Erik Bazinyan veut enfin attirer l'attention
MONTRÉAL – Près de dix ans après avoir effectué ses débuts en boxe professionnelle, Erik Bazinyan est enfin prêt à vivre le premier jour du reste de sa vie. Une façon stylée d'écrire que le Lavallois d'origine arménienne s'apprête à livrer un combat qui dictera la suite de sa carrière.
Jeudi soir en finale d'un gala d'Eye of the Tiger Management présenté au Cabaret du Casino de Montréal, Bazinyan (28-0, 21 K.-O.) croisera le fer avec Alantez Fox, un Américain dont les six pieds quatre pouces jurent un tantinet dans une division comme celle des poids super-moyens.
Au-delà de sa taille, Fox (28-3-1, 13 K.-O.) jouit d'une réputation enviable dans le monde de la boxe, car il a déjà été champion national junior dans les rangs amateurs. Chez les professionnels, il a notamment envoyé Demetrius Andrade au plancher pendant le septième round de leur duel en juillet 2017. Ses deux autres revers sont survenus contre Liam Smith ainsi que David Morrell.
« C'est son entrée dans le monde des grands, a expliqué l'entraîneur de Bazinyan, Marc Ramsay, en marge d'une conférence de presse lundi après-midi. C'est un gars qui a subi trois défaites, mais contre trois stars de la boxe : Andrade, Smith et [le champion régulier de la WBA] Morrell.
« Nous voulons montrer qu'Erik fait partie de ce groupe-là et ça passe par ce genre d'adversaire là. Il est rendu là, il faut le challenger avec des gars de la plus grande importance. La semaine dernière en Angleterre (où Ramsay dirigeait le coin de champion unifié WBC, IBF et WBO des mi-lourds Artur Beterbiev, NDLR), beaucoup de gens considéraient que c'était un combat risqué, mais il faut déranger l'ordre établi si tu veux te faire remarquer par les autres promoteurs... »
Présentement classé 2e à la WBA, 4e au WBC, 9e à l'IBF et 3e à la WBO chez les poids super-moyens, Bazinyan rêve d'une lucrative rencontre au sommet avec le champion incontesté de la division Saul « Canelo » Alvarez, mais avant de penser en arriver là, il devra convaincre toute l'industrie qu'il mérite sa place dans le même ring que le boxeur le plus populaire de la planète.
« C'est le début d'une série de combats, a précisé Ramsay. Au chapitre des classements, nous sommes un peu saturés. Il y a un jeu politique en arrière-scène qui peut toujours se faire pour aller chercher un rang ou deux, mais pour devenir intéressant, il faut attirer l'attention de la télévision américaine. Nous sommes à deux ou trois combats d'un combat de championnat.
« Un peu comme lorsque Jean Pascal a affronté Carl Froch en Angleterre ou bien lorsqu'Adonis Stevenson a battu Chad Dawson. Tous les boxeurs ont ce combat où ils doivent courir un peu plus de risque pour devenir des incontournables. Erik n'a pas le choix de forcer les choses. »
« Erik est à son sommet quant à la maturité physique, la technique et la condition physique. C'est vraiment au chapitre monétaire que ça se décide, car autrement, il n'y a plus de doute. »
Plus aucun doute non plus dans l'esprit du principal intéressé, qui disputera un premier combat depuis le décès inattendu de son père Ara, survenu l'été dernier. Il n'était âgé que de 52 ans.
« Il était mon meilleur ami et j'ai l'impression qu'il va maintenant me protéger lors de chacun de mes combats, a confié Bazinyan. Une tristesse quotidienne m'habite, mais elle me rend plus fort. C'est la pire chose qui pouvait m'arriver. Il n'y a rien qui peut me faire encore plus mal. »
En plus de Bazinyan, Yves Ulysse fils (22-2, 12 K.-O.), Alexandre Gaumont (6-0, 4 K.-O.), Raphaël Courchesne (9-1, 4 K.-O.), Christopher Guerrero (5-0, 1 K.-O.), Avery Martin-Duval (8-0-1, 4 K.-O.) et Wilkens Mathieu (débuts professionnels) seront également en action. Ulysse affrontera Gabriel Gollaz Valenzuela (25-3-1, 15 K.-O.), un Mexicain qui est parvenu à arracher une victoire par décision majoritaire des juges contre Robbie Davies fils en février 2021 au Wembley Arena.