MONTRÉAL - Il y a fort à parier que Steven Butler et Dierry Jean ne s’attendaient pas à connaître des combats aussi compliqués lorsqu’ils sont montés sur le ring du Métropolis vendredi soir.

Le premier a dû composer avec des saignements de nez abondants tôt dans son duel, tandis que le deuxième a dû puiser au fond de ses ressources pour arracher un verdict nul en tête d’affiche du gala de la série « Fightclub » d’Eye of the Tiger Management (EOTTM).

Confronté à l’Allemand Ferdinand Pilz, « Bang Bang » a défendu pour la première fois son titre de champion junior des poids super-mi-moyens de l’IBF en l’emportant par arrêt de l’arbitre à 1:53 du 9e round après que le coin de son rival a jeté l’éponge à la suite de deux chutes au tapis.

« J’ai fait des rounds et ç’a fini par knock-out. C’est une belle victoire, a lancé le futur père de famille à sa sortie du ring. C’est un combat d’expérience. Ç’a été plus dur que je le pensais. »

Butler (16-0-1, 13 K.-O.) a disputé une première moitié de combat prudente en prenant le soin de placer sa main avant et en attaquant rarement en combinaisons. Cette stratégie a pris tout son sens à compter du troisième lorsque son nez a commencé à saigner et à le déranger.

S’il avait démontré son incapacité à suivre les consignes de son entraîneur dans le passé, le Montréalais a affiché une nouvelle maturité en attendant le moment parfait pour porter le coup de grâce à son adversaire. Ce moment est survenu au neuvième round quand Butler a laissé aller ses mains et atteint frénétiquement le visage d’un Pilz (16-1) dépassé par les événements.

« Il avait une bonne défense et j’ai dû trouver des ouvertures pour gagner le combat, a expliqué Butler. Je m’entraîne tellement fort et le deuxième souffle est venu au moment d’attaquer. »

Le jeune homme âgé de seulement 20 ans espère toujours venger le verdict nul obtenu contre Jaime Herrera en juin dernier, mais l’Américain aurait catégoriquement refusé l’invitation.

« Il n’a jamais été question d’arrêter le combat »

En demi-finale, Dierry Jean a fait preuve d’une très grande résilience, lui qui revenait d’une dure défaite contre le champion des super-légers de la WBO Terence Crawford en octobre dernier et d’un séjour en cure de désintoxication pendant les Fêtes en raison de sa dépendance à l’alcool.

Le Montréalais d’origine haïtienne a survécu à deux chutes au plancher au quatrième round et à un œil gauche tuméfié avant d’arracher un verdict nul partagé (76-74, 75-75 et 74-76) contre le Philippin Ricky Sismundo. Un résultat qui démontre toute l’étendue de ses qualités physiques.

Dierry Jean et Ricky SismundoJean (29-2-1) avait pourtant connu une excellente entrée en matière en esquivant facilement les coups de Sismundo (30-9-3), mais ce dernier n’a jamais arrêté d’appliquer de la pression et son travail acharné a été récompensé à partir du troisième round, alors que le Québécois faiblissait.

« Dès le premier round, j’ai senti que ç’allait être toute une guerre, a avoué Jean. J’ai ressenti de la fatigue dès le premier round et je ne sais pas trop si c’est parce que j’ai trop ouvert la machine dès le début. J’en ai parlé à mon entraîneur Mike Moffa, mais il disait que c’était dans ma tête. »

Les choses ont pris une tournure dramatique au quatrième round lorsque Jean a été obligé de poser le genou au tapis deux fois pour survivre aux attaques répétées de Sismundo. Le favori de la foule a survécu de peine et misère au round et les visages étaient longs chez ses coéquipiers d’EOTTM, qui ont été plusieurs à réclamer la fin des hostilités au moment de la pause.

Sismundo a repris là où il avait laissé au cinquième assaut et tandis que Jean paraissait au bout du rouleau, il n’a jamais plié l’échine et est même parvenu à placer quelques bonnes frappes au corps et au visage de son rival. Le Montréalais a ensuite maintenu la cadence jusqu’au huitième et dernier round avant de recevoir de chauds applaudissements pleinement mérités.

« Il n’a jamais été question d’arrêter le combat, a ajouté Jean. Il m’a surpris avec un coup parce que j’étais un peu paresseux dans ma défense. J’ai boxé de reculons pour récupérer et il m’a grandement facilité la tâche en faisant comme du shadow boxing à un certain moment.

« Je l’ai sous-estimé un peu… Je pensais qu’il était, mais il était finalement de la même grandeur que moi! Son nombre de victoires par knock-out n’était pas impressionnant, mais sa force de frappe m’a quand même surpris. C’est difficile de m’évaluer, mais la note n’est pas haute. »

Une chute et un knock-out spectaculaire pour Hyppolite

Un K.-O. percutant!

