L’année qui s’achève devait être celle de toutes les promesses, mais elle a finalement été celle de toutes les frustrations. Malgré l’émergence d’un nouveau champion du monde, la boxe québécoise a finalement laissé un grand nombre d’amateurs sur leur appétit en 2014.

Les choses avaient pourtant débuté sur les chapeaux de roues avec la présentation tant attendue du combat entre Jean Pascal et Lucian Bute, devant 20 479 spectateurs le 18 janvier au Centre Bell. Malheureusement, le résultat en a déçu plus d’un, étant donné que Pascal a outrageusement dominé Bute avant de l’emporter par décision unanime des juges.

Pascal a cependant été incapable de poursuivre sur cette lancée, puisqu’il a dû se contenter d’un duel contre le pathétique Roberto Bolonti qui s’est avéré un véritable fiasco en décembre. Incapable de rivaliser avec le Lavallois, l’Argentin a profité d’un coup au visage pendant un bris pour faire le mort et chercher une victoire par disqualification. L’arbitre Michael Griffin a finalement tranché pour un non-lieu, une décision juste dans les circonstances.

Maintenant sous contrat avec InterBox avec qui il a signé un contrat de quatre combats à la fin octobre, Pascal a maintenant rendez-vous avec le champion unifié WBA, IBF et WBO des poids mi-lourds Sergey Kovalev le 14 mars à Montréal. Mine de rien, le Québécois disputera un premier combat de championnat depuis sa défaite devant Bernard Hopkins en mai 2011.

Plus tôt en juillet, Pascal avait mis fin à une association de plus d’une décennie avec son promoteur de toujours Groupe Yvon Michel (GYM) à la suite d’une mésentente contractuelle avant un duel prévu face à l’ancien champion des mi-lourds de la IBF Tavoris Cloud le 27 septembre. Le refus de rembourser des frais d’entraînement de 50 000 $ avait mené à la mort de l’entente tripartite Pascal-GYM-InterBox annoncée en grandes pompes en avril.

Complètement méconnaissable le soir de l’affrontement contre Pascal, Bute s’est quant à lui séparé de son entraîneur Stéphan Larouche. Ce dernier croyait qu’il était préférable que le Québécois d’origine roumaine accroche ses gants, sauf que Bute ne l’entendait pas ainsi.

« J’ai 34 ans et je pense que j’ai encore des choses à donner à la boxe, avait-il déclaré pendant la conférence de presse officialisant sa séparation avec Larouche en mars. Je ne veux pas avoir de regrets. Je veux au moins me donner la chance de l’essayer dans un autre environnement. »

Après des mois de recherche, l’ex-détenteur de la ceinture des super-moyens de la IBF a recruté le réputé entraîneur Freddie Roach, mais les deux nouveaux complices n’ont pas encore eu la chance de vivre un combat ensemble. Bute s’est en effet blessé au dos pendant la préparation de son duel prévu face à Bolonti le 6 décembre au Centre Bell. Le Roumain entend toujours monter dans l’arène, sauf qu’aucun détail n’a encore été dévoilé à ce jour.

Stevenson demeure champion et Stiverne le devient

Si les dossiers de Pascal et Bute ont retenu la majorité de l’attention, il serait bête d’oublier qu’Adonis Stevenson a défendu deux fois son titre des mi-lourds du WBC et que Bermane Stiverne s’est emparé de la ceinture vacante des lourds de la même organisation.

Stevenson a battu Andrzej Fonfara en mai à Montréal et Dmitry Sukhotsky en décembre à Québec, des adversaires nettement moins connus que Chad Dawson et Cloud qu’il avait vaincus l’année précédente. Son association avec l’influent Al Haymon a ainsi été décriée par plusieurs, car le gérant américain est reconnu pour offrir des combats inintéressants aux amateurs.

