Enfin, la boxe québécoise sera de retour dans les prochaines semaines. Il était temps, vous diront les nombreux amateurs de ce sport. 

Mais souvenez-vous... avant de marcher, il faut apprendre à se traîner. Chacun de nous a passé par ce processus. La même chose s’applique pour les accidentés. Avant de marcher, il leur faut une longue thérapie de réadaptation. 

C’est pareil pour les boxeurs. Après une longue inactivité, il faut se refaire la main et ensuite reprendre le rêve qui conduit aux plus hauts honneurs. 

C’est un peu ce qui se passe dans la boxe québécoise actuellement et les deux principaux promoteurs Yvon Michel et Camille Estephan ont compris et ont agi en conséquence. 

Pourquoi Oscar Rivas (26-1-0—18 K.-O.) affronte-t-il un boxeur qu’il a déjà vaincu il y a neuf ans et qui n’a pas livré un seul combat depuis près de cinq ans? Rares sont ceux qui croient que Sylvera Louis (8-5-0—4 K.-O.) pourrait vaincre Rivas, à moins de l’intervention de l’Esprit saint, mais il y a une raison pourquoi il a été choisi. 

Rivas n’a pas boxé depuis 18 mois et a besoin de retrouver les moyens qu’il avait avant la pandémie, avant de se mesurer à des Carlos Takam ou encore Bryant Jennings. 

Déjà il est classé le meilleur chez les poids de la nouvelle division Bridger et contre Louis, son poids ne devra pas dépasser 224 livres. Il gagne avec brio et le match de championnat mondial n’est pas loin. 

Rivas fera les frais de la finale à l’hôtel Plaza, de Québec, le 16 mars prochain. Il s’agit du premier gala de GYM depuis le 23 novembre 2019, soit il y a plus 16 mois. 

David Lemieux (42-4-0—35 K.-O.) 

C’est la même chose pour David Lemieux. Dans sa tête, le visage de Canelo Alvarez est toujours là pour le hanter, mais avant de se rendre à lui, il lui faut reprendre là où il était avant l’arrêt obligatoire à cause de la COVID-19. Et c’est Robert Talarek (24-13-3—16 K.-O.) qui devrait écoper. 

Pourquoi Talarek?  Parce qu’il a gagné quatre de ses cinq derniers combats.  L’autre a été un verdict nul. 

Ce n’est pas tout. Talarek n’a pas perdu un duel par K.-O. depuis 2015, alors que Liam Smith avait été déclaré victorieux au huitième engagement à la suite d’une vilaine coupure sous l’œil gauche de Talarek. 

En somme, Talarek n’a jamais perdu par un vrai K.-O.. En tout cas, il n’a jamais été assommé en 40 batailles. 

Lemieux sort victorieux et voilà, c’est reparti. Il est déjà classé troisième à la WBC, la WBA et la WBO. 

Canelo Alvarez a déclaré qu’il boxera quatre fois en 2021. Un affrontement contre Lemieux est peut-être dans les cartes?  

Simon Kean (19-1-0—18 K.-O.) 

En sous-carte, ce sera aussi le retour de Simon Kean, Mathieu Germain et Steve Claggett, le 17 avril prochain au Centre Vidéotron de Québec. 

C’est un nouveau Simon Kean qu’on retrouvera sur le ring.

Tout d’abord, il est sobre depuis plus d’un an.  Il réside maintenant en permanence à Montréal, où il s’entraîne régulièrement au gymnase de Marc Ramsay. De plus, il a un nouvel entraîneur en la personne de Vincent Auclair. Ça nous donne une idée de ses intentions futures. 

Kean se retrouvera sur le ring avec plus d’un an de retard soit depuis le jour où il a pulvérisé Daniel Martz au troisième engagement, le 21 février 2020. 

Avec une fiche de 19 victoires, un seul revers et 18 K.-O., il est temps que Kean pense à demain. À 32 ans, il est encore jeune, mais le temps est venu pour lui d’affronter des boxeurs de son rang, après ce retour sur le ring. Après tout, il est installé au 27e rang des meilleurs poids lourds au monde.

