Listen to "Le compte de 8 - 14 nov. 2017 - Artur Beterbiev champion du monde!" on Spreaker.

 

MONTRÉAL – Yvon Michel a-t-il tenté d’empêcher la tenue du combat entre Artur Beterbiev et Enrico Kölling? C’est en plein ce que le nouveau champion des poids mi-lourds de l’IBF prétend.

 

Déjà de retour à l’entraînement après avoir battu Kölling samedi soir à Fresno, en Californie, Beterbiev a rencontré jeudi les membres de la presse pour revenir sur sa victoire. Sans surprise, le volet sportif a été complètement éclipsé par le conflit qui oppose le boxeur au promoteur.

 

En mai plus tôt cette année, le boxeur d’origine russe a déposé une requête pour jugement déclaratoire en cour pour obtenir la terminaison de son contrat avec Groupe Yvon Michel (GYM), ce à quoi l’entreprise québécoise s’oppose. La cause n’a toujours pas été entendue.

 

« Deux jours avant le combat, mon avocat m’a appelé pour me dire qu’Yvon voulait bloquer le combat et qu’il voulait 30 pour cent de ma bourse, déclaré Beterbiev par le truchement de son adjoint de direction Damir Khayretdinov. J’ai dû me plier à cette exigence pour ne pas annuler le combat. GYM était prêt à aller en cour en Californie pour entamer des procédures en ce sens. »

 

« Ça n’a jamais été notre intention, a répliqué Michel en entrevue téléphonique à RDS.ca. C’est une clause qui figure à notre contrat. Si Beterbiev se battait en championnat du monde et que GYM n’obtenait pas l’organisation du combat à la suite d’une enchère (purse bid), nous devions recevoir 30 pour cent de sa bourse. Il n’a jamais été question d’annuler le combat, au contraire.

 

« Nous avons demandé à ce que l’argent soit placé en fidéicommis jusqu’à ce qu’un jugement dans le litige qui nous oppose soit rendu. Ils ont immédiatement acquiescé à notre demande, et preuve de notre bonne foi, nous avons accepté que l’argent soit placé chez l’avocat de Beterbiev. C’était la situation la plus simple pour tout le monde et c’est ce qui a été décidé. »

 

Michel a qualifié la situation de « procédure judiciaire normale » en raison du conflit. Il a ajouté vouloir tout simplement protéger ses arrières si jamais il obtenait éventuellement gain de cause.

 

Sans être « anormal », le contexte n’a rien de « normal » a répondu l’avocat de Beterbiev, Me Karim Renno à RDS.ca, précisant que la demande de placer l’argent en fidéicommis par Michel a été faite auprès de l’organisateur du combat Top Rank et non de son client. Me Renno a également confirmé que la clause évoquée par Michel figure bel et bien au contrat, mais que le promoteur aurait pu s’en prévaloir dès la fin juillet plutôt qu’à 48 heures du combat. Top Rank a en effet gagné la mise aux enchères – à laquelle GYM n’avait pas participé – le 25 juillet dernier.

 

Malgré tout, Beterbiev ne se considère toujours plus sous contrat avec GYM, tandis que le promoteur rétorque que l’entente s’est prolongée de deux ans à la suite de sa conquête de titre de l’IBF samedi. Selon sa lecture, il resterait maintenant trois ans et demi au pacte les liants. Me Renno a cependant stipulé que la prolongation du contrat auquel Beterbiev veut mettre fin est d’un an. Ce serait plutôt l’entente avec le conseiller Al Haymon qui a été prolongée de deux ans.

 

Khayretdinov a indiqué que les deux parties devraient se retrouver en cour en janvier ou février 2018, mais Michel a accusé le clan Beterbiev de se traîner les pieds dans le dossier et qu’il y aura vraisemblablement un délai, ce que réfute avec véhémence Me Renno. Ce dernier a mentionné qu’une audition par préférence – dans le but d’accélérer le processus – a déjà été déposée. Si absolument rien n’était fait, la cause ne pourrait être entendue qu’à la fin 2018 ou début 2019.

 

« Il n’y a pas de limites »

 

Comme il l’avait mentionné en entrevue à RDS.ca lundi, l’entraîneur de Beterbiev, Marc Ramsay, a répété que le conflit opposant son boxeur à son promoteur l’empêchait d’échafauder des plans d’avenir. Dès que le portrait se précisera, l’équipe est prête à relever n’importe quel défi.

 

« Je suis ouvert à affronter n'importe qui »

« Il n’y a pas de limites, a affirmé Ramsay. [Dmitry] Bivol, Adonis [Stevenson] ou [Sergey] Kovalev, Artur est un gars de défis et il m’a demandé de lui amener les meilleurs disponibles. »

 

« Je suis ouvert à affronter tous les noms qui ont été mentionnés », a confirmé Beterbiev.

 

Alors qu’il célébrera ses 33 ans en janvier, Beterbiev et son équipe ont reconnu qu’ils n’avaient pas de temps à perdre et qu’ils souhaitent se battre souvent si les circonstances s’y prêtent.

 

« Ça dépend évidemment de comment les camps se passent – avec ou sans blessure – et de la longueur ainsi que de l’intensité des combats, a précisé Ramsay. Disputer trois combats par année serait optimal, mais encore une fois, tout dépend de comment les choses de passent. »

 

Une fois son litige avec Michel réglé, Beterbiev espère recevoir le plus d’offres possible afin de choisir la meilleure pour la suite de sa carrière. Il désire se battre à Montréal ou ailleurs au Québec en premier lieu, mais n’exclut pas de le faire aux États-Unis ou même en Russie.