Un combat d'unification contre Sergey Kovalev, c’est tout ce que je souhaite à Adonis Stevenson dans un avenir rapproché, comme beaucoup d’entre vous d’ailleurs. Mais d’ici là, Adonis se doit de demeurer actif.

C’est ce qu’il a fait samedi dernier au Richo Coliseum de Toronto.

On s’attendait alors à une meilleure opposition de la part de Tommy Karpency. Après tout, ce dernier avait donné du fil à retordre à Andrzej Fonfara et même pris l’avance selon deux juges avant de se blesser à la fin du septième round de leur duel. La performance qu’il avait offert à Chad Dawson nous laissait aussi croire qu’il donnerait une bonne opposition à Adonis.

Concentré, explosif et bien préparé à faire face à tout ce que Karpency pouvait lui proposer, Adonis a boxé en champion, c’est-à-dire en se débarrassant rapidement de son adversaire dès la 21e seconde du troisième assaut.

Ce qu’Adonis avait à gagner, et j’insiste là-dessus, c’était de démeurer actif. Advenant qu’il remonte comme prévu sur le ring le 11 décembre prochain, Adonis aura donc livré quatre combats en l’espace d’un an, ce qui fait de lui l’un des champions du monde les plus actifs.

Adonis, croyez-moi, veut se mesurer à Kovalev et il en fait d’ailleurs souvent la demande à son gérant Al Haymon et moi. On travaille en ce sens et on est confiant d’y arriver en2016.

Mais d’ici à ce que ce duel se concrétise, Adonis ne peut se permettre de se réserver pour le grand soir et ne plus combattre. Certains champions ont déjà tenté l’expérience et n’étaient plus au sommet de leur forme lors du combat tant attendu. Adonis aura 38 ans la semaine prochaine et c’est important pour lui de maintenir un bon niveau d’activité.

C’est pourquoi il devrait se battre à nouveau le 11 décembre. Mais puisqu’il ne s’agira pas de Kovalev, Adonis fera une fois de plus face à son lot de critiques. Il en est conscient et tout ce qu’il peut faire pour l’instant, outre rappeler à son gérant et moi son désir de se mesurer au Russe, c’est de se préparer du mieux qu’il le peut et livrer la meilleure performance possible sur le ring, peu importe qui est l’adversaire devant lui.

C’est ce qu’il risque de devoir faire face à Yuniesky Gonzalez lors de son prochain défi. Les pourparlers avec son clan sont bien amorcés et j’ai bon espoir d’en venir à une entente. Défait récemment par Jean Pascal alors que certains le donnaient plutôt vainqueur – je ne suis pas de ceux-ci –, le Cubain a offert une belle opposition au Québécois.

Bien que Gonzalez soit un adversaire du niveau de Pascal, il y aurait sans doute encore des mécontents. Ce sera comme ça tant qu’Adonis n’affrontera pas Kovalev. Malheureusement.

La fin pour Mayweather, vraiment?

Floyd Maywaether a livré son dernier combat. Y croyez-vous? Pas moi.

L’emportant facilement contre Andre Berto par décision unanime samedi à Las Vegas, Mayweather a ainsi égalé le record de Rocky Marciano en demeurant invaincu en 49 combats depuis le début de sa carrière. Il a de plus remporté un 26e combat de championnat du monde de suite, une marque qu’il partage avec Joe Louis.

Je ne crois pas que Mayweather va s’en contenter d’égaler ces sommets.

Je ne suis pas dans le secret des Dieux, mais il vient tout juste de compléter le contrat qui le liait au réseau Showtime et il a maintenant le loisir de se laisser désirer. Imaginez que Manny Pacquiao l’emporte à son prochain combat et qu’une revanche contre Mayweather suscite l’intérêt des amateurs. Mayweather pourrait alors prétendre qu’il sort de sa retraite pour les amateurs de boxe.

Mayweather a toujours joué le rôle du « bad guy », celui que les gens aiment détester. Au moins une fois dans sa carrière, il aurait sans doute apprécié être celui qu’on aime. S’il est sollicité, il ne pourra résister.

Or, advenant qu’il s’agissait bel et bien de son dernier combat en carrière, Mayweather aura été le boxeur ayant généré le plus de revenus dans l’histoire, à la fois pour lui et pour le monde de la boxe. Il aura été un génie de promotion car il n’avait rien pour lui. Il n’avait pas le sourire à un million d’Oscar De La Hoya. Il n’avait pas le look intimidant de Mike Tyson. Il n’avait pas le coup de poing dévastateur de Lennox Lewis... Malgré tout cela, il les aura tous dépassés sur le plan financier.

Ce qu’il aura eu de plus de tout le monde, c’était le génie de comprendre qui il était et l’exploiter à son maximum.

*Propos recueillis par Mikaël Filion