Ce devait être en décembre dernier, mais ce sera finalement ce samedi au Madison Square Garden de New York que sera présenté le combat entre Gennady Golovkin et Daniel Jacobs.

Tom Loeffler et Al Haymon ont négocié d’arrache-pied pour en arriver à une entente, qui est finalement survenue à la 23e heure. C’est la façon de faire de Haymon et ce sont ses boxeurs qui en profitent, étant donné que Jacobs pourrait empocher beaucoup plus d’argent que Golovkin.

Il y aura salle comble au Madison Square Garden et 300 000 achats à la télévision à la carte sont souhaités pour ce duel d’unification des poids moyens. Il s’agira pour Golovkin, qui a gagné ses 23 derniers combats avant la limite, de son plus important défi depuis le début de sa carrière.

Jacobs, champion « régulier » de la WBA, est un boxeur habile et brillant qui frappe avec autorité en plus d’être bien entraîné et extrêmement motivé. Il ne ressemble en rien à celui qui s’était incliné devant Dmitry Pirog en combat de championnat de la WBO en juillet 2010.

Il faut dire qu’un événement avait perturbé sa préparation mentale. Sa grand-mère était décédée dans la semaine du duel, mais il avait quand même décidé de disputer le combat. D’ailleurs, son entraîneur Andre Rozier a récemment déclaré qu’il n’aurait jamais dû le laisser boxer.

Jacobs a ensuite combattu un cancer qui l’a tenu à l’extérieur du ring pendant plus d’un an et demi et tout le monde pensait que sa carrière était terminée à ce moment-là. Il faudra donc s’attendre à voir un gars avec aucune crainte et peur devant Golovkin samedi soir à New York.

L’Américain sera compétitif et même en mesure de gagner des rounds, mais une fois que le combat va s’étirer et que Golovkin l’aura épuisé avec des coups au corps, il devrait être capable de le ralentir, de l’affaiblir et éventuellement de l’arrêter aux alentours du 9e ou du 11e round.

Plusieurs observateurs donnent des chances à Jacobs de l’emporter, mais n’importe quel boxeur peut gagner dès qu’il monte dans le ring. Mais possède-t-il la fougue, la force et la capacité requises pour retenir les charges vicieuses et hargneuses de son adversaire pendant 12 rounds?

Ne pas se fier au combat contre Brook

Il ne faut pas commettre l’erreur d’évaluer Golovkin uniquement sur les bases de son dernier combat contre le champion des mi-moyens Kell Brook présenté en septembre dernier à Londres.

Golovkin est un boxeur très intelligent et son entraîneur Abel Sanchez est l’un des meilleurs de l’industrie. Contre Brook, « GGG » a simplement décidé d’utiliser sa force physique comme un rouleau compresseur et c’est pourquoi il a mal paru à plusieurs reprises pendant le combat.

Le champion kazakh a laissé sa technique au vestiaire et a ainsi décidé d’écraser un adversaire qui n’avait jamais boxé chez les moyens. Il ne faut pas oublier que Brook est habile, mobile et qu’il peut frapper avec autorité. Ce n’est donc pas une surprise s’il en a profité par moments.

Le meilleur Golovkin, c’est assurément celui qui s’est battu contre Lemieux, parce qu’il respectait le Québécois. Il utilisait son jab, son déplacement et son imagination et c’est ce qu’il va faire face à Jacobs, étant donné que je suis convaincu qu’il respecte son adversaire.

Ce qui est compliqué avec Golovkin, c’est qu’il ne possède pas de grandes failles. Il ne se fait pas faire mal quand il se fait frapper et quand il respecte son rival, comme contre Lemieux, il ne se fait pas frapper. Ses détracteurs prétendent qu’il est usé, mais ce jour n’est pas encore arrivé.

Un boxeur aussi actif et offensif que Golovkin finit évidemment par ralentir. Mais contre le meilleur adversaire qu’il aura affronté depuis le début de sa carrière, « GGG » offrira à mon avis sa meilleure performance depuis le début de sa carrière. Golovkin est au sommet de son art.

*Propos recueillis par Francis Paquin