L’heure de vérité est arrivée pour David Lemieux. Dans quelques heures nous saurons si la jeune vedette de la boxe québécoise a l’étoffe d’un champion du monde. Lemieux tentera de réussir alors que Bermane Stiverne, Jean Pascal et Jo Jo Dan ont été incapables de gagner leurs combats de championnat du monde en 2015. Malgré la multitude des ceintures de champion du monde qui sont décernées, en décrocher une dans le plus exigeant des sports demeure un grand exploit.

Par un heureux concours de circonstances, le protégé de Eye of the Tiger Management s’est vu accorder le privilège d’affronter Hassan N’Dam pour le titre vacant de l’IBF des 160 livres. Avant de penser à la gloire et aux millions de dollars que pourraient rapporter une ceinture et des combats lucratifs contre les grandes vedettes de la division des poids moyens, David Lemieux doit demeurer concentrer sur N’Dam. D’ailleurs, la concentration sera nécessaire à chaque instant de ce combat qui pourrait être très long, et qui est loin d’être acquis pour le québécois.

Une corrida

D’autres l’ont mentionné cette semaine, mais l’arène du Centre Bell nous offrira une confrontation digne d’une corrida. Par sa force de frappe, Lemieux représente le taureau enragé. Par la grâce de ses déplacements, N’Dam est le torero. Son jab sont ses banderilles qui peuvent piquer la bête et causer les dommages à long terme.

La concentration sera la clé pour Lemieux. Son promoteur Bernard Hopkins, mentionnait lors de son passage dans nos studios qu’en plus d’être l’agresseur, Lemieux devra en plus avoir le dernier mot. L’action de Lemieux entraînera une réaction du français, à laquelle le québécois devra riposter. L’exécution de telles manœuvres demande un très haut Q.I. de boxe et exige une grande patience. Le David Lemieux de 2011, âgé de 22 ans, était incapable de telles choses. Est-ce que celui de 2015, âgé de 26, en est capable? «Vous allez voir l’intelligence de Lemieux» estime Hopkins. «Il devra trouver tôt dans le combat, pas tard, comment sortir gagnant des échanges. Mais il rencontrera des difficultés parce que N’Dam n’est pas du genre à rester passif.»

Je ne suis pas convaincu de la science de la boxe de Lemieux. Ce que je retiens c’est d’abord l’aspect primitif. Nous avons souvent tendance à croire qu’un « puncher » ne peut pas être brillant. Sauf que le protégé de Marc Ramsay n’est plus celui qui souffre « de la maladie du cogneur» comme le disait son ancien entraîneur Russ Anber. Il sait doser, et bien distribuer ses énergies.

Au sujet de l’aspect physique, je suis convaincu que comme N’Dam, David Lemieux est capable de franchir les 12 rounds avec énormément d’énergie. Lors de son combat contre Gabriel Rosado, on n’a pas vu ralentir la machine préparée par Jarek Kulecza, et aucun indice ne nous laissait présager du contraire.

David Lemieux accepte énormément de coups pour pouvoir en distribuer des plus violents. À ce chapitre, et c’est ce qui me fait pencher en faveur de Lemieux, il aura à ce chapitre un avantage indéniable, qui surpasse le facteur d’expérience dont bénéficie le français. La défensive de Lemieux m’a souvent fait frémir, mais on ne l’a jamais vu ébranlé. Et à moins d’une surprise, N’Dam ne sera pas en mesure de le faire.

Si Lemieux devient champion, ce sera à bout de patience et d’intelligence. Mais une bonne claque au 2e round peut aussi bien faire le travail, et n’enlèvera rien à la valeur de N’Dam comme adversaire de qualité!

Gros contrat pour Dierry

Je souhaite le plus grand des succès à l’organisation Eye of the Tiger Management. Les différents juridiques qui opposent la firme à Yvon Michel à propos des droits de David Lemieux, passé chez Golden Boy Promotions, je laisse ça aux avocats. Eye of The Tiger Management est réellement une famille, qui compte actuellement le plus grand nombre de boxeurs au Québec, dans son écurie.

« Un feu d'artifices »

Plusieurs des boxeurs de EOTM auront l’occasion de briller samedi soir. Steven Butler, qui doit prendre des notes et s’inspirer de la carrière de David Lemieux, a un potentiel de supervedette. Des choses intéressantes pourraient arriver à Schiller Hyppolite, Mian Hussain et Ghislain Maduma.

Quant à Dierry Jean, il fait face à un adversaire sérieux. Les preneurs aux livres considèrent Jerry Belmontes comme une proie facile. Oui le droitier de 26 ans a perdu 5 de ses 6 derniers combats, mais ses adversaires avaient une fiche combinée de 125 victoires contre 8 défaites. Belmontes a servi de « chair à canon» dans des combats où il s’est battu. Ses 5 défaites proviennent de décisions et 2 sont partagées. Je vous assure qu’on aura droit à un bon combat.

Si Lemieux et Jean devaient perdre, ce qui est possible, ce serait un dur coup pour la jeune organisation.

Les coupures

Ce n’est pas toute la famille de Eye of the Tiger Management qui sera à l’action samedi soir. Mick Gadbois attendra son tour. En attendant de remonter dans le ring, peut-être en août, le boxeur encaisse une perte d’emploi.

Depuis 5 ans, il était intervenant en psychomotricité auprès de jeunes élèves au niveau primaire dans la région de St-Hyacinthe. Sauf que l’organisme pour lequel il travaillait, Jeunes en Santé, s’est vu couper sa subvention et Gadbois perd ainsi son travail. «C’est dommage, car il y avait des jeunes que je suivais depuis plusieurs années, depuis la maternelle. Je m’inquiète pour les jeunes qui n’auront pas la chance de profiter de nos services.»

Avec son éternel sourire aux lèvres, Gadbois (13-0-3) indique qu’il pense retourner aux études, en plus de poursuivre sa carrière de boxeur.