MONTRÉAL – Un peu moins de quatre mois après avoir conquis la ceinture des poids super-mi-moyens de l’IBF, Marie-Ève Dicaire s’apprête à remonter dans le ring pour la première fois, alors qu’elle affrontera Lina Tejada en finale d’un événement présenté au Casino de Montréal samedi.

 

Si le choix de l’adversaire en a laissé plusieurs très perplexes étant donné que la Dominicaine a surtout évolué chez les légères depuis le commencement de sa carrière, la championne et son équipe rappellent que la Québécoise a encore énormément à apprendre malgré son statut.

 

« Je veux redoubler d’efforts et je veux répondre à toutes les attentes envers ce combat-ci, a lancé Dicaire (14-0), jeudi avant-midi, en marge de la dernière conférence de presse faisant la promotion de l’événement de Groupe Yvon Michel dont elle sera évidemment la tête d’affiche.

 

« J’ai toujours dit depuis le début de ma carrière que je veux redescendre à 147 [livres] dans le but d’unifier les titres avec Cecilia Braekhus, mais je suis consciente que ça passe par des étapes comme celles-ci. J’ai beaucoup à apprendre de ces combats-là. C’est une première défense, c’est une première étape à franchir et je suis consciente que ça fait partie de ma progression. »

 

« Je n’aurais pas peur de la mettre dans le ring avec Braekhus, mais quand nous avons décidé de monter à 154 livres, c’était pour aller chercher le maximum d’expérience avant de redescendre à 147, a ajouté son entraîneur Stéphane Harnois. Chaque combat va être le plus gros combat. »

 

« Elle ne se bat pas contre la première aspirante mondiale, mais Marie-Ève n’aura pas le choix d’être impressionnante et il faut qu’elle le réalise, a renchéri le promoteur Yvon Michel. Des fois, la nervosité fait que tu veux trop bien faire et tu n’obtiens pas le résultat escompté. Elle devra être concentrée et mettre en pratique tout ce qu’elle a appris pour démontrer tout son talent. »

 

Fidèle à son habitude, l’athlète de Saint-Eustache n’a pas lésiné sur les moyens pour s’assurer de se présenter dans une forme physique optimale. L’accès à une chambre hyperbare lui a d’abord permis de minimiser les journées d’entraînement ratées en raison de blessures ou de la fatigue.

 

Elle a aussi sillonné les routes du Québec, de l’Ontario et des États-Unis pour aller à la rencontre de partenaires d’entraînement dont le style s’apparente à celui de Tejada (12-5, 9 K.-O.), une petite boxeuse de cinq pieds trois pouces qui met continuellement de la pression sur ses rivales.

 

« Nous sommes vraiment très chanceux parce que la plupart des hommes et des femmes nous ouvrent leur porte et sont contents de participer à cette grande aventure-là, a révélé Dicaire. C’est certain que nous devons nous déplacer beaucoup et que nous partons toutes les fins de semaine à Québec, Ottawa, Toronto, Boston ou New York du vendredi matin au dimanche soir.

 

« Nous l’avons vu l’année dernière contre [Marisa Gabriela] Nunez, c’est le genre d’adversaires qui m’avait causé le plus de tort. Elles rentrent par en dessous et donnent des coups de tête. Je devrai être vigilante parce que je n’ai pas envie d’avoir ensuite des marques dans le visage! »

 

« Nous sommes chanceux, car il y a un très bon bassin de boxeuses au Québec qui font partie de l’élite mondiale, a continué Harnois. Nous avons sparré avec la championne amateur [chez les moins de] 81 kg, Laura-Lou [Fortin], Marie-Pier Houle, Jessica Camara et Erika Hernandez. »

 

Si l’entraîneur s’est dit heureux d’avoir pu repousser encore une fois les limites physiques de sa protégée, il s’est assuré qu’elle n’avait pas été perturbée par la défaite subie par l’ex-champion des mi-lourds de la WBO Eleider Alvarez contre Sergey Kovalev le 2 février dernier au Texas.

 

« La défaite d’Eleider à Frisco a été un gros choc, parce que Marie-Ève est l’une de ses bonnes amies, a expliqué Harnois. Je me suis assis avec elle pour en discuter et elle sait ce qu’elle a à faire. [Quand elle est devenue championne], c’est comme si c’était arrivé il y a déjà deux ans. »

 

Il ne faut également pas oublier que Dicaire n’a que 14 combats professionnels au compteur et c’est pourquoi il faut s’attendre qu’elle en dispute au moins 2 ou 3 autres de l’ampleur de celui face à Tejada avant de passer aux choses plus sérieuses qui attireront véritablement l’attention.

 

Pour l’heure, Dicaire se battra le 28 juin à Québec en demi-finale du prochain combat d’Alvarez ainsi qu’à la fin septembre ou au début octobre avant de croiser le fer avec la détentrice du titre de la WBA Hanna Gabriels. Cette dernière s’est d’ailleurs inclinée devant Braekhus en juin dernier.