Malgré un lent départ en raison d’une chute au plancher survenue au deuxième round, Schiller Hyppolite est revenu de l’arrière en passant le knock-out dont les spectateurs présents se souviendront très longtemps à l’Argentin Pablo Daniel Zamora à 1:38 du 5e round.

Alors que les deux boxeurs se retrouvaient le long des câbles, Hyppolite (21-1, 14 K.-O.) a décoché un crochet de droite au visage de Zamaro (32-14-1), qui a ensuite chuté lourdement sur le canevas. Ses hommes de coin n’ont pas attendu la fin du compte pour venir à son chevet.

« J’ai été un peu surpris au début du combat, mais je savais que c’était le genre de chose qui pouvait arriver, a mentionné Hyppolite. D’être revenu de l’arrière prouve que j’ai ma place. »

Hyppolite espère toujours disputer un combat d’envergure d’ici les prochains mois. Son promoteur a déjà indiqué vouloir l’opposer à l’ex-champion des mi-lourds du WBC Jean Pascal.

De précieux rounds d’expérience pour Maduma

Disputant un premier combat depuis sa défaite devant Maurice Hooker en octobre dernier à New York, Ghislain Maduma a prouvé que le temps passé à titre de partenaire d’entraînement de Manny Pacquiao et aux côtés de son nouvel entraîneur Freddie Roach a porté ses fruits.

Maduma (18-2) a retrouvé le chemin de la victoire en battant l’Argentin Cesar David Inalef par décision unanime (80-70, 80-71 et 80-71) après avoir respecté son plan de match à la lettre. Le Québécois d’origine congolaise était particulièrement heureux d’avoir emmagasiné des rounds.

« C’est ce que je voulais, car j’ai besoin de peaufiner ma technique et développer ma patience si je veux connaître du succès contre les boxeurs qui font partie de l’élite mondiale, a expliqué Maduma à sa sortie du ring. Je voulais affronter un gars tough qui n’abandonnerait pas. »

Maduma semblait en voie de passer le knock-out à Inalef (20-6-2) au troisième round, mais ce dernier est cependant parvenu à reprendre ses esprits à la suite d’une chute au plancher et surtout d’un temps d’arrêt déguisé après avoir délibérément craché son protecteur buccal.

À la demande de Maduma, Roach n’était pas dans son coin, étant plutôt remplacé par un des ses adjoints. Le Montréalais trouvait que cela « n’avait pas de bon sens » d’obliger le célébrissime entraîneur à se déplacer pour un combat de si petite envergure, d’autant plus que l’horaire de ce dernier est assez chargé. Ils se retrouveront au Wild Card Gym au début juin.

Hussain, Germain et Jukembayev l'emportent

Mian Hussain (16-0) a poursuivi son apprentissage à la dure avant de prendre la mesure d’Edgar Ortega (16-5) par décision unanime (78-72, 78-72 et 77-73). Hussain a subi une vilaine coupure au-dessus de l’œil gauche qui a nécessité l’avis du médecin avant le début du septième round en plus de devoir composer avec les nombreux coups donnés par Ortega, alors que l’arbitre demandait l’arrêt des hostilités. Le Mexicain a d’ailleurs perdu un point pour cette raison.

S’il en avait eu la possibilité, Mathieu Germain (7-0, 5 K.-O.) aurait probablement accepté de disputer un autre combat plus tard dans la soirée, puisque son adversaire hongrois Adam Mate (21-9) a été facilement vaincu par arrêt de l’arbitre à 2:19 du 1er round. Mate ne s’est pas obstiné longtemps avec les coups au corps qu’il recevait, mais c’est plutôt un jab qui l’a achevé.

Après avoir joué de malchance à ses deux premières expériences dans les rangs professionnels en devant se contenter de non-lieux, le Montréalais d’origine kazakhe et protégé de Stéphan Larouche Batyr Jukembayev (1-0, 1 K.-O.) a enfin pu goûter aux joies de la victoire en rossant le Polonais Kamil Wybraniec (3-3) avant de l’emporter par arrêt de l’arbitre à 2:42 du 1er round.

Louisbert Altidor (4-0) est quant à lui demeuré invaincu après avoir vaincu Adam Green (13-6) par décision unanime (40-36 x 3). Green disputait un deuxième combat depuis son retour à la suite d’une pause de huit ans survenue après sa défaite contre Dave Hilton en mai 2007.

En ouverture, Vanessa Lepage Joanisse (2-0) a battu Annie Mazerolle (2-2) par décision unanime (40-36, 39-37 et 39-37) au terme d’un combat extrêmement enlevant. Il y a environ deux mois, Lepage Joanisse l’avait emporté par décision partagée à Moncton au Nouveau-Brunswick.