JO 2016 : l'arbitrage de 5 médailles françaises en boxe considéré suspect
Boxe jeudi, 30 sept. 2021. 11:39 samedi, 14 déc. 2024. 04:53Cinq des six médailles françaises en boxe lors des JO-2016 de Rio, dont les titres de Tony Yoka et Estelle Mossely, figurent parmi les « combats suspects » de manipulation des arbitres, révèle jeudi une enquête indépendante.
« Nous ne connaîtrons jamais l'étendue réelle du nombre de combats manipulés à Rio », avertit le juriste canadien Richard McLaren, spécialiste des investigations dans le sport, dans son rapport d'étape de 150 pages sur la boxe.
Mais son équipe a confirmé l'existence, soupçonnée depuis des années, d'un « système » de tricherie orchestré au sein de la fédération internationale (AIBA), et a identifié par une méthode statistique onze « combats suspects » lors du rendez-vous olympique brésilien.
Parmi ces rencontres entachées d'une possible tricherie, près de la moitié ont abouti à des médailles françaises, à commencer par les finales remportées par Tony Yoka face au Britannique Joe Joyce (+91 kg), et par sa compagne Estelle Mossely contre la Chinoise Junhua Yin (-60 kg).
Y figurent également les succès en demi-finales de Sarah Ourahmoune et Sofiane Oumiha, respectivement médaillés d'argent en -51 kg et -60 kg, et la victoire en quart de finale de Souleymane Cissokho, qui lui a garanti le bronze en -69 kg.
- Conséquences incertaines -
Des six responsables de cette moisson historique pour la boxe française, seul Mathieu Bauderlique, médaillé de bronze des mi-lourds (-81 kg), n'est pas mentionné dans cette enquête.
Ces conclusions « seront remises » à l'AIBA, qui « devra déterminer » si ces combats ont effectivement été manipulés et si leur résultat doit être modifié, a indiqué à la presse Richard McLaren, interrogé sur d'éventuelles réattributions de médailles.
De son côté, le nouveau patron de la fédération élu fin 2020, le Russe Umar Kremlev, a promis d'"examiner attentivement le rapport et voir quelles mesures sont nécessaires pour garantir la justice", alors que l'AIBA s'efforce depuis des mois de restaurer sa crédibilité, et de sauver la place de la boxe au programme olympique.
Le rapport McLaren n'accuse ni les boxeurs ni leur entourage d'être intervenus directement pour peser sur les combats, mais dévoile un vaste système d'influence piloté au sommet de l'AIBA, alors dirigée par le Taïwanais Ching-Kuo Wu.
L'enquête met particulièrement en cause le Français Karim Bouzidi, ex-directeur exécutif de l'AIBA, qui avait été limogé à trois jours de la fin des JO de Rio: il y a deux ans, il avait déjà été soupçonné de s'être entendu avec les juges-arbitres les plus réputés (labellisés "cinq étoiles" et censés rehausser le niveau de l'arbitrage) pour favoriser certains pays.