MONTRÉAL - Même s’il s’est éteint depuis bientôt six mois, l’aura d’Emanuel Steward continue d’influencer le cours de la vie et de la carrière d’Adonis Stevenson.

Après avoir convaincu le légendaire entraîneur de lui ouvrir les portes de son gymnase il y a un peu plus d’un an, Stevenson aura maintenant la chance de devenir ce que Steward avait prédit : un champion du monde et une future grande vedette du monde de la boxe.

Du temps de son vivant, Steward souhaitait toujours que ses élèves tentent de remporter leur combat par knock-out. Et c’est exactement ce que Stevenson essaiera d’accomplir lorsqu’il affrontera le détenteur du titre des poids mi-lourds du WBC Chad Dawson le 8 juin prochain au Centre Bell.

« Je veux gagner par knock-out et je vais gagner par knock-out », a promis Stevenson, mercredi matin, pendant une conférence de presse faisant la promotion de leur duel qui couronnera une série d’activités présentées en marge du Grand Prix du Canada disputé le 9 juin sur le Circuit Gilles-Villeneuve de l’île Notre-Dame. « C’est bien beau d’en parler, mais je vais devoir travailler. Dawson est un bon boxeur avec des mains rapides et beaucoup de mobilité. »

Stevenson se préparera d’ailleurs en retraite fermée pour la première fois depuis le début de sa carrière au même endroit dans le nord du Michigan que l’ancien grand champion et protégé de Steward, Thomas Hearns. « J’ai déjà commencé à y penser. Je veux des partenaires d’entraînement comme (l’aspirant mondial chez les moyens) Andy Lee qui sont gauchers, rapides et mobiles. »

Considéré comme l’une des bonnes têtes de boxe de la profession par son promoteur Yvon Michel, Stevenson prétend déjà maîtriser parfaitement son plan de match. Il n’a d’ailleurs pas hésité à le mettre en application mercredi en accusant Dawson d’avoir enregistré la plupart de ses victoires d’importance aux dépens d’adversaires vieillissants âgés dans la quarantaine.

« Dawson est un boxeur surévalué », a ensuite expliqué Stevenson. « Il est déjà passé par le Kronk Gym et mon entourage le connaît très bien. Il possède de bonnes habiletés, mais il ne pourrait pas se sauver pendant tout le combat. Je vais finir par le coincer. »

Au grand plaisir de tous, l’Américain a sauté à pieds joints dans le piège tendu par le Québécois en lançant qu’il avait dû effectuer une recherche sur Google pour connaître qui était son prochain rival parce qu’il n’en avait jamais entendu parler. « Je ne te connais pas, retourne dans ton coin », a répété le champion à plusieurs reprises en ne se gênant pas pour utiliser le mot en F.

« C’est qui lui pour me dire ça? Je me suis déplacé partout dans le monde pour affronter les meilleurs. Je mérite davantage de respect. » Tout un contraste avec le Dawson du début de la conférence qui avait demandé de plus le surnommer « Bad », parce qu’il est un gentil garçon!

Stevenson était évidemment particulièrement fier d’avoir réussi à faire sortir Dawson de ses gonds. Il y tenait absolument, parce qu’il le jugeait beaucoup trop confiant. « Il va absolument devoir passer de la parole aux actes », a indiqué Stevenson. « Toute la pression est maintenant sur ses épaules. Il est fâché et j’aime ça! Je sais qu’il a peur. »

Adonis Stevenson et Chad DawsonMalgré tout, Stevenson joue à un jeu dangereux en s’attaquant de la sorte à un pugiliste qui était considéré comme l’un des 10 meilleurs « livre pour livre » de la planète avant sa défaite contre Jean Pascal au mois d’août 2010. Il a depuis vaincu de manière décisive Bernard Hopkins après un premier combat sans décision, mais s’est ensuite incliné devant Andre Ward à l’occasion d’un choc disputé chez les super-moyens (168 livres) plutôt que chez les mi-lourds (175 livres).

Et jusqu’à encore tout récemment, Stevenson était aspirant obligatoire à la ceinture des super-moyens de la IBF. Une défaite devant Dawson anéantirait tout le travail effectué par son promoteur qui lui a permis de devenir le meilleur aspirant mondial dans cette catégorie.

« J’aurais pu devenir champion à 168 livres, mais j’aurais tourné en rond », a analysé Stevenson . « Les meilleurs se battent entre eux, et ils voulaient rien savoir de moi. C’est un cercle fermé et je peux y entrer que si j’ai la mesure d’un vrai champion. »

Chose certaine, Stevenson entend largement profiter de la présence des caméras de télévision du prestigieux réseau américain HBO et de son mythique annonceur Michael Buffer à Montréal pour devenir un incontournable du monde de la boxe comme le prédisait Steward.

Sauf qu’à 35 ans, il n’a tout simplement pas droit à l’erreur. Le combat du 8 juin s’agira vraisemblablement de sa seule chance.

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