MONTRÉAL - Pour la première fois depuis le début de sa carrière, Jean Pascal se retrouve dans une position où une défaite ne serait pas synonyme d’apprentissage ou de faux pas pugilistique.

En acceptant d’affronter l’espoir invaincu Yunieski Gonzalez le 25 juillet à Las Vegas, le boxeur québécois court le risque de se retrouver dans une position très peu enviable s’il plie l’échine.

Il pourrait ainsi dire adieu à un éventuel combat revanche contre le champion unifié WBA, IBF et WBO des poids mi-lourds Sergey Kovalev et serait résolument perçu comme un vétéran pouvant servir d’appât à ceux qui souhaitent ajouter un nom digne de mention à leur tableau de chasse.

« Une défaite serait quelque chose de très néfaste pour la suite de ma carrière, a reconnu Pascal en conférence de presse mardi. Je dois démontrer que je fais toujours partie de l’élite mondiale, que le combat contre Kovalev était une erreur de parcours et que je suis capable de rebondir. »

« J'ai la vengeance dans la peau »

Battu par arrêt de l’arbitre au huitième round à sa dernière sortie en mars dernier au Centre Bell, le Lavallois a vécu des lendemains difficiles au terme de ce premier revers avant la limite depuis le début de sa carrière. Tympan perforé, vision embrouillée, il était plutôt mal en point.

L’ancien champion des mi-lourds du WBC assure que la page est entièrement tournée et que ses blessures sont pansées. Il avoue cependant que les derniers mois l’ont obligé à se remettre en question et surtout à se renouveler. Bref, il n’a pas eu le choix de changer pour se relancer.

« J’ai toujours été un perfectionniste sur tous les points : attaque, défense, esquives et intelligence dans le ring. Mais je basais peut-être un peu trop ma boxe sur mes qualités athlétiques et mon instinct, a expliqué Pascal. Maintenant, j’essaie d’utiliser plus ma tête.

« La première chose qu’un boxeur perd en vieillissant, c’est la vitesse. C’est devenu encore plus important pour moi d’apprendre à m’ajuster et être plus cérébral pendant mes combats. »

C’est pourquoi son entraîneur Marc Ramsay et son promoteur InterBox auraient préféré que Pascal se mesure à un adversaire nettement moins ambitieux à son retour, question de ne pas trop compromettre les chances d’une revanche face à Kovalev. Mais c’était mal le connaître.

« Je voulais relever un vrai défi, a mentionné celui qui disputera un premier duel dans la capitale mondiale de la boxe. Gonzalez me rappelle comment j’étais lorsque je voulais épater la galerie. Il a faim, possède une bonne fiche et veut faire ses preuves sur les réseaux de télé américains.

Une préparation adéquate?

Même si Pascal et Ramsay se sont officiellement attelés à la tâche il y a deux semaines, les deux complices assurent que le boxeur n’en ressentira pas les effets dans le ring le soir du combat.

Alors que toute l’attention de Ramsay était dirigée sur le duel pour le titre vacant des moyens de l’IBF que David Lemieux a disputé et remporté le 20 juin au Centre Bell, Pascal s’est momentanément tourné vers d’autres entraîneurs, ce qui a fait la manchette début juin.

« Mon camp d’entraînement se sera échelonné sur six ou sept semaines et ma progression va très bien, a déclaré Pascal. Je me suis entraîné avec Stéphan Larouche et Mike Moffa et lorsque Marc a eu plus de temps, je suis retourné à temps plein avec lui. J’ai pu voir d’autres choses. »

« Jean a fait un entraînement de type pyramidal, a ajouté Ramsay. Ça commence avec énormément de volume à très basse intensité et ça prend quatre semaines avant de tomber dans les zones intensives. Il est entré au gymnase avant les huit semaines d’un camp normal. »

Peu importe, les amateurs risquent de savoir rapidement si la préparation de Pascal a été adéquate, puisque Gonzalez est un protégé d’Orlando Cuellar, celui-là même qui entraînait l’ancien champion mi-lourd Glen Johnson, un bagarreur reconnu pour sa forme irréprochable.

« C’est clair que Gonzalez va être à 100 pour cent et offensif, a détaillé Ramsay. Sauf que c’est également un boxeur un peu unidimensionnel qui n’apporte pas beaucoup d’ajustements.

« C’est un boxeur très compact, fort physiquement et qui possède une bonne force de frappe. Je pourrais le comparer à Tavoris Cloud ou encore Adrian Diaconu. Cependant, il ne possède pas le même niveau d’habiletés que Diaconu. Chose certaine, Jean devra être alerte à tout moment. »

Présent dans le coin de Pascal depuis son combat contre Lucian Bute en janvier 2014, Roy Jones fils brillera peut-être par son absence cette fois. L’ancien meilleur boxeur « livre pour livre » de la planète se prépare à remonter dans le ring le 15 août et Pascal ne souhaite pas le déranger.

Jean Pascal prêt pour son défi
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