Aucun doute que Kean est un meilleur boxeur que Stan Surmacz (12-1-0—7 K.-O.), son prochain rival. En tout cas s’il n’est pas meilleur, il est plus expérimenté, c’est évident. 

Surmacsz est le boxeur idéal pour savoir où on est rendu dans sa carrière. À 30 ans, il est relativement jeune. Il a gagné ses six derniers combats, mais il est inactif depuis 15 mois. 

Il devrait livrer un match assez intéressant à Kean, mais je doute qu’il dépasse le troisième round. En somme, c’est lui qui sera le baromètre pour Kean. Si le boxeur natif de Trois-Rivières éprouvait des difficultés avec ce jeune homme d’Edmonton, en Alberta, c’est son avenir qui en dépendrait. 

Marie-Ève Dicaire (17-0-0—0 K.-O.) 

Enfin, on saura si Marie-Ève Dicaire est aussi bonne que sa fiche ne l’indique. En affrontant Claressa Shields (10-0-0—2 K.-O.), elle se mesure à la crème de la crème, une championne qui ne craint pas de mettre ses quatre titres en jeu. 

«Il n'y a qu'une seule plus grande boxeuse de l'histoire et c'est moi»

C’est elle qui a la tâche la plus difficile sur les bras de tous nos boxeurs qui reprendront le collier.  

Quand on dit que Marie-Ève Dicaire a du cran, on peut la croire. Elle n’a pas boxé depuis le 23 novembre 2019, soit depuis 16 mois, quand viendra le temps de monter sur le ring du Dort General Event Center, de Flint, la ville natale de la double médaillée d’or des Jeux olympiques de 2012 et 2016, dans le Michigan. 

Dicaire est une boxeuse classique tandis que Shields est échevelée. Elle avoue elle-même que par moment elle ignore quel sera son prochain geste. C’est la marque des champions. 

Dicaire est bien connue au Québec, mais pratiquement inconnue en terre américaine. Une victoire et tout changera.  Ce ne sera pas facile. Mais où il y a de la vie, il y a de l’espoir. 

Si jamais Dicaire devait rafler toutes les ceintures de Shields, ce serait comme gagner le gros lot à la loterie. 

Artur Bterbiev (15-0-0—15 K.-O.) 

Artur Beterbiev n’a pas combattu sur un ring du Québec depuis maintenant quatre ans et deux mois. La dernière fois qu’on l’a vu chez nous, c’était au Casino du Lac-Leamy, le 23 décembre 2016, alors qu’il avait pulvérisé Isidro Ranoni Prieto en 2 minutes et 44 secondes. 

Il a livré ses quatre derniers combats en sol américain, son dernier étant le 18 octobre 2019, alors qu’il avait poussé Oleksandr Gvozdyk, le tombeur d’Adonis Stevenson, à la retraite. 

Cette fois, il se retrouve parmi les siens en Russie. 

Beterbiev se dit totalement remis de son attaque de COVID-19 et il devrait monter sur le ring, à Moscou, le 27 mars prochain. Même rouillé par l’inactivité, il ne devrait pas avoir de problème à ajouter le nom d’Adam Deines (19-1-1—10 K.-O.) à sa liste de victimes et pourquoi pas avec son 16e K.-O. en autant de combats. 

Christian Mbilli (17-0-0—16 K.-O.) 

Au moment où j’écris ces lignes, il ne sait toujours pas contre qui il boxera.  Son rival du 18 mars à Porto Rico devait être Ievgen Khytrov, un as chez les amateurs, mais il a dû se désister à causes de séquelles de la COVID-19. 

Mbilli a toujours l’intention de devenir champion et il ne recule devant personne. La balle est donc dans le camp de Camil Estephan qui devra trouver un remplaçant.  

Arslanbek Makhmudov (11-0-0—11 K.-O.) 

J’ai hâte de voir contre qui on va envoyer contre Arslanbek Makhmudov lors de son prochain combat. Maintenant qu’il est avec Golden Boy, les valves monétaires peuvent être ouvertes beaucoup plus grandes. 

