Antonin Décarie a pleinement profité du fait que tous les projecteurs étaient braqués sur lui ces deux dernières semaines. Il a réussi à insérer son nom dans l’actualité sportive québécoise, même si le camp d’entraînement de Lucian Bute battait son plein et que le Canadien terminait sa saison.

Décarie manie le verbe comme trop peu d’athlètes professionnels sont capables de le faire et il est parvenu à entraîner bon nombre d’amateurs dans son rêve de faire partie de l’élite de la division des poids mi-moyens avec lui. Mais après son combat de samedi soir contre Luis Carlos Abregu, la réalité rappelle cruellement qu’il ne s’agissait que d’un rêve…

Décarie a chèrement vendu sa peau pendant les 10 rounds que le combat a duré, sauf qu’au final, il faut reconnaître qu’Abregu était dans une classe à part. Le Québécois respectait clairement la force de frappe de son adversaire et ne pouvait rivaliser avec lui à ce chapitre.

Les deux boxeurs se sont énormément étudiés pendant la première moitié du duel, ce qui a laissé place à un spectacle plutôt terne. Mais dès que le favori de la foule a décidé d’ouvrir les valves à compter du sixième round, la différence de niveau était très perceptible. L’Argentin cogne dur et quand il atteint la cible, rares sont ceux qui peuvent résister.

Difficile pour l’instant de dire ce que l’avenir réserve à Décarie. C’est la deuxième fois qu’il s’incline dans un combat d’importance, après sa défaite aux mains de Souleymane M’baye dans un duel pour le titre intérimaire des mi-moyens de la WBA il y a environ trois ans.

Le contexte est cependant différent cette fois. Décarie acceptera-t-il de refaire ses classes pour reprendre sa place dans les classements mondiaux des différentes organisations ou accrochera-t-il tout simplement ses gants? S’il choisit de poursuivre, il pourra continuer de s’inspirer d’Éric Lucas, qui avait perdu quatre fois avant de devenir champion du monde à l’âge de 30 ans.

Chose certaine, Décarie possède tout le jugement nécessaire pour prendre la meilleure décision. Mais peu importe ce qu’il décidera, il pourra rentrer à Montréal la tête haute, très haute même.

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Cela fait plusieurs années que Bermane Stiverne cogne à la porte de l’élite des lourds. Même s’il avait été désigné aspirant obligatoire au titre du WBC à la suite de sa victoire sur Ray Austin en juin 2011, le champion Vitali Klitschko ne lui a jamais donné la chance qu’il méritait pourtant.

Jumelé au pitoyable travail de son promoteur Don King, Stiverne ne disputait samedi qu’un deuxième combat depuis son gain sur Austin. Le boxeur québécois d’origine haïtienne a cependant fait fi des contraintes en s’offrant une victoire plus que décisive sur Chris Arreola pour redevenir aspirant obligatoire à la ceinture de Klitschko. Stiverne a été particulièrement efficace en variant judicieusement les coups au corps et à la tête.

Cette fois, espérons que le WBC offrira à Stiverne une réelle occasion de devenir champion et ne servira pas de complice à Klitschko. Parce qu’à partir de ce moment-là, rien n’est impossible.

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À 26 ans, les plus beaux jours d’Amir Khan sont-ils déjà derrière lui? Son combat face à Julio Diaz justifie que la question se pose. Khan a aisément dominé les trois premiers rounds, mais a ensuite connu énormément de difficulté à la suite d’une visite au plancher après avoir reçu une gauche, une autre. Il a finalement gagné par décision unanime des juges, sauf qu’il n’a pas été convaincant.

Ses défaites devant Lamont Peterson et Danny Garcia ont laissé des traces et Khan n’est plus dans la même ligue que ces derniers, du moins pour l’instant. Cela dit, les combats de l’ancien champion unifié des super-légers sont excitants et loin d’être dénués d’intérêt.

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Le poids de l’âge commence à se faire sentir pour Sergio Martinez. Après un étincelant début de combat contre Martin Murray, Martinez a ralenti à parti du sixième round et a même visité le canevas au huitième. Une autre chute aurait dû être comptée au dixième, mais l’arbitre a erronément jugé que le champion incontesté des moyens avait glissé.

Martinez l’a emporté par décision unanime des juges, qui ont tous remis des cartes de 115–112, ce qui signifie que Murray n’aurait gagné que 4 rounds pendant tout le duel. Vraiment? L’Argentin ne devrait pas être de retour dans le ring cette année, puisqu’il s’est blessé à un genou 3 semaines avant le combat.

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L’Américain Deontay Wilder est considéré comme l’un des plus beaux espoirs chez les lourds, avec raison. Wilder l’a encore prouvé en pulvérisant Audley Harrison en 70 secondes, samedi. Le médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Beijing en 2008 a ainsi enregistré une 28e victoire par knock-out en autant de combats. Mais son plus long n’a été que de 4 rounds, alors il serait judicieux de se garder une petite gêne pour l’instant.

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