En politique, il y a un vieil adage qui dit qu’il ne faut jamais laisser nos adversaires nous définir.

« Fini », « usé » et plus récemment « dopé », Jean Pascal a entendu toutes les remontrances de ses détracteurs au fil des années, mais jamais il n’a envisagé qu’elles pouvaient s’appliquer à lui.

Cela fait d’ailleurs des années que des promoteurs croient dur comme fer que l’ex-champion des poids mi-lourds est rendu au bout du rouleau et qu’il servira de chair à canon pour leur protégé.

Et pourtant... Pascal continue de contrecarrer les plans d’un peu tout le monde, lui qui a vaincu le premier aspirant au titre de l’IBF Fanlong Meng vendredi soir à Plant City, en Floride. Comme Ahmed Elbiali, Marcus Browne et d’autres avant lui, Meng a subi son premier revers en carrière.

« La pire erreur que j’aurais pu commettre, c’est d’écouter ce que tout le monde disait à mon sujet, a raconté Pascal pendant une entrevue téléphonique avec RDS.ca. Je sais ce que je vaux. Dans le sport ou la vie en général, je n’ai jamais laissé l’opinion des autres devenir ma réalité.

« Cela dit, c’est un peu l’histoire de ma vie. Les gens m’ont toujours sous-estimé énormément. À l’école, je n’étais pas le plus smath ou le plus intelligent, mais j’ai toujours travaillé fort. Un jour, contre toute attente, j’ai réussi à représenter mon école à une compétition de Génies en herbes. Personne ne s’attendait à cela. Tout le monde pensait que j’étais juste bon dans les sports... »

Reste qu’en comparaison de ses précédents « retours », le pugiliste maintenant âgé de 39 ans partait d’un peu plus loin. D’abord, il ne s’était pas battu depuis près de deux ans et demi – sa plus longue période d’inactivité en carrière. Et plus important encore, il revenait d’un énorme passage à vide au chapitre personnel en raison de son test antidopage positif survenu quelques semaines seulement avant sa très lucrative revanche prévue contre Badou Jack le 6 juin 2021.

Pascal est d’avis qu’il a été mesure de surmonter ces obstacles pour deux principales raisons : son amour pour le sport, mais également un nouvel entraîneur qui l’a amené à se surpasser.

« Je crois que comme être humain, nous allons toujours apprendre. À vrai dire, le seul moment où nous arrêtons d’apprendre, c’est lorsque nous sommes morts, explique-t-il. J’ai toujours été un étudiant assidu de la boxe. J’ai toujours eu comme objectif d’apprendre et de m’améliorer. Mais j’ai toujours travaillé dans l’objectif de gagner la médaille d’or. Pas l’argent ou le bronze.

« [Mon entraîneur Orlando Cuellar] avait travaillé avec Glen Johnson et Antonio Tarver dans le passé et était donc habitué à travailler avec des boxeurs un peu plus âgés. Il possède une très belle feuille de route et avec mon expérience, nous avons réussi à combiner toutes nos forces. »

Le meilleur de tous les temps au Canada?

Dans le passé, Pascal a souvent évoqué que la boxe était « 75 pour cent mentale et 25 pour cent physique ». À la blague, il affirme aujourd’hui qu’il a revu la proportion et qu’elle est de 90-10.

Pour appuyer ses dires, l’ancien détenteur des ceintures du WBC et de la WBA affirme qu’il s’est pointé dans l’arène en sachant pertinemment qu’il avait l’ascendant sur son adversaire chinois.

« J’ai toujours été habile contre les gauchers, mais je savais surtout que j’en avais affronté des meilleurs au cours de ma carrière, a avoué Pascal. De son côté, Meng n’avait jamais affronté un boxeur comme moi. Je n’avais pas d’autres choix que de l’amener dans des territoires inconnus.

« Je lui ai montré qu’il y a différents niveaux dans la boxe. Au fur et à mesure que les rounds avançaient, j’étais de plus en plus en contrôle. Même si le début du duel n’a pas été parfait, je n’ai pas senti la moindre inquiétude, car tout cela, je l’avais déjà vécu. Been there, done that! »

Et maintenant? Difficile de prévoir la suite de choses, puisque les proverbiales options sont pratiquement toutes sur la table. Un boxeur comme lui n’aura jamais de difficulté à se dénicher des combats, mais serait-il réellement en mesure de rivaliser avec les meilleurs de la division?

« Mon objectif, c’est de bien terminer ma carrière, sur une note positive, a conclu Pascal. Je laisse cela entre les mains de mon gérant Greg Leon... si un boxeur comme Floyd [Mayweather fils] a performé aussi longtemps, c’est parce qu’il souhaitait être reconnu comme le meilleur.

« C’est ce que je veux également. Je veux être considéré comme le meilleur de tous les temps au Canada. TBE. The best ever. [Adrian] Diaconu, [Lucian] Bute... j’ai été des plus grandes affiches. »

Est-ce qu’un ultime combat de championnat changerait éventuellement la donne? Quoiqu’il en soit, Pascal devra se résoudre à laisser le soin aux autres de mesurer la valeur de son héritage.

Pascal cause la surprise et gagne par décision unanime