CARDIFF - L'Américain Peter Manfredo Jr, célébrité sans palmarès, affrontera samedi à Cardiff, pour le titre WBO des super moyens, le Gallois Joe Calzaghe, champion sans renommée, qui défendra son titre pour la 20e fois en dix ans.

Le second (35 ans, 42 victoires, invaincu) devrait battre le premier (26 ans, 29 combats, 26 victoires), qui ne doit d'être connu qu'à la téléréalité "The Contender", animé par l'acteur Sylvester Stallone et Sugar Ray Leonard.

"A moins d'être le n°1, vous ne gagnez pas votre vie avec la boxe. Avant le Contender, j'étais invaincu en 21 combats, j'étais le n°3 en WBO et mon plus gros cachet c'était 15.000 dollars", explique Manfredo.

"Quand The Contender est arrivé, avec un million en jeu, j'ai dit: +Bien sûr: je signe où?+. Vous vous foutez des 50 pages de contrat, vous ne lisez pas les clauses. C'est comme gagner au loto", poursuit-il.

Les six millions de spectateurs de NBC pour la finale de "The Contender", qu'il a perdue, lui ont offert une renommée dont Calzaghe n'oserait pas rêver. Depuis, deux combats contre des boxeurs de second rang, lui ont rapporté 250.000 dollars.

Pas suffisant pour assurer à ce petit-fils d'émigrés napolitains de Providence, Rhode Island, le respect de ses pairs. Calzaghe le considère juste comme une clé pour le marché américain.

Raging Bull

"Le plus difficile est de rester motivé. Je ne sous-estime pas Manfredo, mais je suis une division au-dessus. Je vais découper en morceaux ce garçon. Mais Manfredo est un nom aux Etats-Unis et ce combat m'offira l'audience dont j'ai besoin pour y décrocher deux ou trois gros contrats avant de raccrocher", dit Calzaghe.

"Beaucoup de gens pensent que je ne mérite pas d'être avec lui sur le ring", reconnaît Manfredo, "pas touché par le manque de respect" et qui tente de soigner son pedigree.

"Mon père m'a mis des gants dès que je suis sorti du ventre de ma mère", raconte Manfredo. A cinq ans, il fréquente la salle de Manfredo Sr. A l'adolescence, son père l'envoie combattre tous les vendredis à Coventry (Etat de New York).

"Mon père vit à travers moi son rêve d'être un grand boxeur", raconte Manfredo qui, devenu électricien apprenti, enchaîne les petits combats, remporte la ceinture NABA, une fédération mineure américaine. Puis arrive le Contender, "la chance d'une vie".

"Au casting, il y avait un monde fou, des types qui n'avaient jamais boxé, une mère qui amenait son fils de douze ans".

Même s'il n'a pas participé à l'entraînement, Leonard sera dans son coin samedi mais Manfredo assure que la téléréalité n'a été qu'un accélérateur: "Sans ça, j'aurais signé avec un plus petit agent et cela m'aurait pris plus de temps".

Pour se décrire, il ne fait pas dans la modestie: "Vous avez vu LaMotta dans Raging Bull? C'est moi. Sans les coups à ma femme". Le bruit des 30.000 supporteurs de Calzaghe au Millenium Stadium n'effraie pas un Américain qui a du mal à revenir à la réalité: "A la fin de la soirée, j'aurai retourné la foule. Un peu comme Rocky en Russie..."