MONTRÉAL - Malgré tous les rebondissements récemment vécus avec la IBF, Yvon Michel est loin d’avoir perdu foi en l’organisme de sanction. C’est d’ailleurs avec cette organisation que la majorité de ses boxeurs tenteront de devenir champions au cours des prochaines années.

Fondée au mois d’avril 1983, la IBF était loin d’être la voie naturelle des pugilistes québécois qui désiraient s’imposer sur la scène internationale. Avant que Lucian Bute s’empare du titre des poids super-moyens en octobre 2007, Éric Lucas, Davey Hilton, Joachim Alcine et Otis Grant avaient plutôt été champions de la WBA, du WBC ou de la WBO. Les Montréalais Matthew Hilton et Arturo Gatti avaient porté la ceinture rouge autour de leur taille avant Bute, sauf que leurs intérêts étaient alors représentés par des promoteurs américains.

« Je vais toujours garder de bonnes relations avec toutes les associations - Jean Pascal se battra pour le titre du WBC le 25 mai -, mais avec la IBF, c’est toujours clair », a expliqué Michel au cours d’un entretien avec le RDS.ca plus tôt cette semaine. « Tu regardes les règlements et tu évolues là-dedans. »

« Il y a évidemment des fois où nous ne nous entendons pas, mais il y a toujours moyen de discuter. Le cas Adonis Stevenson en est la plus grande preuve. »

En raison d’un vide juridique dans sa réglementation pour les combats d’unification, l’aspirant obligatoire québécois s’est retrouvé le bec à l’eau pendant un certain temps, mais il obtiendra finalement un combat pour la ceinture vacante en juin prochain à la suite d’une solution ingénieuse imaginée par son promoteur.

Dans l’ensemble, Michel affectionne particulièrement le fait que les classements de la IBF sont établis en fonction des résultats dans le ring et non basés sur la réputation. La bataille que mène le réputé chroniqueur de ESPN.com Dan Rafael contre les incongruités des classements du WBC prouve que les jeux de coulisses rapportent parfois plus que l’acharnement à l’entraînement.

« J’aime beaucoup le principe qu’un boxeur doive se battre contre un aspirant déjà classé pour être classé premier ou deuxième », a précisé Michel. « La IBF oblige également chaque champion à défendre son titre tous les neuf mois, ce qui donne le temps d’effectuer deux défenses optionnelles. »

« Ainsi, lorsqu’un boxeur devient aspirant obligatoire, il sait qu’il n’aura pas à attendre un temps illimité. »

Michel refuse cependant catégoriquement de laisser entendre qu’il est plus facile de devenir champion à la IBF que dans n’importe laquelle des trois autres grandes organisations. Les promoteurs se doivent quand même d’avoir les reins solides, mais surtout d’être à l’affût des règles, chose qui ne serait pas nécessairement acquise, même chez les gros joueurs.

« Je me rends compte que beaucoup de gens chialent sans vraiment connaître la réglementation », a fait remarquer Michel. « Mais reste que le boxeur doit avoir beaucoup de talent pour devenir champion. »

Actif dans le domaine depuis plus de 30 ans, Michel ne se souvient pas avoir vu autant de boxeurs québécois s’illustrer sur la scène internationale. Ces derniers ne cognent plus à la porte d’un rêve, mais bien d’un objectif légitimement réalisable.

« Il fallait être un peu fou pour croire qu’un gars comme Sébastien Demers pourrait battre Arthur Abraham », s’est rappelé Michel. « À l’époque, nous voulions lui donner cette opportunité et aujourd’hui je ne le regrette absolument pas, car ç’a été sa seule chance de se battre en championnat du monde. »

« Mais lorsque des gars comme Bute, Pascal, Stevenson, (David) Lemieux, (Antonin) Décarie, (Eleider) Alvarez et bientôt (Kevin) Bizier, je n’en reviens juste pas! Je n’ai jamais vu autant de gars d’ici qui sont prêts à être champions. »

Pour l’heure, seuls Bute, Pier-Olivier Côté, Dierry Jean et Arash Usmanee sont classés à la IBF, mais il se pourrait fort bien que le nombre de représentants québécois double d’ici les six prochains mois.