La déception de la défaite était palpable, avec raison, dans l‘entourage de Dierry Jean, quelques minutes après avoir subi sa 1re défaite en carrière professionnelle. Un sentiment de déception malgré la fierté d‘avoir vu le boxeur québécois livrer un très bon combat spectaculaire face à un Lamont Peterson, qui a ressuscité après sa cinglante défaite contre Lucas Mathysse, pour l‘emporter par une décision unanime bien méritée.

Le visage enflé après ses durs 12 rounds, Dierry Jean a été un peu dur envers lui-même dans l‘entrevue qu‘il m‘a accordée après le combat. Dur, mais bien réaliste. Il a parlé des combinaisons qu‘il n‘a pas appliqué sur son adversaire, sans qu‘il puisse en expliquer la cause.

Alors que l‘on croyait que l‘aspirant se jetterait sur son adversaire et qu‘il allait lui faire revivre le cauchemar de son précédent combat, la stratégie a été toute autre, et Dierry Jean l‘a bien appliquée. Elle consistait à établir un rythme lent en début de combat, pour éventuellement surprendre Peterson. Dierry Jean est parvenu à atteindre solidement Peterson, particulièrement au 3e round, mais le champion, qui est un abonné des visites au tapis, n‘a jamais flanché, ni même paru ébranlé.

Par la suite, Peterson a pris le contrôle du combat, alors que l‘énergie de Dierry allait en montagnes russes. Après 10 rounds, ma carte de pointage donnait les deux boxeurs à égalité, tout comme la carte du juge québécois Pasquale Procopio. Mais Peterson a terminé le combat en force, même au 12e round, et même s‘il se savait probablement en avance, il a joué avec Dierry Jean et la différence d‘expérience est devenue évidente. Celui qui a perdu contre Mathysse et Bradley, mais qui a triomphé de Holt et Khan, ajoutait le nom de Dierry Jean à son tableau de chasse.

Marc Ramsay secondait l'entraîneur Mike Moffa et après le combat, il me faisait remarquer que cette défaite de Dierry Jean lui rappelait celle de Jean Pascal contre Carl Froch. Un bon combat, corsé, en terre hostile, où l'expérience est un facteur marquant. Dierry Jean a maintenant 31 ans (un jeune 31 ans pas trop « magané » en forme), et beaucoup plus d‘expérience qu‘avant-hier. Sa défaite honorable face à Peterson peut avoir beaucoup de points positifs. Son gérant Camille Estephan espère le faire boxer encore et encore, rapidement, contre de bons adversaires, histoire de lui donner encore plus d‘expérience.