Camille Estephan défend le travail des employés de la RACJ
La virulente sortie du promoteur Yvon Michel à la suite de la défaite de Kim Clavel par décision partagée des juges contre Evelin Nazarena Bermudez samedi soir à la Place Bell, a provoqué énormément de remous dans le petit monde de la boxe québécoise au cours des derniers jours.
En conférence de presse d'après-combat, Michel a notamment sévèrement critiqué la carte de 96-94 remise par le juge québécois Benoît Roussel avant d'ajouter que la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) – l'organisme qui supervise les sports de combat au Québec – n'avait précédemment pas obtempéré à sa demande de remplacer Roussel. Michel a également insinué que des statistiques colligées à l'interne remettaient en question la qualité du travail de Roussel.
Dans un texte publié dimanche sur Radio-Canada Sports, le respecté chroniqueur Martin Leclerc a rapporté que Michel s'en était pris verbalement à la responsable des officiels de la RACJ Sylvie L'Écuyer pour avoir assigné Roussel au duel opposant Clavel et Bermudez et que le juge avait dû être escorté à son véhicule afin d'assurer sa sécurité. À noter que Michel a depuis véhément nié les allégations en disant que ses échanges avec les membres de la RACJ étaient restés courtois.
Appelé à commenter la situation en marge de la pesée en vue d'un événement qu'Eye of the Tiger Management présentera mercredi soir au Cabaret du Casino de Montréal, le promoteur Camille Estephan ne s'est pas fait prier pour déplorer que son sport soit entaché par les commentaires de son compétiteur avec lequel il entretient une rivalité depuis très longtemps.
« J'ai vécu une déception en entendant le [chroniqueur d'économie sportive et collaborateur à RDS] Ray Lalonde dire sur les ondes de BPM Sports que l'élément cirque doit sortir de la boxe professionnelle, a lâché Estephan en impromptu de presse. On est mis là-dedans, malgré nous. Ça fait mal à la boxe des agissements similaires. On essaie de montrer à quel point on est professionnels et de se faire "garrocher" des roches de même, ça me fait vraiment de la peine.»
« Le travail d'un juge n'est pas facile, mais je sais que nous avons des juges comme Roussel et des arbitres comme Michael Griffin qui sont très bons et qui sont invités à travailler partout [sur la planète]. Ça ne veut pas dire qu'un individu ne peut pas connaître une mauvaise soirée et je ne suis pas là pour juger le travail de Roussel. Je n'ai pas vu le combat, juste les faits saillants. »
Fondamentalement, Estephan en avait surtout contre le fait que des employés de la RACJ ont été ciblés, expliquant que les employés de l'organisme étaient extrêmement dévoués et qu'ils ont surtout toujours fait preuve d'une grande coopération depuis qu'il œuvre dans l'industrie.
« L'intimidation, c'est inacceptable, a martelé le promoteur. Je ne sais pas ce qui est arrivé et je ne veux pas me mouiller, mais identifier une personne en public et s'attaquer à des employés qui essaient de faire de leur mieux, c'est inacceptable. Ce n'est pas l'image que ce sport doit avoir.
« Ça me fait vraiment de quoi et je tiens à dire que la Régie fait de l'excellent travail. Il n'y a aucun doute que les gens qui y travaillent sont là pour les bonnes raisons. Les athlètes sont bien protégés et c'est la seule commission qui s'assure que les boxeurs soient bel et bien payés. C'est très bien géré et au nom de la boxe professionnelle, je veux qu'on s'excuse à tous ces gens-là. »
De son côté, l'entraîneur de réputation internationale Marc Ramsay a indiqué comprendre la frustration ressentie par l'entourage de Clavel et la boxeuse elle-même à la suite de l'annonce du verdict, mais que cela faisait intrinsèquement partie d'un sport jugé comme l'est la boxe.
« Ç'a été un combat très serré qui aurait pu aller d'un côté comme de l'autre, a d'abord expliqué Ramsay. J'ai moi-même été victime dans le passé de décisions que je pensais en ma faveur. Et d'autres fois, j'ai eu des décisions que je ne pensais pas mériter. Ça fait partie de la business. »
L'entraîneur du champion unifié des poids mi-lourds Artur Beterbiev a mentionné n'avoir jamais véritablement exigé qu'un arbitre ou encore un juge québécois soit remplacé en vue d'un duel.
« Prenons l'exemple du prochain combat de Beterbiev (contre Callum Smith qui sera présenté à Québec le 13 janvier, NDLR). Normalement, il devrait y avoir un juge du Québec, un juge de l'Angleterre et un juge neutre ou un juge du Québec et deux juges neutres, a précisé Ramsay.
« Pour les juges neutres, j'aime bien avoir la liste, car nous savons que certains favorisent les techniciens et d'autres ceux un peu plus robustes. Avec ceux d'ici, je m'en mêle très rarement. »