Si Adonis Stevenson n’a pas livré le meilleur combat de sa carrière, il a certes enregistré le plus spectaculaire de son histoire professionnelle. Et si je m’appelais Eleider Alvarez, j’y penserais deux fois avant de me mesurer à lui à l’automne.

À 38 ans, Adonis a prouvé qu’il était toujours en superbe forme. Et ses journées entières passées au gymnase ont porté fruit.

Adonis envoie Thomas Williams fils au pays des rêves

Par moment, on aurait dit qu’il se prenait pour George Foreman qui, à 38 ans, mettait un terme à sa retraite de dix ans et se lançait à la conquête d’un nouveau championnat.

Au Centre Vidéotron de Québec samedi soir, non seulement Superman a-t-il émerveillé la foule par sa prestation spectaculaire, mais aussi les réseaux américains.

Adonis me rappelait les bons vieux combats entre Rocky Graziano et Tony Zale, ou encore Marvelous Marvin Hagler contre Thommy Hearns. Tout en attaque. Au diable la défense. On joue pour la foule, pour la télé, pour le prochain combat. Par moments, on aurait dit une vraie bataille de rue. C’est celui qui atteindra l’autre le premier.

Tout un spectacle

Si on voulait donner une cote de popularité à ce match de championnat, elle se situerait à environ 9,5.

Enfin, Adonis a trouvé sur sa route un boxeur qui n’a pas eu peur de le confronter coup pour coup. Oui, Thomas Williams a été mis K.-O. au quatrième engagement sur un court crochet de la gauche, mais il pourra toujours dire à sa progéniture qu’il a tenu tête pendant près de neuf minutes au champion, qui défendait sa couronne WBC pour la septième fois de son règne.

Williams est même parvenu à malmener Superman, surtout au troisième engagement. Voyant cela, Adonis s’est rabattu sur le jeu d’échecs, qu’il maîtrise à merveille. Voyant son rival se lancer en attaque, Adonis a fait tout comme lui. Si bien qu’à la fin du troisième engagement, Williams était content d’entendre la cloche mettant fin au round.

Qu'est-ce qui attend Adonis Stevenson?

La question qu’il faut maintenant se poser est… Williams frappe-t-il aussi fort que Sergey Kovalev qui pourrait éventuellement se mesurer à lui à condition qu’il parvienne à vaincre Andre Ward et que le clan Stevenson puisse s’entendre avec celui de Kathy Duva?

Un long repos

Lorsqu’on a fait remarquer à Adonis qu’il n’était pas monté sur le ring depuis une dizaine de mois, il s’est contenté de répondre : « Ç'as-tu paru… »

En tout cas, il a paru maître de la situation en tout temps, même quand Williams a connu ses meilleurs moments en troisième. Adonis a aussi prouvé qu’il avait un bon menton. Ce menton serait-il assez résistant si jamais le combat de rêve contre Kovalev se matérialisait?

Une chose est certaine, la bagarre entre Stevenson et Williams a été le clou de la soirée, comme on s’y attendait.

Et Eleider?

Maintenant, passons à Eleider Alvarez. Il a facilement éclipsé son rival Robert Berridge, un remplaçant de dernière minute.

Le Néo-zélandais devait se battre à la télé de HBO il y a quelques semaines, mais il fut refusé d’entrée aux États-Unis. C’est à ce moment que le Groupe Yvon Michel a vu un rival de classe pour Alvarez.

La foule ne réagit pas

Le Colombien est parvenu à gagner la décision unanime sur Berridge, mais ce fut quand même le moins bon combat de la soirée. Et je me demande toujours comment Yvon Michel s’y prendra pour attirer les gens à un affrontement entre Eleider et Adonis.

Alvarez conserve sa fiche parfaite

Défensivement, Storm Alvarez peut rivaliser avec les meilleurs de sa division. Mais ses performances offensives sont ternes et c’est justement cette même offensive qui fait vendre des billets.

Le Cubain Guillermo Rigondeaux a compris le message. Superbe pugiliste, champion WBA des super-coqs, Rigondeaux a passé le K.-O. à trois de ses quatre derniers adversaires.

Après avoir vu les réseaux payants de la télévision le laisser tomber à cause de ses prestations plus ou moins au goût des amateurs, il a compris que c’est avec une attaque féroce et contrôlée que la foule et les partisans embarquent et achètent des billets et les combats à la télé.

Soudainement, de super boxeur au style plutôt défensif, il est devenu un pugiliste capable d’attirer les foules en terrassant ses rivaux, tout en continuant d’être un maître défensif.

Imiter Rigondeaux

Alvarez devrait tenter d’imiter Rigondeaux. On dirait par moment que c’est son amateurisme qui l’emporte sur son professionnalisme et les promoteurs hésitent à organiser des combats pour de tels boxeurs.

En terminant, laissez-moi vous dire un petit mot sur le poids lourd Oscar Rivas, auteur de sa vingtième victoire en carrière aux dépens de Jeremiah Karpency, par K.-O. technique/3.

Ce n’était pas la semaine des Karpency. En l’espace de six jours, les deux frères Jeremiah et Tommy ont été passés K.-O.

On n’a pas fini d’entendre parler d’Oscar Rivas. Si le style de son compatriote Eleider Alverez est centré sur la défense, le sien est tout le contraire. Pour le moment, il ne fait pas partie des meilleurs aspirants chez les poids lourds, mais cela viendra.

Un fait demeure, la télévision américaine commence à le connaître et j’aimerais le voir contre Bermane Stiverne, notre ex-champion mondial.

Disons qu’Yvon Michel a des plans bien précis pour lui.

Bonne boxe!