mohammedi. Je sais que Kathy Duva a négocié une entente pour que Pascal passe en avant de Mohammedi, mais qui sait… une contestation est toujours possible.

Lorsque Jim Gray de Showtime a demandé à notre Superman après sa victoire ce qu’il prévoyait faire en 2015, Adonis s’est contenté de répondre que ce n’était pas à lui de dicter sa ligne de conduite.
« Je vais laisser Al Haymon et GYM s’occuper de ces décisions, a-t-il souligné. Moi, ce qui m’intéresse, c’est de battre par K.-O. tous ceux qui se présentent devant moi. »

En passant le K.-O. à Sukhotsky, Superman y allait d’une quatorzième mise hors de combat en quinze rencontres, dont quatre se sont terminées au premier round.

Une revue de l’année

Un fait demeure… Nous venons d’assister à un excellent gala de boxe. En tout cas, beaucoup mieux que celui présenté à Montréal le 6 décembre dernier. C’est vrai que Sukhotsky n’a pas tenu le coup devant Stevenson et le chroniqueur Dan Rafael avait raison de dire que ce combat n’avait aucun sens car le Russe ne méritait pas de participer à un match de championnat. Mais il faut reconnaître qu’il a fait beaucoup mieux que Roberto Bolonti, qui s’est sauvé avec sa bourse et une carte de l’Union des artistes vers son pays natal après avoir passé quelques heures à l’urgence d’un hôpital montréalais.

Quant au boxeur de l’année chez nous, je louche du côté d’Artur Beterbiev. Il a livré quatre combats au cours des douze derniers mois et est sorti victorieux à chaque occasion.

Ses deux dernières sorties ont été impeccables contre Tavoris Cloud qu’il a assommé en deux rounds et vendredi soir à Québec, quand il a terrassé Jeff Page fils, lui faisant ainsi subir son premier revers en carrière professionnelle.

Aucun de nos quatre grands, outre David Lemieux, n’a épaté la galerie au cours de l’année qui se termine. Lucian Bute a été écrasé par Jean Pascal.
Jean Pascal n’a affronté personne parmi l’élite, pas plus qu’Adonis Stevenson. Or, si jamais Beterbiev est contesté, la contestation viendra de la part de David Lemieux, brillant lors de son triomphe contre Gabriel Rosado.

Enfin, disons que l’année 2014 n’a pas été la meilleure de tous les temps dans le monde de la boxe au Québec, mais ce dernier gala au Colisée Pepsi de la Vieille Capitale nous permet d’anticiper des jours meilleurs pour 2015.

Bonne boxe!