Dicaire en pleine possession de ses moyens
Boxe vendredi, 12 avr. 2019. 15:45 vendredi, 13 déc. 2024. 08:41MONTRÉAL – Sa casquette blanche vissée sur sa chevelure blonde, Marie-Ève Dicaire essayait tant bien que mal d’expliquer les rudiments d’un jeu vidéo sur son téléphone mobile à quelques journalistes assis à ses côtés en attendant que la pesée officielle commence sur le coup de midi.
D’un côté, sa relationniste faisait mine de la photographier, et de l’autre, différents membres de son entourage se relayaient pour la saluer et s’enquérir de son état. La détentrice de la ceinture des poids super-mi-moyens de l’IBF était chaque fois fière de leur dire qu’elle avait pu déjeuner.
C’est donc sans surprise que Dicaire (14-0) a ensuite fait osciller le pèse-personne à 152,6 livres, respectant ainsi facilement la limite de 154 livres, à la veille de la première défense de son titre contre la Suédoise Mikaela Lauren qui sera tenue samedi soir au Cabaret du Casino de Montréal.
Sans dire qu’il s’agissait d’une source d’inquiétude, rappelons que la boxeuse de Saint-Eustache avait dû se soumettre à une coupe de poids il y a à peine trois semaines, avant que son combat prévu contre Lina Tejada ne soit annulé la journée de la pesée après que le médecin de la Régie des alcools, des courses et des jeux eut réalisé que la Dominicaine ne voyait pas de l’œil gauche.
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« C’est sûr que c’est difficile sur le corps, parce que même si 154 livres ce n’est pas ma catégorie de poids naturelle, que je pourrais boxer plus bas, ça reste que le processus de déshydratation avait été fait et qu’il y avait beaucoup de coupures qui avaient été effectuées dans les dernières semaines, a expliqué Dicaire. J’étais peut-être un petit peu inquiète... mais tout est top shape! »
L’athlète âgée de 32 ans était également extrêmement détendue, puisqu’elle ne ressent aucune nervosité à l’idée d’effectuer la première défense de son titre acquis à la suite de sa victoire par décision unanime des juges sur Chris Namus le 1er décembre dernier à Québec. Au contraire...
« Je suis confiante, parce que je sais que mon travail est fait, a ajouté Dicaire. Je suis en pleine possession de mes moyens et ce n’est pas du tout parce que je prends mon adversaire à la légère. Encore une fois, c’est d’abord et avant tout parce que je sais que mon travail est fait. »
De son côté, Lauren (31-5, 15 K.-O.) a affiché un poids de 150,4 livres, malgré le fait qu’elle n’a même pas pris la peine de retirer un imposant collier. Elle n’a également pas tenté d’embrasser sa rivale comme elle l’a déjà fait dans le passé, mais il faut dire que le patron de la Régie Michel Hamelin n’est pas du genre à tolérer le moindre écart de conduite sur les plateaux qu’il dirige.
Une vraie force de frappe?
Si Dicaire a reconnu que Lauren possède une bonne main droite, mais que la vitesse à laquelle elle la lance ne devrait pas trop lui poser de problèmes, son entraîneur Stéphane Harnois n’a pas été aussi diplomate et pense même que sa protégée devrait facilement conserver sa ceinture.
« [Lauren] est une boxeuse très unidimensionnelle. C’est une fille qui se fie beaucoup à sa main arrière et qui ne boxe pas comme elle devrait boxer, a lancé Harnois. Elle est grande, elle a une bonne portée, mais elle ne l’utilise jamais. Elle veut toujours boxer comme une fille de cinq pieds six pouces à l’intérieur et essayer sa grosse main droite par-dessus ou encore en crochet.
« Et je ne suis pas très impressionné par sa force de frappe. Elle a mis qui knock-out? Vous direz que Marie-Ève n’a pas réussi de knock-out... j’ai d’ailleurs beaucoup mis l’accent là-dessus, car c’était une bonne carte dans mon jeu pour amener ce combat ici. Je souhaite que [Lauren] se lance sur Marie-Ève et elle pourra ainsi prouver qu’elle est une vraie championne du monde.
« Je ne veux pas dénigrer ce qu’elle a été parce que c’est quand même une légende de la boxe féminine, mais lorsqu’elle a affronté les meilleures, Lauren a toujours perdu. Chaque fois qu’elle a affronté une vraie championne, elle s’est fait surclasser ou presque. Chaque fois que le niveau [d’opposition] était là, elle n’a jamais réussi à le surmonter et ça va être encore le cas demain. »
Un avis qui n’est pas nécessairement partagé par le promoteur Yvon Michel, qui prétend que Dicaire devra absolument disputer le meilleur combat de sa carrière pour rester championne.
« Quand Lauren dit que Marie-Ève n’a affronté qu’une seule adversaire de calibre mondial, je ne peux pas dire le contraire, a avoué Michel. Mais Marie-Ève était en apprentissage et il est clair qu’une victoire samedi sur Lauren enverrait tout un message aux autres boxeurs de la division.
« Elle a quand même acheté une dizaine de billets en plus de ceux que nous lui avions donnés. Son mari et ses parents sont ici. Même son rapper sera là pour sa marche vers le ring. Quand tu viens avec toute ta famille, c’est parce que tu es convaincue que tu as ce qu’il faut pour gagner.
« Lauren est une adversaire brillante. Tejada était une adversaire relativement simple, parce que c’est une bagarreuse qui met beaucoup de pression. Ce n’est pas du tout une rivale qui t’oblige à réfléchir. Contre Lauren, je m’attends à une partie d’échecs qui sera beaucoup plus complexe. »
Le promoteur a révélé qu’il resterait une cinquantaine de billets à vendre pour ce gala organisé à la va-vite et prédire un massacre est un bon moyen pour s’assurer qu’ils ne trouvent pas preneur.