Makhmudov est actuellement classé en 25e place des meilleurs poids lourds au monde. Il a 31 ans et il est temps qu’il laisse tomber les Dillon Carman, Samuel Peter et tous ces pieds de céleri, et qu’il affronte des rivaux de sa classe.   

Avec sa 25e place chez BoxRec, Makhmudov se retrouve en compagnie de boxeurs tels Carlos Takam (39-5-1—28 K.-O.), le Chinois Zhilei Zhang (22-0-0—17 K.-O.), Junior Fa (19-0-0—10 K.-O.) et Agit Kabayel (20-0-0—13 K.-O.) pour ne nommer que ceux-là. 

Il n’y a pas si longtemps, Camille Estephan offrait pas moins de 20 millions $ pour que Makhmudov affronte le gagnant d’un match entre Tyson Fury et Deontay Wilder et pas plus tard que le 7 janvier dernier, le gros Russe se disait prêt à se mesurer à Joe Joyce, le tombeur de Daniel Dubois et normalement le prochain rival d’Oleksandr Usyk. 

Alors fini les cannes de tomates, les pieds de céleri et les navets. Le talent de Makhmudov est évident. Mais tant et aussi longtemps qu’il n’aura pas affronté des rivaux de sa classe, on ne saura jamais s’il pourra un jour aspirer aux grands honneurs. 

Qui a dit que la boxe était un sport dangereux? 

Le président de la WBC Mauricio Sulaiman ne cesse de célébrer la nouvelle voulant que la boxe ne soit plus un des dix sports les plus dangereux sur la planète. 

Le 17 février dernier, World Boxing News rapportait que la boxe venait bien loin derrière les sports les plus dangereux au monde. Bref, on retrouve maintenant ce sport en 14e place 

La palme va au saut extrême suivi du delta-plane. Dans les autres sports plus dangereux que la boxe, on retrouve la course automobile, l’escalade en montagne, le cyclisme, le rugby, le polo, les combats de taureaux, la monte du taureau, la plongée sous-marine, le ski et le cheerleading

Pourquoi la boxe est-elle devenue moins dangereuse qu’avant? « À cause des nombreux changements qui y ont été apportés au cours des ans, d’expliquer Sulaiman. Les matchs sont de 12 rounds au lieu de 15. La pesée se fait non pas six heures avant le match, mais le jour précédent. Les gants ne sont plus de quatre ou six onces, ils sont maintenant de huit et dix onces.  Enfin, il y les examens médicaux qui sont obligatoires. » 

En 1963, pas moins de 43 boxeurs avaient connu la mort dans le monde. En 2019, selon Box Rec, ce chiffre est tombé à quatre. Les malheureux disparus ont été Maxim Dadashev, Hugo Alfredo Santillan, Boris Stanchov et Patrick Day. 

Samedi soir à 22 h à RDS2 et RDS Direct

Quand deux Mexicains se rencontrent dans un match de boxe on peut s’attendre à un vrai feu d’artifice, parole du promoteur Bob Arum. C’est lui qui avait organisé la trilogie entre les champions Marco Antonio Barrera et Erik Morales. 

Il s’attend à la même performance de la part de Miguel Berchelt et d’Oscar Valdez, samedi soir, dans la bulle du MGM Grand, de Las Vegas 

Berchelt (38-1-0—34 K.-O.) est champion WBC des super-plumes depuis maintenant plus de quatre ans. Sa plus grande qualité est sa force de frappe. De ses 37 victoires, 33 ont été acquises par mise hors de combat. 

De son côté, Oscar Valdez est lui aussi reconnu comme un dur cogneur, mais à un poids moins élevé que celui de Berchelt. Il est l’ex-champion mondial des plumes de la WBO, mais le titre appartient maintenant à Jameel Herring. 

C’est le titre WBC des super-plumes de Berchelt qui sera à l’enjeu. Sa fiche est de 7-0-0—6 K.-O. en match de championnat. De son côté, Valdez présente une fiche de 6-0-0—3 K.-O. en défense de sa couronne. 

Une confrontation entre Mexicains de la classe d’élite, on ne peut demander plus. 

Bonne boxe!