Tout comme un de nos lecteurs qui se demandent quel a été le meilleur combat disputé chez nous, au Québec,   au cours des années, je me suis souvent posé la même question ?

Naturellement, il faut faire attention dans quelle ère, on vit.

   Personnellement, je remonte aussi loin que durant les belles années de Johnny Greco, Armand Savoie, Gaby Ferland,  Laurent Dauthuile, Charlie chase, et Robert Cléroux, mais selon le portrait de nos  lecteurs, tel Richard Lecuyer,  je ne retournerai pas plus loin que 1978.

   Je ne vous parlerai pas des duels de 1949  entre Johnny Greco et Laurent Dauthuile. De l’affrontement entre ce même transfuge français contre Jake Lamotta. Du premier combat au Forum entre Yvon Durelle et Archie Moore, ni des affrontements entre Robert Cléroux et Cleveland Williams et George Chuvalo.

   Tous ces vieux affrontements se sont déroulés à Montréal.

   Le meilleur combat fut certainement celui entre Roberto  Duran et Sugar Ray Leonard, le 20 juin 1980, devant plus de 40,000 personnes au stade olympique.

   Si on opte pour le plus spectaculaire combat entre deux Canadiens, je ne peux faire autrement que me souvenir de ce duel entre un enfant de 17 ans et un champion canadien de 29 ans.

Enfant de 17 ans (1)

   Vous me voyez venir… L’enfant, c’est Eddie Melo, un Torontois que le promoteur Régis Levesque avait amené à Montréal. Et le champion, c’est Fernand Marcotte, un de nos meilleurs boxeurs canadiens à avoir monté sur un ring.

  Même si Eddie Melo n’avait que 17 ans et seulement 11 combats sans avoir jamais connu la défaite chez les professionnels, le promoteur Régis Lévesque était convaincu qu’il serait de taille et pourrait même vaincre Marcotte.

     À ce moment, il n’y avait pas de Régie provinciale.  Or, la commission athlétique de Montréal sous la gouverne du président Paul-Émile Sauvageau refusa carrément de laisser un adolescent de 17 ans, même si son record amateur indiquait 93 victoires contre 4 revers, se mesurer au monarque canadien.

   C’est alors que Régis Lévesque décida de présenter le combat à l’Auditorium de Verdun.  Dans le temps, la ville de Verdun ne faisait pas partie de la grande ville de Montréal.

   Ce soir du 31 octobre 1978, l’Auditorium était rempli à pleine capacité.  On sentait qu’il y avait de l’électricité dans l’air.  Pendant dix assauts (vous pouvez  voir sur You tube)  Melo et Marcotte se tapaient dessus à qui mieux mieux.  La foule était en délire devant la force et la violence des coups.

  Ni l’un ni l’autre ne se retrouva au tapis.  Pourtant, on tentait de s’arracher la tête à chaque coup.

Un juge attaqué

    Après dix assauts où le titre canadien n’était pas en jeu, il a fallu remettre le sort des deux pugilistes entre les mains des juges.  Eddie O’Brien rapporta un score de 47-45  pour Marcotte tandis qu’André Millette et Marcel Lavigne y allèrent  chacun  d’une carte  de 47-45 pour Melo.

   L’ouragan, comme on l’avait baptisé,  a donc  remporté les honneurs du premier de trois combats entre les deux boxeurs.  À la suite de ce verdict, le père de Fernand Marcotte laissa passer sa frustration sur le juge Marcel Lavigne, qui se retrouva à l’hôpital à la suite d’un coup de poing au visage.

   Personnellement, j’ai toujours trouvé que ce match entre Melo et Marcotte avait été un des plus furieux pour ne pas dire le plus vicieux jamais présenté à Montréal.

  Je le classe donc en tête de liste des meilleurs combats présentés sur le territoire de Ville-Marie.

Matthew Hilton c. Buster Drayton

   Mon deuxième choix  va à l’affrontement entre Matthew Hilton et Buster Drayton, au Forum de Montréal, le 27 juin 1987.  Matthew avait à peine 20 ans à ce moment et présentait une fiche de 26 triomphes contre aucun revers et 21 KO.

   Il était devenu un darling à Montréal grâce surtout à son crochet de la gauche et de la droite au corps.

  Le combat venait à peine de commencer quand soudainement  Drayton se retrouva au tapis dès le premier round.  Par la suite, ce fut une bataille rangée avec le jeune Hilton y allant des meilleurs coups.

   Le furieux combat se rendit jusqu’au terme des 15 rounds.  Et ce sont les juges qui devaient décider qui serait déclaré champion.  Les trois officiels se mirent tous d’accord par des pointages de 146-139, 144-140 et 147-138 en faveur du nouveau monarque IBF des super-mi-moyens, Matthew Hilton.

   Ce fut un des meilleurs duels présentés à Montréal et vous pouvez le visionner sur You Tube.

Davey Hilton c. Stéphane Ouellet (1)

    En troisième place, je choisis l’affrontement entre Stéphane Ouellet et Dave Hilton, le premier de la trilogie entre les deux.

    C’était le 27novembre 1998, Ouellet était la coqueluche des Francophones tandis que Dave Hilton était le porte-étendard des Anglophones.

   Pas moins de 15,000 personnes s’étaient entassées dans le Centre Molson et on pouvait sentir cette tension qui existait entre les deux clans.  On eut même droit à quelques escarmouches dans l’enceinte du Centre Molson entre les partisans des deux clans.

