Pendant que le boxeur québécois David Whittom lutte pour sa survie aux soins intensifs de St-Jean au Nouveau-Brunswick, divers éléments permettent d’en savoir un peu plus sur les circonstances entourant son combat contre Gary Kopas, samedi à Fredericton.

Dans une entrevue accordée lundi matin au FM93, l’entraîneur de Whittom, François Duguay, assurait à l’animateur Sylvain Bouchard qu’il était convaincu que son boxeur était apte à se battre. Le boxeur de 38 ans était sobre depuis 26 mois, et il s’était écoulé une période de 14 mois depuis son dernier combat, une défaite par K.-O., la 11e de Whittom.

Pas de permis au Québec

David Whittom avait obtenu la permission de se battre au Nouveau-Brunswick. Au Québec, sa licence de boxeur n’est plus valide depuis 2013. Son dernier combat dans la belle province remonte à mars 2013. Le 22 mars 2013, après sa défaite par K.-O. au 2e round aux dépens du poids lourd Hughie Fury, un colosse à qui il concédait un avantage de 5 pouces et 26 livres à la pesée, la Régie Québécoise des alcools, des courses et des jeux, qui supervise les sports de combat a suspendu son permis pour une période de 180 jours. L’organisme québécois imposait alors une période trois fois plus longue que d’habitude (la période minimale étant de 60 jours) en raison du fait qu’il s’agissait alors pour Whittom d’une 10e défaite par K.-O.. Et encore, l’arbitre Alain Villeneuve avait alors pris une sage décision d’arrêter rapidement le combat contre Fury.

Depuis ce temps, David Whittom n’a déposé aucune demande d’obtention de permis pour boxer. Pour obtenir ce permis de combattre, le boxeur aurait dû présenter à la Régie québécoise le résultat d’un test satisfaisant de résonnance magnétique ou un tomodensitogramme (CT numérisation cérébrale) et prouver qu’il était médicalement apte à se battre.

Malheureusement, même en 2017, ces normes médicales ne sont pas appliquées de la même manière dans les différentes provinces ou États. Ainsi, Whittom a pu poursuivre sa carrière et a livré par après 2 combats en Alberta, 1 au Manitoba et 2 au Nouveau-Brunswick.

L’article 30 de la Loi sur les Sports de Combat du Nouveau-Brunswick stipule que «la Commission peut exiger de la personne qui demande une licence qu’elle subisse tout examen médical qu’elle estime indiqué.»

La loi québécoise est plus stricte. Les examens médicaux sont obligatoires et doivent avoir eu lieu depuis moins de 2 mois.

J’ai tenté de joindre le commissaire de la Boxe du Nouveau-Brunswick, Denis Leger, mais il n’a pas retourné les appels. Apparemment bouleversé par les événements, monsieur Leger a passé du temps au chevet de David Whittom.

L’arbitre en cause?

L’entraîneur François Duguay n’a pas blâmé l’arbitre Hubert Earles. L’homme de 70 ans originaire de la Nouvelle-Écosse n’est peut-être pas entré dans le combat dans les meilleures dispositions samedi dernier.

Deux jours plus tôt, il apprenait que le WBA le suspendait de ses fonctions de juge pour une période de 6 mois. Lors d’un combat à Tokyo la semaine dernière, le 19 mai, Hubert Earles a accordé un pointage de 115-112 à Hassan N’Dam lors de son combat de championnat contre Ryota Murata. N’Dam a été couronné champion dans la controverse, et le World Boxing Association a réprimandé le juge canadien et Gustavo Padilla du Panama.

Malgré cette nouvelle qui a rapidement fait le tour de la « planète boxe » Monsieur Earles a été assigné pour le combat Whittom-Kopas. 

Selon les divers témoignages, Whittom aurait pris les devants sur les cartes de pointage avant le 10e et dernier round. Sur vidéo, on peut voir que lorsque Whittom s’est retrouvé face aux câbles à 35 secondes de la fin du combat, l’arbitre Earles est intervenu. Il a écarté Kopas, a regardé Whittom, sans lui accorder de compte de 8, sans mesurer la résistance de ses bras, et l’a relancé aussitôt dans l’action. 5 secondes après l’intervention initiale de l’arbitre, Whittom, sans défensive, encaissait une puissante droite à la tête provoquant l’intervention définitive de l’arbitre pour mettre fin au combat.

Sur la séquence, Hubert Earles a commis 2 erreurs. À sa défense, est-ce qu’il a voulu protéger la « victoire en devenir» de David Whittom dans ce championnat canadien? C’est fort possible.

Les témoignages de soutien affluent pour Whittom

Aujourd’hui David Whittom repose entre la vie et la mort. Dans un article de l’Acadie-Nouvelle, le demi-frère du boxeur, Eric Moffatt a confié au journaliste Stéphane Paquette que les chances que David s’en sorte «ne sont pas de son côté. Le neurologue n’est pas optimiste. Ses pupilles ne répondent pas à la lumière, ce qui n’est pas un bon signal. S’il s’en remet, ça va prendre du temps. C’est vraiment à son cerveau de déterminer comment il va se réparer. Il est fort possible que ça prenne des semaines, mais on ne sait pas vraiment.»

Un accident

Le promoteur Yvon Michel a parlé d’un accident pour qualifier la situation malheureuse de Whittom. Malgré les mesures préventives, ce type de situation est arrivé au Québec récemment : en 2015, le boxeur Aubrey Morrow s’est retrouvé aux soins intensifs après un long combat terrifiant contre Francis Lafrenière. Il n’a pas boxé depuis.