Alors que le Réseau des sports est en pleines célébrations de son 25e anniversaire de fondation, il est difficile d’oublier les performances de deux des nôtres pour un chroniqueur de boxe.

Ne manquez pas « Frères du ring » en rediffusion mercredi à 15 h et samedi à 22 h.

Dans les années 1990, le Québec a connu les deux boxeurs qui ont ouvert toute grande la porte aux matchs de championnats. Vous aurez compris que je veux parler ici de Stéphane Ouellet et d’Éric Lucas.

Le premier a failli se rendre jusqu’au championnat mondial, mais il a dû se contenter du titre canadien.

À qui la faute? Lui-même sait exactement pourquoi il n’a pas percé sur la scène mondiale comme son ami et compagnon de gymnase, Éric Lucas. Disons pour les besoins de la cause que Stéphane Ouellet ne s’est pas aidé par moment. Mais il a toujours prétendu qu’on lui avait fait un coup salaud au moment où il était le premier aspirant à la couronne mondiale. On lui avait préféré Dave Hilton.

« Ouellet m'a ouvert la porte »

Mais lors d’une fête, ce n’est pas le temps de sasser de mauvais souvenirs.

Quant à Éric Lucas, à force de travail et d’acharnement, il a coiffé la couronne mondiale WBC des super-moyens, et il a fallu une décision douteuse en Allemagne contre Markus Beyer pour lui ravir le titre qu’il chérissait tant.

C’est incroyable de voir comment Stéphane et Éric ont des affinités. Tous deux sont nés en 1971 à huit jours d’intervalle. Éric le 29 mai et Stéphane le 6 juin. Tous deux ont commencé leur carrière professionnelle le même jour dans le patelin de Stéphane Ouellet, à Jonquière.

Tous deux sont sortis victorieux à leur première tentative chez les pros. Éric par décision unanime en quatre rounds et Stéphane par K.-O. technique aussi en quatre rounds. Et tous deux ont effectué un retour avant de finalement accrocher leurs gants.

Ouellet peu bavard mais en pleine forme

Déjà Yvon Michel nous avait mis au courant du talent des deux pugilistes, si bien que le président du temps à RDS, Gérald Jeanneteau, décida de déléguer toute l’équipe de commentateurs sur place à l’Hôtel Roussillon de Jonquière et de faire la description des matchs en direct. D’ailleurs, le président avait même décidé de nous accompagner pour ce gala au Saguenay.

Pourquoi me souviens-je de cette soirée à Jonquière? Ce n’est pas tellement à la suite de la performance de nos deux jeunes, mais plutôt à cause du retour qui s’est fait en avion en pleine nuit et en pleine tempête de neige.

Je n’ai jamais tellement aimé voyager en avion. Mais disons que par le passé, j’avais toujours su m’en sortir. Mais cette nuit du 18 décembre 1991, je m’en souviendrai toujours.

Tout d’abord, en embarquant à bord, on nous annonça que la chaufferette ne fonctionnait pas. Mais ce n’était pas un problème puisqu’en vol, le tout redeviendrait à la normale.

Ce qui devait arriver arriva. La maudite chaufferette n’a jamais jeté de chaleur et nous étions gelés comme des rats à bord, à dix mille pieds d’altitude.

Nous étions une dizaine dans le petit appareil, brassé de tous bords tous côtés avec un vent de face qui nous permettait à peine d’avancer.

Après une éternité, nous avons été obligés de faire escale à Québec, en pleine nuit et par une tempête de neige de décembre. Une vraie...

C’est là que j’ai décidé de faire le trajet Québec-Laval en taxi s’il le fallait.

Mais à force de me faire rassurer, de me faire dire qu’il n’y avait pas de danger après tout, je suis remonté à bord et j’ai pris ma pilule. Si je devais mourir en avion, aussi bien rendre mon dernier soupir en compagnie de mon président.

Inutile de vous dire qu’en arrivant à Dorval, j’ai embrassé le sol gelé.

C’est bien pour dire. J’ai de la difficulté à me souvenir ce qui s’est passé au cours du gala de boxe, mais je me rappelle presque de minute en minute comment s’est déroulé le voyage à bord de l’avion.

Mais revenons à nos boxeurs...

Leur parrain, Yvon Michel, avait ceci à dire au sujet de ses deux trouvailles : « Stéphane Ouellet était d’abord et avant tout, un artiste du ring. Il était plus un artiste qu’un athlète. »

Dans le fond, il ressemblait à son père Angémil, un de nos très bons peintres québécois. Seule différence… Angémil était peintre et Stéphane pratiquait l’art de la boxe et de la poésie.

Stéphane lui-même sur les ondes de RDS avait déclaré au sujet de sa carrière qui était active à ce moment que : « Mon corps et mon âme s’entendent assez bien. J’ai hâte qu’ils s’entendent comme il le faut parce que je commence à être tanné. »

Yvon Michel dit d’Éric Lucas : « Il est un individu extrêmement entêté, très déterminé. »

Mon opinion sur le sujet : J’ai toujours cru que le talent allait à l’avantage de Stéphane Ouellet, mais que le travail et l’acharnement pesaient plutôt du côté d’Éric Lucas.

Les deux ont grandi avec RDS et le Réseau des sports a grandi avec eux. Ces deux pugilistes québécois pure laine ont été les précurseurs de la boxe internationale chez nous et ils ont ouvert la porte à tous nos champions mondiaux qui ont suivi.

Bonne boxe.