   Ouellet était celui qui trainait la boxe sur ses épaules au Québec  à ce moment-là et Hilton était reconnu comme un des meilleurs boxeurs canadiens à avoir monté sur un ring.

   Âgé de 26 ans, soit près de dix ans de moins que son rival, Ouellet présentait une fiche de 25-1-0. Sa seule défaite remontait au 13 juillet 1994 alors qu’il avait perdu par TKO/5 face à un certain Darrin Morris.

   Tel que prévu, Ouellet commença le combat en lion.  Au grand plaisir de  ses admirateurs, il se moquait de Hilton, pourtant beaucoup plus expérimenté sinon encore plus talentueux. Mais l’entraineur du Poète, Stéphane Larouche  n’aimait pas le déploiement d’énergie de son poulain et les chances qu’il ratait de mettre un terme à la bataille.

   Ouellet n’était pas le plus grand admirateur des séances d’entrainement d’avant combat et au fur et à mesure que passait le round, la vitesse ,  l’énergie et la finesse diminuaient de minute en minute.

Un Hilton, c'est un Hilton

   Malheureusement pour lui, Ouellet oubliait qu’il ne fallait jamais laisser une deuxième chance à un Hilton.  Il ne restait que 18 secondes au combat lorsque Ouellet,  soumis à un ralliement  explosif de  dernières minutes de l’Anglophone dû s’avouer vaincu par arrêt de l’arbitre Denis Langlois.

   Ce fut un des meilleurs combats entre deux pugilistes nés et élevés au Québec. Par contre, ce fut le commencement de la fin pour les deux boxeurs.  Ouellet livra huit autres combats avant  de mettre un terme à sa carrière.  Il en gagna quatre et en perdit autant. 

   Quant à Dave Hilton, il connut son heure de gloire en s’adjugeant le titre mondial WBC des super moyens en remportant la victoire par décision partagée sur le champion Dingaan Thobelo, titre qui lui fut enlevé par   la WBC à cause de troubles juridiques.

 Pascal c. Diaconu

   Pour mon quatrième choix, je m’arrête sur l’affrontement entre Jean Pascal et Adrian Diaconu.  Ce n’est pas tous les jours que deux pugilistes néo-québécois s’affrontent dans un match pour un titre mondial. Cet affrontement fut présenté au Centre Bell, le 19 juin 2006.

   Pour Pascal, un amuseur public de première classe, sa seule défaite jusque-là avait été un revers par décision face au Britannique Carl Froch pour le titre vacant WBC des super moyens.

   Une foule surexcitée de près de 15,000 personnes  avait envahi le Centre Bell pour ce combat ou plusieurs croyaient que la force de frappe de Diaconu aurait raison de son rival.

  Ce fut tout le contraire qui se produisit.  C’est Pascal qui envoya son rival au tapis au cinquième engagement, après l’avoir coupé sous l’œil droit au troisième round.

   Plusieurs ont prétendu que ce combat avait été aussi intense et imprévu que celui qui avait opposé Roberto Duran à Suger Ray Leonard.  Ceux qui ont prétendu cela n’ont certainement pas été présents lors des combats entre Eddie Melo et Fernand Marcotte, ou encore Buster Drayton contre Matthew Hilton.  Mais ce fut tout de même un excellent spectacle ou Pascal l’emporta par des pointages de 116/112, 115/112 et112/115.

 Bute c. Andrade (1)

   En cinquième place, j’opte pour la confrontation entre Lucian Bute et son aspirant logique, Librado Andrade le 24 octobre 2008.  Il s’agit de la deuxième défense de son titre IBF des super-moyens pour Bute et pas moins de 16,3000 partisans  prennent place dans le centre Bell. Ils n’ont pas été déçus.  Le préféré des boxeurs du Québec  du temps a contrôlé le duel à volonté, se payant même le luxe d’envoyer son rival au tapis en dixième reprise.

   Au douzième round, Bute décida d’y aller le tout pour le tout et  tenter de passer le K.-O. à Andrade.  Se sentant perdu aux points, le Mexicain y va d’un suprême effort et parvient à atteindre solidement le menton du champion à quelques reprises.  Il ne reste que 5 secondes à écouler dans le combat.  Soudainement, Bute s’affaisse au tapis.  Jamais au cours de sa carrière, il n’avait été sonné aussi solidement.

   L’arbitre Marlon B. Wright commence à compter les secondes  devant Bute qui tente de se relever tant bien que mal.  Mais on voit bien qu’il est dans les vapeurs au grand désespoir de ses admirateurs.

   Du coin de l’œil, l’arbitre constate qu’Andrade n’est pas dans le coin neutre et le compte est suspendu.  Finalement, le match prend fin, et les trois juges accordent leurs votes à Bute par des pointages de 117-109, 115-111. 115/110.

   Pour vous donner une idée du déroulement du combat, soulignons que le site Fightnews Canada a déclaré ce match, le combat de l’année 2008 et le 12e round, le round de l’année.

   Encore de nos jours, plusieurs croient que Marlon B. Wright a fait erreur en accordant un compte plus long que l’habitude au champion, mais il avait bien raison de ralentir le compte puisque l’aspirant ne se rendait pas dans le coin neutre.

   Golden Boy promotions avait menacé de faire une plainte au sujet de l’issue du match à l’IBF, mais n’a jamais donné suite.

À votre tour de faire votre liste…

Bonne boxe