MONTRÉAL – Le 6 octobre 2018, Siarhei Liakhovich était un spectateur attentif du premier duel entre Simon Kean et Dillon Carman. Bien installé dans son siège du Centre Vidéotron, l’ancien champion des poids lourds de la WBO n’attendait que le signal pour gagner le ring et mettre la table à un choc face au favori local qui serait présenté moins de deux mois plus tard à Rimouski.

 

Mais le Bélarussien n’a jamais eu à se soumettre à cette mise en scène, puisque l’Ontarien est venu contrecarrer les plans d’absolument tout le monde en passant le knock-out au Québécois au quatrième round à l’aide d’une foudroyante droite à la tête. Un affrontement contre un ex-rival de Deontay Wilder et Andy Ruiz fils devenait alors improbable dans un avenir rapproché.

 

Après un retour réussi face à un adversaire de deuxième ordre en mars et avoir réussi à venger le revers qu’il avait subi contre Carman en mai, Kean (17-1, 16 K.-O.) retrouvera enfin Liakhovich (27-7, 17 K.-O.), samedi soir au Centre Bell, dans l’un des combats de soutien du gala d’Eye of the Tiger Management mettant également en vedette David Lemieux et Arslanbek Makhmudov.

 

Au cours de la dernière année, le Trifluvien est souvent revenu sur les raisons de sa défaite face à Carman et des changements qu’il a ensuite dû effectuer. Aujourd’hui, il s’estime mieux outillé que jamais pour relever le défi qui se présente devant lui. La dernière présence de Liakhovic dans le ring remonte à déjà plus de deux ans, sauf qu’il demeure un boxeur très expérimenté.

 

« Si le combat avait eu lieu l’année passée et qu’il avait été serré, je l’aurais perdu, a affirmé Kean en conférence de presse lundi. Avant, je n’avais pas envie de vivre le stress de faire des rounds. Je voulais que mes combats soient assez faciles et qu’ils ne durent pas trop longtemps.

 

« Maintenant, je ne m’attends plus à knockouter mes adversaires et j’anticipe que je vais gagner par décision [des juges]. J’y vais un round à la fois et j’essaie de penser à plus court terme. Les gens vont être très impressionnés par ma condition physique et mon intelligence dans le ring. »

 

La nouvelle philosophie de Kean n’est certainement pas étrangère à sa décision de ne plus consommer d’alcool depuis un tout petit peu plus d’un an. Sans dire qu’il avait un problème, il reconnaît que l’alcool n’est pas compatible avec ses aspirations dans la boxe professionnelle.

 

« Ça s’est fait tout seul, a expliqué le trentenaire. Un matin, je me suis réveillé [après avoir pris de l’alcool la veille] et j’étais déshydraté. Ça m’a donné le goût de ne pas prendre un verre pendant le temps des Fêtes qui suivait et après quelques mois, je me suis alors rendu compte que ça faisait plusieurs mois que je n’avais pas pris d’alcool et ça m’a donné envie de continuer.

 

« Je viens de passer l’une de mes plus belles années à vie et je le conseille à tout le monde! J’ai réalisé que les gorgées que je prenais avaient un impact sur ma carrière et je voulais finalement mettre toutes les chances de mon côté. Physiquement, il n’y a pas de différence. C’est mental. »

 

Kean a en effet compris que les athlètes professionnels ne sont pas éternels et qu’il avait tout intérêt à se prendre en main avant qu’il ne soit trop tard. Il a déjà convenu du moment où il mettra un terme à sa carrière et il ne veut pas avoir de regrets le jour où il accrochera ses gants.

 

« Les événements que j’ai vécus m’ont porté à réfléchir, a conclu celui qui rêve toujours d’un combat de championnat du monde. Maintenant, j’ai un plan de match et je vais le suivre jusqu’à la fin. Il y a évidemment beaucoup de choses que je ne contrôle pas, alors j’y vais avec le flow. »

 

Un ancien champion aussi pour Makhmudov

 

Tout comme Kean, Makhmudov (9-0, 9 K.-O.) disputera un important combat samedi, puisqu’il se mesurera à l’ancien champion des lourds du WBC Samuel Peter, un Nigérien âgé de 39 ans qui a affronté les frères Wladimir et Vitali Klitschko et Kubrat Pulev pour ne nommer que ceux-là.

 

Il s’agit d’un tournant pour le Montréalais d’origine russe qui avait jusqu’à maintenant croisé le fer avec des adversaires ayant une expérience beaucoup plus limitée. Après sa dernière victoire contre Julian Fernandez, son entraîneur Marc Ramsay jugeait que les choses devaient bouger.

 

« C’est une étape importante, car nous avons plusieurs objectifs à atteindre, a expliqué Ramsay. Peter est un boxeur qui possède encore beaucoup de puissance et une grande force physique. C’est le genre de ligne qu’il faut franchir si nous voulons combattre en championnat du monde. »

 

Makhmudov, qui est présentement classé 21e aspirant au titre du WBC détenu par l’Américain Deontay Wilder, défendra sa ceinture de la NABF pour la 1re fois contre Peter, qui s’est blessé à une épaule pendant sa dernière sortie face à Hughie Fury en juillet à Djeddah, en Arabie saoudite.