Une rencontre au sommet avec le champion unifié WBA et IBF Bernard Hopkins lui a d’ailleurs glissé entre les doigts, l’Américain choisissant plutôt de croiser le fer avec Kovalev. Le Russe et Pascal s’affronteront au printemps, ce qui laisse bien peu d’options crédibles au champion québécois. Cela dit, Stevenson a été en mesure de monnayer sa ceinture cette année avec des bourses dans les sept chiffres pour ses duels contre Fonfara et Sukhotsky. De plus, le WBC a annoncé que le vainqueur du choc Pascal-Kovalev deviendra son prochain aspirant obligatoire.

Après des années d’attente - depuis juin 2011 exactement -, Stiverne n’a pas raté sa chance de mettre la main sur la plus prestigieuse ceinture dans le monde de la boxe professionnelle en battant Chris Arreola par arrêt de l’arbitre au sixième round en mai à Los Angeles.

La victoire de Stiverne n’a toutefois eu que très peu d’écho au Québec, malgré son importance dans l’histoire du noble art de la Belle Province. Il défendra son titre pour la première fois le 17 janvier prochain contre le dangereux Deontay Wilder au mythique MGM Grand de Las Vegas.

Jean et Maduma mordent la poussière; Lemieux, Alvarez et Beterbiev se signalent

Un troisième Québécois aurait pu devenir champion du monde en 2014, mais Dierry Jean s’est incliné par décision unanime devant le détenteur du titre des super-légers de la IBF Lamont Peterson en janvier à Washington. Jean a ensuite décidé de poursuivre sa carrière chez les légers, devenant champion de la NABF à son combat de retour en juin à Montréal. Après une autre victoire en septembre, il a temporairement mis sa carrière en veilleuse afin de lutter contre des dépendances à l’alcool et au jeu début novembre.

Son coéquipier chez Eye of The Tiger Management (EOTTM) Ghislain Maduma a également dû s’avouer vaincu dans un combat de la plus haute importance, Kevin Mitchell le battant par arrêt de l’arbitre dans un duel éliminatoire des légers de la IBF au Wembley Stadium en mai. Blessé à l’épaule droite pendant le choc contre Mitchell, Maduma a été contraint à l’inactivité depuis.

David Lemieux n’a quant à lui pas raté sa chance de s’illustrer sur toutes les tribunes qui lui ont été offertes, alors qu’il a passé le knock-out à Fernando Guerrero en mai à Montréal sur Showtime avant de se débarrasser de Gabriel Rosado en décembre à Brooklyn sur HBO. Le nom de Lemieux est désormais sur toutes les lèvres et il est question de combats contre l’élite des moyens. Il est devenu champion de la NABF à la suite de sa percutante victoire sur Guerrero.

Eleider Alvarez s’est signalé en se moquant de Ryno Liebenberg en octobre à Monaco pour s’emparer de la ceinture d’argent des mi-lourds du WBC. Alavarez a aussi battu Andrew Gardiner en janvier et Alexander Johnson en mai, mais ses prestations avaient laissé planer quelques doutes qui ont été entièrement dissipés après son triomphe sur Liebenberg.

C’est cependant Artur Beterbiev qui a réussi le plus important coup d’éclat en massacrant en 3:38 l’ancien champion des mi-lourds de la IBF Tavoris Cloud en septembre au Centre Bell. Beterbiev n’en était qu’à son sixième combat chez les professionnels, mais il a démontré l’étoffe d’un champion. Il a ensuite ajouté deux titres mineurs à celui de la NABA qu’il possédait déjà à la suite de sa victoire - obtenue après une chute - sur Jeff Page fils en décembre au Colisée Pepsi.

Bizier-Dan, prise 2 et l’arrivée de Zewski et Hyppolite dans les classements

Un peu plus d’un an après leur combat pour la position de deuxième aspirant à la ceinture des mi-moyens de la IBF, les carrières de Kevin Bizier et Jo Jo Dan ont fait du surplace jusqu’à ce qu’ils se retrouvent en décembre dans un duel avec comme récompense le titre d’aspirant obligatoire.

