MONTRÉAL - La grande famille d’Eye of the Tiger Management et InterBox était tout sourire dans les minutes qui ont suivi le gala de la série « Fight Club » présenté samedi soir à l’Olympia de Montréal, d’autant plus que le dernier grand événement des deux groupes était à oublier.

De retour dans le ring pour la première fois depuis sa défaite devant Brandon Cook, Steven Butler a d’abord été expéditif en passant le knock-out à Damian Mielecwzk au deuxième round, Yves Ulysse fils a vengé le nul de Dierry Jean et le revers de Ghislain Maduma en battant Ricky Sismundo et Simon Kean s’est finalement emparé de sa première ceinture mineure en carrière.

« On a pris des risques, a rappelé le promoteur Camille Estephan. Ulysse, avec la carte de visite qu’il avait laissée aux États-Unis, n’avait pas besoin de combat-là pour intéresser HBO. C’était un combat de préparation pour les vrais combats sur HBO. On ne veut pas manquer de respect envers Sismundo, il a gâché la fête chez nous deux fois, mais je pense qu’on a pris la bonne décision. On avait peur, mais Ulysse a encore démontré qu’il est un maître de la boxe. »

Au-delà du fait d’être parvenu à sauver l’honneur de son promoteur, Ulysse était très content d’avoir dominé un des bons athlètes de la division des super-légers selon l’agrégateur BoxRec. À noter que Sismundo n’est pas classé dans une seule des quatre grandes organisations de boxe.

« Je suis satisfait, parce que je savais que ce n’était pas un client facile, a expliqué Ulysse, qui s’était fait un nom sur la scène nord-américaine en battant Zachary Ochoa à son dernier combat. C’était 10 rounds difficiles. À tout moment, il pouvait être extrêmement dangereux.

« Il était classé 17e au monde. Pas 40e ou 70e, mais 17e! Comme il est tout près du top-15, c’est certain que j’allais me faire toucher. L’objectif devient donc de ne pas se faire toucher à tous les rounds. Il faut voir ça comme un immense jeu d’échecs et c’est moi qui l’ai gagné ce soir. »

À l’opposé, l’entraîneur d’Ulysse, Rénald Boisvert, était loin d’être satisfait. Même si son protégé a été largement gagnant sur les cartes des trois juges (99-90, 98-91 et 98-91), il a noté plusieurs éléments à corriger au fur et à mesure que l’étau se resserrera sur son charismatique boxeur.

« J’ai beaucoup aimé ce que j’ai vu, mais il y a encore des choses à travailler par contre, a précisé Boisvert. Ses déplacements et ses contre-attaques ne sont pas encore au point. Il manque un tout petit peu de timing. Il est en retard sur ses coups, alors qu’il est trop rapide d’autres fois.

« Je suis dur, mais si nous voulons bientôt nous retrouver parmi les 10 meilleurs boxeurs au monde, ce sont des choses qu’il devra améliorer. Ça lui prend un peu plus de précision. Vous savez ce que c’est le timing. Ça ne pardonne pas, c’est une question de fraction de seconde. »

« Sismundo est l’un des meilleurs 140 livres au monde, alors de pouvoir le dominer comme ça pendant 10 rounds… Dans mon livre à moi, il n’a pas perdu un round, a relativisé Estephan. Je ne peux pas me plaindre. Rénald cherche l’ultime performance et c’est tant mieux comme ça… »

Boisvert a été plus nuancé au sujet de Butler, mais contrairement à ce que son jeune protégé disait, il ne croit pas qu’une revanche contre Cook doit immédiatement être mise sur pieds.

« Je suis très satisfait de ma performance, elle est au-delà de mes attentes, a avoué Butler. J’étais prêt pour huit rounds, car je savais qu’il était tough et résistant. Il l’a été, mais j’ai rapidement trouvé une ouverture. Tout le travail effectué en gymnase a porté ses fruits.

« J’étais déjà prêt à affronter Cook, mais mon équipe voulait savoir comment j’allais me comporter sur le ring, si j’allais être émotif ou concentré. Je pense que j’ai démontré à mon équipe que j’étais très concentré même si j’ai vécu beaucoup d’émotions dans la journée. »

« Le retour de Steven était très attendu, et malheureusement, il est revenu avec quelques-uns de ses mêmes défauts, a déploré Boisvert. Psychologiquement il est prêt, mais il va falloir tenir un camp d’entraînement à l’étranger pour le sortir de son environnement comme nous l’avons déjà fait. Il va vraiment falloir l’amener à l’extérieur pour sa prochaine grande préparation. »

Finalement, Estephan cachait difficilement sa satisfaction après la victoire de Kean sur Marcelo Luiz Nascimento qui lui a permis de devenir champion intercontinental des lourds de l’IBO.

« Simon frappe tellement fort! Il a fait mieux que [le champion de la WBO] Joseph Parker, Tyson Fury et Eddie Chambers, a-t-il énuméré. La règle de trois ne s’applique pas en boxe, mais quand même! Les gens nous parlent d’Oscar Rivas et si c’est bon pour sa carrière, on l’affrontera! Je pense que Rivas se ferait passer le knock-out par Simon. Je ne peux pas être plus content. »

Estephan entend accorder quelques semaines de répit à ses boxeurs, d’autant plus que l’été est historiquement une période peu propice à l’organisation de galas au Québec. Des annonces devraient cependant être faites dans un avenir rapproché, dont la création d’une nouvelle série.