On a toujours prétendu qu’un bon petit homme ne pouvait pas battre un bon gros homme et jusqu’ici, cette notion s’est toujours avérée juste dans le monde de la boxe.

 

On pourra savoir si cette notion est juste ou pas ce samedi alors que Mikey Garcia se présentera sur le ring pour défier le champion de l’IBF des mi-moyens, Errol Spence au AT&T Stadium, d’Arlington, au Texas.

 

Peut-on s’attendre au combat de l’année? Certainement, à condition que Mikey Garcia soit capable de transporter sa force de frappe des poids légers chez les mi-moyens. Car il faut bien l’admettre : Garcia n’est qu’un gros poids léger qui a augmenté son volume pour finalement se retrouver deux classes plus hautes que son poids normal.

 

Garcia a-t-il trop pris les bouchées doubles? Plusieurs le croient. Le monarque de la WBC est plus vieux, plus petit et moins puissant que son rival.
 

Garcia peut vaincre Spence, mais il y a beaucoup de « si » pour en arriver là. S’il peut transporter son poids à 147 livres... S’il est capable de contrer la puissance de frappe de son rival.


 

Fiche impressionnante
 

La fiche de Spence est impressionnante. Il a commencé sa carrière professionnelle en 2012. Et il a toujours officié chez les mi-moyens. Depuis  ce 9 novembre 2012, il a collé 24 victoires de suite, dont 21 ont été acquises par K.-O. Seulement trois boxeurs sont parvenus à rester debout devant lui durant cette période de près de sept ans. Un dénommé Luis Torres, en  mai 2013,  Emmanuel Lartei Lartey, en octobre 2013 et Ronal Cruz, en juin 2014.


Depuis, aucun boxeur n’est parvenu à faire la limite avec Spence. Ses onze derniers rivaux ont tous perdu par K.-O. Sa dernière victime, Carlos Ocampo (22-0-0) n’a même pas pu voir le deuxième round et pourtant, il n’avait jamais été vaincu auparavant.

 

Une telle fiche fait peur à première vue et pourtant, Garcia ne s’en fait pas outre mesure. Il a commencé sa carrière à 131 livres sur une charpente de 5 pieds 6 pouces. C’est trois pouces et demi de moins que Spence qui pourrait facilement faire le saut chez les 154 livres et peut-être même chez les 160 quand il aura dépassé la trentaine d’années.

 

Garcia s’est très bien préparé pour cet affrontement. Il a livré  ses cinq derniers combats à un poids variant entre 135 et 140 livres. Sa croisade a commencé en 2016 contre Elio Rojas qu’il a vaincu par K.-O. technique au 5e round.


Il a conservé une fiche vierge chez les 140 livres, mais il a dû se contenter de trois victoires par décision à ses trois derniers matchs. Il n’a jamais combattu chez les 147 livres, là où Spence est reconnu comme le meilleur des autres champions, Shawn Porter (WBC) Keith Thurman (WBA) et Terence Crawford (WBO).

 

Avantage Garcia
 

Certains prétendent que la science de boxe va à l’avantage de Garcia. Peut-être. Mais si tel est le cas, la puissance de frappe est l’affaire de Spence.
 

Garcia n’est pas manchot quand vient le temps d’assommer un rival. Mais passer le K.-O. à quelqu’un à 126 livres et tenter l’expérience à 147 livres est toute une corvée. Il faut absolument que Garcia puisse amener cette puissance de frappe avec lui à 147 livres sinon il devra redoubler d’ardeur en défense pour faire les douze rounds
 

Pour Spence il s’agira d’une première puisqu’il sera l’artiste principal de ce match qui sera présenté à la télé payante. Pour le moment, on s’attend à des chiffres impressionnants. Pas plus tard que jeudi dernier, 25 000 personnes s’étaient déjà porté acquéreurs de billets dans l’enceinte du AT&T Stadium et on croit même que ce chiffre passera à 50 000 amateurs ce samedi soir, soit à peu près le même nombre que lors du match entre Canelo Alvarez et Liam Smith, en 2016.
 

Si jamais Garcia parvenait à remporter la victoire, il est peu probable qu’il retourne chez les 135 livres, là où évolue Vasyl Lomachenko. Tout comme Garcia, Loma est pressenti pour monter de poids.  À un certain moment, on croyait que c’est lui et non pas Garcia qui affronterait Errol Spence. C’est dommage qu’il y ait un perdant dans un tel  match où deux des meilleurs boxeurs sur la planète s’affrontent. J’opte donc pour le plus jeune,  le plus gros et le plus puissant.
 