Comme cela avait été le cas la première fois, Bizier et Dan ont offert un spectacle extrêmement relevé et Dan s’est encore sauvé avec une victoire par décision partagée. Le Montréalais d’origine roumaine espère qu’il aura l’occasion d’affronter le champion Kell Brook en 2015, tandis que Bizier devra rebâtir sa confiance à la suite de ses deux défaites crève-cœur.

Ayant probablement été au bout de ce que GYM pouvait lui offrir, Antonin Décarie a coupé les ponts avec le promoteur pour se joindre exclusivement à EOTTM. Décarie a remporté les trois combats qu’il a disputés cette année et pointe au troisième rang des mi-moyens du WBC.

Mikael Zewski a fait son entrée dans les classements mondiaux en devenant champion des mi-moyens de la NABF après sa victoire sur Prince Doku fils en juin. Il a terminé l’année avec quatre victoires en autant de combats, la dernière à l’arraché par décision majoritaire sur Jeremy Bryan en décembre. Zewski a été coupé à l’œil droit dès le premier round de ce duel.

Schiller Hyppolite a également franchi une autre étape dans son développement en mettant la main sur des ceintures mineures chez les super-moyens et les mi-lourds. Il a été très actif en disputant six combats pour prolonger à neuf sa série de gains depuis sa seule défaite en 2012.

Les lourds Bogdan Dinu et Oscar Rivas ont renoué avec l’action après une année passée loin des rings. À la suite de la signature d’un contrat de trois ans avec InterBox, Dinu a gagné ses trois combats, tandis que Rivas a également savouré la victoire trois fois, prouvant qu’il était bel et bien remis de la sérieuse blessure à l’œil droit qu’il avait subie à l’entraînement.

Les premiers pas pour certains et un dernier tour de piste pour un autre

L’ancien aspirant mondial Renan St-Juste s’est lancé dans la promotion en organisant son premier événement en décembre à Repentigny et il l’a emporté contre Mohammed Akrong en finale, s’offrant ainsi une première victoire depuis celle sur Martin Avil en décembre 2013.

Après avoir relancé sa carrière en enregistrant trois gains l’an dernier, le lourd Éric Martel-Bahoéli a mordu la poussière en deux occasions cette année. D’abord contre Lucas Browne en avril à Sheffield en Angleterre, puis face à Dillon Carman en octobre à Toronto dans un combat extrêmement divertissant pour le titre vacant canadien.

L’ex-champion des super-mi-moyens de la WBA Joachim Alcine a poursuivi son petit bonhomme de chemin en obtenant deux victoires contre des adversaires inexpérimentés avant d’arracher un surprenant verdict nul à Delvin Rodriguez en mai au Stade olympique au cours d’un gala très peu couru.

Sébastien Gauthier a connu une année frustrante en devant se contenter d’un nul majoritaire contre Javier Franco en janvier au Centre Bell avant de s’incliner devant Tyson Cave en avril à Toronto dans un duel pour le titre des super-coqs de la NABA.

Sébastien Bouchard a perdu en mai à Mashantucket au Connecticut, mais sa prestation a retenu l’attention des bonzes du réseau américain Showtime. Il a ensuite renoué avec la victoire à l’occasion du gala Stevenson-Sukhotsky présenté le 19 décembre devant les siens à Québec.

Didier Bence a tenté de donner un second souffle à sa carrière en descendant chez les lourds-légers, mais après une victoire en août, il s’est incliné dans un combat pour la ceinture vacante canadienne.

Finalement, les prometteurs Yves Ulysse fils, Steven Butler, David Théroux et Custio Clayton ont tous lancé leur carrière avec succès, tandis que Stéphane Ouellet a terminé la sienne la tête haute en livrant un combat émotif en septembre au Centre Bell. Ouellet s’est incliné par décision unanime, mais a conclu la soirée sur ses deux pieds sous les applaudissements.