MONTRÉAL - C’est maintenant devenu une ritournelle : chaque fois qu’Adonis Stevenson s’apprête à défendre son titre des poids mi-lourds du WBC, le choix de son rival laisse pantois.

L’incompréhension a probablement atteint un sommet inégalé cette fois, alors que son aspirant obligatoire Eleider Alvarez devra encore mettre sa position en jeu dans un combat contre Jean Pascal et rien ne dit que le gagnant de ce duel affrontera le champion dans un futur rapproché.

Ainsi, il n’a pratiquement pas été question du deuxième combat que livrera Stevenson à Andrzej Fonfara le 3 juin prochain au Centre Bell, mais davantage de celui qui n’aura pas lieu face à Alvarez et de l’autre qui ne s’est pas matérialisé contre Pascal au cours des dernières années.

« Mon rêve, c’est d’unifier les titres, a expliqué Stevenson au cours d’une conférence de presse fort courue vendredi au Centre Bell. Avec mon gérant Al Haymon, c’est sûr que nous allons dans cette direction-là. En tant que champion, j’ai le droit d’unifier les titres et j’aimerais bien ça.

« Je prends tous les défis, mais [en fin de compte], ce n’est pas moi qui décide. Je n’ai aucun problème [à affronter Alvarez ou Pascal], mais pas Haymon, Premier Boxing Champions et la télévision. Je répète : personnellement, je n’ai aucun problème [à affronter Alvarez ou Pascal]. »

Si Stevenson ne recule pas devant l’adversité, pourquoi donc a-t-il toujours obstinément refusé de se mesurer à son éternel ennemi dans la foulée de la victoire de ce dernier sur Lucian Bute?

« Mon cher Jean Pascal... pourquoi le combat n’est pas arrivé entre toi et moi? Je vais vous expliquer pourquoi, a d’abord lancé Stevenson pendant un long monologue pendant lequel il a étreint le Lavallois. Pascal était aspirant no 1, tu t’en rappelles? On a fait une offre à Pascal : 30 pour cent, mais Pascal a eu une offre de qui? De Kovalev! Et c’est quoi tu as choisi? »

Stevenson fait le spectacle

Fulminant, l’ancien détenteur de la ceinture des mi-lourds du WBC n’a jamais donné suite aux mots de Stevenson, se contentant d’afficher parfois un sourire forcé qui témoignait à lui seul du malaise général qui planait dans la salle où avait lieu la conférence de presse. Le supplice a pris fin lorsque Stevenson l’a embrassé sur la joue en rappelant que tous ceux qui souhaitent croiser le fer avec lui devront se contenter d’une bourse équivalente à 30 pour cent des revenus.

« [Stevenson] n’a aucune leçon à me donner, a ensuite répondu Pascal aux journalistes. Vous savez à quel point j’ai [le sens de] la répartie facile, mais ce n’était pas le moment pour lui donner la réplique. Je me suis abstenu. Chaque chose en son temps, j’étais ici pour Alvarez. »

« Adonis n’a peut-être pas encore complètement compris comment marche la business de la boxe, a ajouté l’entraîneur de Pascal, Stéphan Larouche. J’ai trouvé ça hors à-propos, à la limite malaisant. Mais Jean a l’expérience et la sagesse, et ça fait maintenant partie de ses atouts. »

Des combats peu excitants

Dans la mêlée de presse qui a suivi sa tirade, Stevenson a été nettement plus nuancé en expliquant pourquoi il n’a pas encore affronté son aspirant obligatoire Alvarez à ce jour.

« C'est un risque calculé »

« C’est une question d’offre et de demande, a précisé le gaucher. Aux États-Unis, ils ont vu le premier combat [contre Fonfara] et ils ont immédiatement voulu une revanche. Au Québec, je comprends que les gens veulent me voir avec Alvarez ou Pascal, mais pas aux États-Unis.

« Fonfara s’est battu avec des Américains et il a bien performé. On m’a dit que c’était le temps de faire le deuxième combat [avec lui] et je prends ce qu’on me donne. Ensuite, c’est sûr que Haymon va y aller pour l’unification. Aux États-Unis, c’est que les gens en général veulent voir.

« Par rapport à Alvarez, son combat contre Bute n’a pas été acheté par la télévision américaine. C’est un combat local qui n’a pas fait de bruit à l’international. Si ce n’était que de moi, le combat serait déjà fait, mais c’est la télé qui ne veut pas. Qui va mettre des millions pour ça?

« Alvarez a déjà fait deux combats sur Showtime dans le passé contre des gars pas connus et je vais vous dire franchement ce que les gens de la télévision américaine pensent de ses combats : boring. S’il fait [avec Pascal] ce qu’il a fait avec Bute, alors là ça va envoyer un message. »

D’ici là, Stevenson s’est dit heureux d’en découdre de nouveau avec Fonfara, jugeant que sa nouvelle association avec l’entraîneur de Ward, Virgil Hunter, donnerait un surplus de confiance au Polonais. Toutefois, Stevenson a indiqué qu’il était loin d’être au sommet de sa forme lorsqu’il a battu Fonfara par décision unanime des juges à sa troisième défense en mai 2014 au Centre Bell.

« Quand j’ai boxé [la première fois] avec Fonfara, j’avais été en Allemagne pour mon camp d’entraînement et ça ne s’était pas bien passé, a avoué le cogneur. Je n’avais eu que deux semaines d’entraînement en raison de maux de dos. Nous avions pensé annuler le combat, mais j’avais quand même décidé d’y aller pareil et Fonfara a donné un bon spectacle malgré tout. »

« Jean Pascal n'est pas le dernier venu »
« Avec une victoire contre Pascal, Alvarez aurait plus de poids »
« Je ne suis pas surpris des raisons d'Adonis »
« Ce sera un bon spectacle »
Les meilleurs moments de la conférence de presse