Que diriez-vous d’un type qui apporterait son lunch au restaurant de son commanditaire lors d’un diner d’affaires ?

Vous resteriez surpris n’est-ce pas.


Mais pas tellement les dirigeants de la chaine de restaurants Houston, lorsqu’ils ont vu arriver leur porte-parole David Lemieux avec son lunch sous le bras, un jour où on devait parler d’affaires.

Pourquoi le lunch quand on sait qu’on peut très bien manger dans les restaurants Houston?

Parce que rien n’arrête David Lemieux quand il est à l’entrainement. On lui dresse un régime et le tour est joué. David est un type très bien rangé.

“David mange comme un ogre, de dire Russ Anber, son entraineur. Son poids peut facilement grimper à 180 livres. Il mange de tout et en quantité. Mais quand il est à l’entrainement, il suit son régime à la lettre et il n’y a rien pour l’empêcher de suivre sa diète.”

Il n’y a pas si longtemps, Lemieux se compliquait l’existence afin de réduire son poids. ¨Maintenant il a compris, de poursuivre Anber. Il n’attend plus à la dernière minute pour baisser son poids. Il le fait lentement mais surement.¨

RETOUR D’ESPAGNE

Lemieux nous revient d’un voyage en haute altitude dans les Sierra Nevada, en Espagne, où il s’est entrainé avec le poids lourd Cubain Odlanier Solis sous l’œil attentif de Pedro Diaz.

Contrairement à d’autres boxeurs, Lemieux n’est pas de ceux qui aiment participer à des guerres de gymnases durant son entrainement. C’est la même opinion chez ses partenaires. Il cogne tellement fort qu’il faut limiter le temps des corps à corps.

“Disons qu’il n’est pas un gars de (sparring), d’enchaîner Anber. Il pratique beaucoup, mais pas de guerre avec ses compagnons d’entrainement.”

Contre un rival aussi expérimenté que Marco Antonio Rubio, il faut être au maximum de sa forme physique. Et Lemieux est un de ceux qui ne lésinent pas sur les moyens à prendre pour arriver au combat dans une forme splendide. Et il sait fort bien qu’il devra redoubler d’ardeur devant un tel rival.

LE SUPER QUATRE

Il y a le Super Six pour les super moyens et maintenant, il y a ce que j’appelle le Super quatre pour les moyens. Et le seul des quatre combattants en lice qui a déjà été battu est nul autre que Rubio. Il a même été passé K.-O. à deux occasions. Par Kofi Jantuah en 2004, dans un combat qui n’a duré que 33 secondes, soit un crochet de gauche au menton par Jantuah et le tour était joué. Rubio était assommé.

L’autre fois où il a vu des étoiles, c’est contre Kelly Pavlik, en 2009.

Ce sont ses seconds qui l’ont retiré de la compétition avant le début de la dixième reprise alors qu’il n’était plus en mesure de se protéger.

Les trois juges étaient tous unanimes à la fin de neuf rounds. 90–81 en faveur de Pavlik. Ça peut vous donner une idée de la volée qu’a reçue Rubio.

Et à ceux qui ne manquent pas de dire que Rubio a beaucoup plus de rounds de boxe que Lemieux à son palmarès. Je dis : Oui, c’est vrai… C’est 239 rounds à 55 en faveur du Mexicain. En revanche, je dis que Lemieux, contrairement à Rubio, n’a jamais subi la défaite. Donc, on est kif, kif…

RIEN A PERDRE

Je suis convaincu, tout comme Russ Anber, que le combat ne se rendra jamais à douze rounds. Ce sera un K.-O. d’un côté comme de l’autre. Personnellement, je choisis le côté de Lemieux. Je crois qu’il cogne plus fort que Rubio. Il est plus jeune et n’a jamais été impliqué dans des guerres d’usure.

Dans le fond, dites-vous bien : Si Lemieux devait perdre, que lui arriverait-il ?

Absolument rien. S’il livre une belle performance, mais sort deuxième, c’est à peine s’il reculera dans les classements. Mais s’il gagne, ce sera la dernière fois qu’il aura combattu pour moins d’un million de beaux dollars. Les portes du Temple Américain, là où est le gros argent, lui seront grandes ouvertes.

Une chose est certaine, ce sera un des grands événements dans le monde de la boxe à Montréal le 8 avril prochain au Centre Bell et Dieu sait que nous avons été gâtés récemment.

Ce combat éliminatoire WBC des moyens pour le droit d’affronter le gagnant entre le champion Sebastian Zbik et l’aspirant numéro un, Julio Cesar Chavez jr. , devient soudainement le combat le plus important dans la carrière du jeune David Lemieux. Une victoire sur Rubio et il sent déjà le cuir de la ceinture de champion.

FINI LES DEUXIÈMES VIOLONS

Jusqu’ici, Lemieux a été obligé de jouer les deuxièmes violons derrière Lucian Bute et Jean Pascal. C’est normal, les deux sont des champions mondiaux. Mais une victoire de Lemieux sur Rubio le placerait à égalité sur leur route.

Peut-être je m’emballe un peu trop quand je parle de Lemieux. Mais je suis obligé de vous dire que je n’ai jamais vu un jeune Québécois arriver sur la scène de la boxe locale avec autant de talent et de vouloir de vaincre.

Disons que Lemieux, dans la langue du peuple est un Eddie Melo qui sait boxer, qui est discipliné, qui est bien dirigé et qui est mille fois plus talentueux que la défunte idole de Guy Emond. Disons que l’Ouragan n’a été en somme qu’un feu de paille. Un départ canon… Une fin tragique.

DES ASSOMMEURS

Regardez la fiche des quatre boxeurs en lice et la première chose qui saute aux yeux est le nombre de K.-O. qu’ils totalisent ensemble. 107 en 146 combats pour Rubio, Lemieux, Chavez et Zbik. En somme, le seul qui tire quelque peu de la patte est le champion Zbik avec seulement 10 KO en 30 victoires. Mais ne vous en faites pas pour lui, il n’a jamais été battu.

Rubio vient en tête de liste des assommeurs avec 43 KO, suivi de Chavez avec 30 et Lemieux avec 25.

Enfin, selon la Revue Ring, le meilleur du groupe des quatre est Zbik qui est classé 6e meilleur poids moyen au monde tandis que Lemieux se situe en dixième place. Les deux autres ne sont pas classés par Ring du moins chez les 10 premiers.

Chez ESPN, seul Sebastian Sbik est classé au 7e rang. Les noms des trois autres ne font pas partie de la liste des dix.

Bien d’autres choses viendront s’ajouter au cours des prochains jours. Mais pour le moment, je choisis David Lemieux pour gagner son affrontement contre Rubio par KO, disons aux alentours du cinquième ou sixième engagement.

À vous maintenant d’y aller de vos prédictions.

Bonne boxe!