Prédiction : Spence par décision
 

Benavidez de retour
 

Après une absence de 13 mois sur le ring, David Benavidez (20-0-0—17/K.-O.) revient à la compétition, sa suspension pour usage de cocaïne est maintenant terminée et c’est J’Leon Love (24-2-1, 13 K.-O.) qui est son tremplin pour reconquérir sa couronne WBC des super-moyens qui lui a été enlevée à la suite de l’enquête de la VADA.
 

Âgé de 22 ans seulement, Benavidez n’a qu’un seul plan en tête : vaincre Love et ensuite défier le champion de l’IBF Caleb Plant pour redevenir champion. Et ensuite, il est possible qu’il gradue chez les mi-lourds car son gabarit est beaucoup plus celui d’un 175  livres que d’un 168 livres.
 

Le plus jeune champion  
 

Benavidez est devenu le plus jeune champion mondial des super moyens le jour où il a vaincu  Ronald Gavril par décision partagée,  le 8 septembre 2017. Benavidez n’avait que 21 ans à ce moment. Un deuxième match a été organisé entre les deux hommes et en février 2018, Benavidez y alla d’un triomphe par décision unanime.


Si Benavidez n’est pas trop rouillé par son inactivité de plus d’un an, il ne devrait avoir aucun difficulté à venir à bout de Love dans ce match de 10 assauts. Ce dernier a baissé pavillon devant Peter Quillin, le 4 août 2018 et il n’est pas reconnu comme un puissant cogneur.
 

Prédiction : Benavidez par K.-O. avant le 8e round
 

Kean doit se faire pardonner
 

Simon Kean a eu le temps de réfléchir sur son avenir. Il a décidé de poursuivre sa carrière et aujourd’hui, il est plus mature que jamais. Il n’y a rien de mieux qu’une défaite pour faire réaliser à un boxeur aussi talentueux soit-il qu’il doit s’entraîner et encore s’entraîner pour aspirer jouer dans la cour des grands.
 

Tout le monde croyait en 1964 que Sonny Liston ne ferait qu’une bouchée de Muhamed Ali. Liston lui-même était convaincu que ce jeune blanc-bec n’était pas de son calibre.  Résultat : Liston a subi la défaite quand il a été obligé de se retiré du match au 6e engagement tellement il était amoché.

 

Et que dire de Mike Tyson, favori à 50 pour 1 pour vaincre un certain Buster Douglas. « Iron Mike » a osé croire qu’il était le grand favori et il a laissé son entraînement de côté pendant un bon bout de temps. Résultat : Tyson étendu au tapis pour le compte au 10e engagement.
 

Lennox Lewis est allé s’amuser pendant une semaine dans la ville du péché et a pris son entrainement à la légère à la veille de son match contre Hasim Rahman en 2001. Résultat : il a perdu par K.-O. au 5e round aux mains de Rahman.
 

Seuls les plus forts survivent
 

Seul les plus forts survivent dans ce métier et présentement, Simon Kean est dans une situation où il ne peut pas perdre.  Je me demande même s’il peut se contenter d’un triomphe par décision.
 

Kean a maintenant digéré sa défaite contre Carman Dillon. C’est le temps de se reprendre en main.  Pour son match de samedi soir au Casino, il aura devant lui un pugiliste qui s’est retrouvé au tapis plus souvent qu’un poseur de prélart.
 

Rogelio Oman Rossi (20-7-1, 13 K.-O.) est l’adversaire idéal pour le retour de Simon Kean.  Il présente une bonne force de frappe, mais il a le menton comme une éponge. D’ailleurs, six de ses sept défaites sont le résultat de mise hors de combat.

Si Kean a appris de ses erreurs, il règlera le cas de Rossi dans les trois ou quatre premiers rounds. Et ensuite, il pourra rêver à une revanche contre son seul tombeur, Dillon Carman, qui n’a même pas pu résister pendant un round devant un certain Evgeny Romanof, le 22 février dernier, en Russie. Heureusement, Carman a trouvé le paysage bien beau dans ce pays quand il a repris ses sens.
 

Bonne boxe!