Simon Kean entrevoit la suite avec optimisme
MONTRÉAL – « À tous ceux qui pensaient que j'étais fini, j'ai un message pour vous : ça fait juste commencer ».
Il y a longtemps que Simon Kean n'avait pas esquissé un aussi large sourire après une victoire. De son propre aveu, cela faisait près de quatre ans, soit après qu'il eut passé un retentissant knock-out à Dillon Carman à l'occasion de leur affrontement revanche tenu en juin 2019 à Shawinigan.
Si le poids lourd originaire de Trois-Rivières affichait autant d'enthousiasme après avoir battu Eric Molina en demi-finale du gala d'Eye of the Tiger Management présenté jeudi soir au Cabaret du Casino de Montréal, c'est parce qu'il se sent enfin prêt à récolter les fruits de son dur labeur.
« J'ai une entente avec Top Rank et ESPN aux États-Unis, a rappelé Kean (23-1, 22 K.-O.) après s'être imposé par arrêt de l'arbitre à 2:39 du 7e round, à son premier vrai duel en plus d'un an. Je vais continuer de m'entraîner en attendant que mon promoteur annonce mon prochain combat.
« Cela dit, la durée du combat [de ce soir] me faisait peur. Je n'avais aucune idée de ce que ç'allait donner, parce que ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas boxé. J'avais fait dix rounds plusieurs fois dans le gymnase, mais de le vivre dans un combat, ce n'est pas pareil. »
Même s'il a encore une fois affiché quelques lacunes en défense, Kean a été particulièrement efficace avec son jab, qui lui a permis d'amorcer une combinaison qui a conduit à la perte de Molina (29-9) au septième round. Le Trifluvien a mentionné qu'il avait profité des derniers mois pour améliorer sa main avant en compagnie de son nouvel entraîneur Jessy Ross Thompson.
« J'ai changé certaines choses, a d'abord reconnu Kean. Mon jab est maintenant plus sournois et beaucoup moins prévisible qu'il ne pouvait l'être par le passé. Il était également très puissant, mais à partir de maintenant, il va m'aider à avoir davantage de puissance avec ma main arrière. »
« Simon a démontré [ce soir] un niveau d'habileté que j'avais vu chez les amateurs lorsque j'étais entraîneur-chef de l'équipe nationale, a renchéri le directeur du développement d'Eye of the Tiger Management Marc Ramsay. Simon est ensuite devenu un peu plus bagarreur chez les professionnels, mais ce n'est pas une raison pour s'exposer et il comprend enfin cela maintenant.
« C'est quelqu'un qui part de loin et j'ai été témoin de tout le travail qu'il a accompli avec Jessy en gymnase. De prendre un gars qu'il ne connaissait pas vraiment et de l'amener à bien réagir pendant un combat, c'est tout un exploit. C'est une belle prestation et c'est très encourageant. »
Résumé des autres combats
Dans le principal combat de la sous-carte, Steve Claggett (34-7-2, 24 K.-O.) a fait ce qu'il sait faire de mieux, c'est-à-dire qu'il a appliqué énormément de pression et lancé un impressionnant volume de coups avant de venir à bout de Rafael Guzman (26-3-2) après que le Mexicain eut décidé d'abandonner à la suite du 7e round. Claggett a ainsi enregistré une 6e victoire de suite depuis qu'il s'est incliné contre Mathieu Germain par décision partagée en mai 2021 à Québec.
Luis Santana (9-0, 3 K.-O.) s'est quant à lui offert une rarissime victoire avant la limite en arrêtant Francisco Arturo Ramirez Martinez (11-5) à 1:23 du 3e round, après que le coin du Mexicain eut jeté l'éponge, alors qu'il recevait un barrage de coups de la part du Montréalais. Santana, qui avait gagné ses quatre derniers combats par décision unanime, a convaincu le coin du Mexicain d'abandonner en l'atteignant solidement sur le flan. Ramirez Martinez s'était aussi fait stopper par Steven Wilcox au 4e round à sa dernière sortie en novembre dernier à Brantford, en Ontario.
Après avoir vu son adversaire dépasser la limite de 6,6 livres à la pesée, Leïla Beaudoin (9-0) s'était juré de faire passer un mauvais quart d'heure à Laura Avendano Mondragon (6-1) et la boxeuse de Témiscouata-sur-le-Lac a tenu parole en défaisant la Mexicaine par décision unanime (60-54, 60-54 et 60-54). « Ce n'est pas un combat que j'ai trouvé difficile. J'ai été capable de m'ajuster pendant les six rounds, s'est félicitée Beaudoin, classée 9e chez les super-plumes à la WBA. Les choses pourraient se mettre à aller vite, mais je ne veux pas sauter d'étapes. J'ai encore beaucoup de choses à apprendre. J'ai commencé à boxer à 18 ans et j'en ai que 27. » Beaudoin a aussi ajouté qu'elle pourrait mettre la main sur un titre mineur à son prochain duel.
Même s'il s'est relativement débarrassé rapidement de Jose Gonzalez Saldana (1-3-1), Wilkens Mathieu (2-0) était peu satisfait de sa prestation après sa victoire par décision unanime (40-36, 40-36 et 40-36). « Ç'a été plus tough que je pensais, a reconnu le Québécois âgé de 18 ans qui affrontait un adversaire de 18 ans son aîné. Je souhaite revenir dans le ring le plus rapidement possible pour faire oublier cette mauvaise performance. Il y a eu beaucoup trop d'accrochage. »
À sa première sortie dans les rangs professionnels, le nouveau projet de l'entraîneur Marc Ramsay, le Colombien Jhon Orobio (1-0, 1 K.-O.), n'a fait qu'une bouchée d'Alejandro Medina de la Rosa (2-2) avant de l'emporter par arrêt de l'arbitre à 1:35 du 1er round. Orobio a démontré toute l'étendue de son arsenal de coups – jab, crochet et uppercut – jusqu'à ce que l'arbitre Alain Villeneuve juge que le Mexicain avait reçu suffisamment de coups et mette un terme au carnage.
En lever de rideau, Vanessa Lepage Jonanisse (4-1), qui disputait un premier combat en cinq ans et demi, a battu Princess Hairston (2-2-1) par décision unanime (40-36, 40-36 et 40-36) au terme de quatre rounds très endiablés. La Québécoise originaire de l'Outaouais et l'Américaine ne se sont pas lâchées pendant tout le duel, mais Lepage Joanisse serait vraisemblablement parvenue à l'emporter avant la limite si elle avait eu une minute de plus à sa disposition au dernier assaut.